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Le Numéro 32 du 28 février 2013 "Sommaire"



 Article 1 : « Arômes et saveurs du thé- une dégustation réussie »


Article 2 : « Pionnier des thés fins de Chine à Paris »


Article 3 : « Les Puer – des thés de légende »


Article 4 : « Les thés en sachets, why not ?? »


Article 5 : «  L’Osmanthus et le Thé »


Article 6 : « Jingdezhen, capitale mondiale de la porcelaine »


N° 32 Art.1"Arômes et saveurs du thé-une dégustation réussie"



 Les milliers de bons thés comme les milliers de bons vins – cette comparaison s’impose-méritent d’être dégustés avec attention et savoir faire afin d’apprécier tous leurs arômes et saveurs.
Pour les grands vins la NPT manque de compétences, pour les grands thés  voici quelques conseils simples à suivre.
Notez que tous vos sens seront sollicités. Mieux  vaut donc un environnement calme pour être attentif à toutes les sensations et découvertes, généralement intéressantes et agréables.
**Ouvrez les yeux pour prendre connaissance de l’aspect des feuilles sèches, vous pouvez aussi les humer et les toucher pour apprécier arômes et  fraîcheur, écouter leur crissement ;
** une fois l’infusion effectuée   vous avez une première série d’arômes qui vous arrivent de la tasse, du couvercle, de la tasse à sentir ;
Hangzhou "tea quality institute"
**la première gorgée et là plein de sensations affluent à l’odorat et au goût
***les arômes en avant-garde, c’est l’olfaction directe, arrivent au nez
***les saveurs arrivent dans la bouche et  sur la langue, instrument incomparable pour ressentir le goût des saveurs ;
***les arômes en totalité, mais cette fois en olfaction indirecte par la voie retro nasale, qui s’expriment dans l’air qui remonte par la gorge et est exhalé par le nez ;
**et s’y ajoute le toucher dans la bouche, qui évalue la texture, la température, l’adhésion du liquide aux palais et muqueuses.
La complexité du processus est impressionnante, mais les sensations sont bien là et vous assaillent avec leur multiples facettes.

Il faut donc les relever et les enregistrer attentivement avant de prendre la deuxième gorgée.
Notez qu’en Chine le thé est dégusté dans des tasses minuscules, qui contiennent 3 gorgées ; comme les bons thés s’infusent à de nombreuses reprises vous avez droit à beaucoup de petites tasses.
Une fois toutes  ces sensations « emmagasinées » il faut pouvoir les exprimer avec des mots appropriés.
Des classements nous viennent en aide,
**la roue des arômes,
la roue des arômes

** l’ouvrage « Le Répertoire des saveurs «  de Niki Segnit qui passe en revue 99 ingrédients et établit 980 alliances de saveurs – avec, hélas !un oubli majeur : le thé.

**et puis un classement ingénieux et établi précisément pour le thé :
C’est « l’éventail des flaveurs de thé® », mis au point par Lydia Gautier,
qu’elle propose dans  son dernier ouvrage « Les 1001 secrets sur le thé » paru aux Editions Prat en septembre 2012 ;à découvrir en pages 45 et 46; notez que cet ouvrage vient d'être primé aux "cook book awards", comme le meilleur livre sur le thé en 2012. www.lydiagautier.com


dégustations notées
Cet éventail est non seulement joli et ingénieux, c’est un vrai outil de travail. Basé sur les grandes familles de thé, des thés blancs aux thés sombres, il propose des notes olfactives typiques pour chaque famille. Chaque note est ensuite assortie de plusieurs produits courants qui servent d’exemple et illustrent l’ensemble des arômes et saveurs de cette note olfactive.
Cet éventail  permet ainsi aux amateurs de thé de concrétiser  évaluations, appréciations et  sensations en les nommant et  en les notant. Cela pourra ensuite permettre  de comparer et puis d’établir un choix de préférences, une échelle de rapports prix/qualité.
N’oublions pas un dernier paramètre, une fois toutes les tasses bues : regarder, toucher et humer les feuilles infusées, leur qualité et notamment leur état d’intégrité renseignent bien sur la qualité de la cueillette.
A vos tasses et aux milliers de thés à découvrir et à décrypter! 

N°32 Art.2"Pionnier des thés fins de Chine à Paris"


Portrait de Vivien Messavant, Directeur de « Thés de Chine » à Paris.

Originaire de l’île de Hainan dans la Chine du sud il a commencé à boire du thé tout petit, sur les genoux de son père.YUN Jing Zhong, avec son nom d’origine, a ensuite fait ses études  à Taiwan. Loin de chez lui il passe les week ends dans la famille de son meilleur ami, dont les parents sont propriétaires de plantations de thé. Ainsi tout au long de l’année il observe le travail agricole et puis la manufacture du thé, qui est goûté et débattu tous les jours. Il en tire une belle fascination qui devient ensuite un projet d’entreprise.
Après son arrivé à Paris en 1982 il explore le marché en profondeur et puis, ensemble avec son ami, ils créent une société d’importations de thés d’origine en 1992. A l’époque un très ambitieux centre commercial chinois avait été installé au sud de Paris à Maison Alfort; appelé « Chinagora » il devait attirer le public français pour lui faire  mieux apprécier les produits alimentaires de la Chine, dont le thé. Toutefois la gestion n’a pas été assez dynamique et « Thés de Chine » a quitté Chinagora en 1997 pour s’installer intra muros.
Vivien Messavant avec son équipe

 Le choix de l’adresse de la maison de thé au n°20, Boulevard de Saint Germain, Paris Ve ,a visé un quartier pétri de culture, d’érudition et d’enseignement. Pour cette plus ancienne maison d’importation directe de thés d’origine de  Chine et de Taiwan cet environnement de transmission de cultures semble convenir à merveille.
Le cadre de la maison de thé est à la fois traditionnel aves ses boiseries sombres décorées de calligraphies, et élégant avec son mobilier chinois.
très grand choix




 De nombreuses vitrines proposent objets et accessoires : des grès d’Yixing aux porcelaines bleu-blanc du style Ming de Jingdezhen. (voir aussi l'article 6 de ce numéro qui évoque les fours à porcelaines  de Jingdezhen.)
très détaillé et informatif

Au départ le Maître des lieux avait l’intention d’importer uniquement des thés de Taiwan, mais la demande était vite devenue  trop importante. Maintenant, 15 plus tard, sa palette est constituée pour 70-80% de thés fins de Chine et de 20-30% de thés fins de Taiwan, principalement les célèbres Wulong de l’île. Cet assortiment important se traduit par les longues rangées de boîtes de thé qui ornent les murs du comptoir.
Intarissable pour commenter et expliquer les différents terroirs et variétés de ses thés YUN Jing Zhong prépare maintenant des cartes géographiques  des diverses provinces pour y inscrire les endroits de cueillette des thés à AOC – «  appellation d’origine contrôlée « – et à IGP- « indication géographique protégée ». Il part lui même 3 fois par an en Chine et 1 fois par an à Taiwan pour faire sur place tous ses achats de thé et d’accessoires.
Il applique toujours ses mêmes principes :
** mieux vaut manquer d’un thé en fin de saison que de ne pas avoir tout vendu dans l’année ;
**indiquer sur le tarif le lieu de la cueillette pour tous les thés à AOP et IGP.

Pour développer la connaissance des thés de Chine auprès du public et éveiller l’intérêt pour leur raffinement  Vivien a fondé en 1997 un club de connaisseurs « Vapeurs de Thé sur une Tasse Chinoise ». Limité à 40 membres ce club se réunit régulièrement dans sa maison de thé. Il en est resté Président d’Honneur, mettant ainsi tout son immense savoir à la disposition des membres.www.vapeursdethe.net
dégustation des arrivages du printemps

Parce que son approche est volontairement traditionnelle Vivien ne veut pas  de site ni de vente en ligne pour sa société mais tient à garder le contact direct avec ses clients. Toute fois il dit « Une fois que  nous avons fait connaissance, je veux bien expédier mes thés aux USA, au Japon ou ailleurs, si mon client y réside ».
Chaque printemps, de retour de Chine, il invite clients et amis à une dégustation « nouvelle récolte », une vraie fête d’une grande convivialité. Pour les visiteurs qui le désirent il est possible de préparer soi même  son thé en « Gong Fu ».  Pour les pressés il y a un petit menu de délicieuses bouchées à l’heure du déjeuner accompagné d’un thé au choix. L’infusion en petite théière blanche est renouvelée autant de fois que vous le demandez.
C’est une adresse  vraiment incontournable pour les amateurs de thé. 

N°32 Art.3"Les Puer- des thés de légende"



C’était dans les années 1980 que la Société Kawa a importé les premiers thés Puer en France.
 Ce »Tuocha » était un Puer pressé en forme d’un nid- tuo-,  150gr  de qualité standard. Donnant une tasse d’un beau rouge foncé au goût moelleux de terre et de pierre à feu ce thé était proposé par de nombreux restaurants chinois et dans les supermarchés asiatiques. Une nouveauté intéressante, d’autant plus que dés le départ la presse et la documentation lui attribuaient un effet « mange graisse » et de diminution du cholestérol ; un beau succès commercial ! Et notez, que malgré une réglementation qui interdit les allégations santé non scientifiquement justifiées et non autorisées expressément, il y a encore des thés puer qui se vendent à prix élevé à une clientèle préoccupée par une teneur en lipides trop forte.
Dans les années 2 000 arrivent les « mini-tuocha », une dose par théière, à  nouveau très bien accueillis.
les mini tuo cha

Depuis quelques années les amateurs de thé se sont aventurés dans les collines du Yunnan  et y ont exploré et découvert les Puer de terroir et tous les différents procédés de transformation.
Le très gros succès de ces thés en Chine même  et auprès des Chinois d’Outremer, à Hong Kong, Singapore, Manille ou San Francisco avait fait exploser la demande et monter les prix vers 2005 .
Une nouvelle réglementation introduite en fin 2008 par l'administration du Yunnan établit un cadre afin d’enrayer les spéculations.

15 000£ la galette

Aujourd’hui les connaissances de ces thés de légende se sont bien affirmées et plusieurs sites de grande qualité expliquent et  montrent photos à l’appuie où, quand et  comment ces thés sont manufacturés.
La NPT vous propose ici une approche systématique et simple  comme suit :
Notez que la dénomination « puer cha » ou thé puer est réservée aux thés cueillis sur les théiers à grandes feuilles – « da ye »-, dans la province du Yunnan et qui ont été transformés sur place.
Et puis toute une série de critères interviennent pour différencier :
**selon les théiers, que l’on classe généralement en théiers sauvages et  anciens, de 1 000 à 80 ans d’âge, en théiers sauvages mais jeunes et puis en théiers cultivés par l’homme en  plantations à rendement ;
**selon la période de cueillette on distingue le printemps avec la reprise après une période de dormance, l’été, et le reste de l’année,
**selon la finesse de la cueillette, bourgeons seulement, et une ou plusieurs  feuilles,
**selon les terroirs, à l'intérieur des 3 secteurs qui sont Lincang, Simao et Xishuangbanna,  qui peuvent être un village, une colline, une forêt, quelques arbres d'une famille.
Suit un tronc commun des premières étapes de transformation, qui sont les mêmes, »de l’arbre au thé brut, « mao cha », et donc : court séchage-repos, séchage chauffé au wok ou mécaniquement afin de des enzymer, aèration, roulage de mise en forme, séchage final :
et puis une grande "bifurcation" , car le "mao cha"  peut être  transformer
***soit en puer vert ou » sheng puer »
***soit en puer mature ou « shu puer »  .
shu et sheng
Le puer vert ou « sheng puer » sera un mao cha laissé à se bonifier soit en feuilles soit compressé en galette ; il offrira des saveurs riches, complexes, parfois astringentes mais souvent pétillantes et  la tasse sera  très pale ; jadis on  laissait le sheng puer se bonifier pendant 20 ,30 ans et plus pour obtenir des tasses exquises ;
Le puer mature ou «  shu puer » est obtenu en soumettant le mao cha à une « post fermentation » , on l’empile, le  mouille et le met sous bâche pendant 20 à 40 jours, ce qui transforme la chimie des feuilles, les rend de couleur foncée et donne des saveurs terreux, d’humus, de sous bois,mais  moelleux et doux avec une tasse d’un brun orangé.
Ce schéma cherche simplement  à mieux cerner les grands critères de différentiation sans toutefois rentrer dans les détails.
Il y a dans les Yunnan
de très grandes entreprises qui produisent des puer industriels de qualité,
des petites structures avec des petites  usines traditionnelles,
les villageois qui parfois façonnent  leurs cueillettes artisanalement et à la demande.
galettes de thés sauvages

Le choix est incroyablement vaste et intéressant.
Les amateurs de thé se laisseront guider par les descriptions des produits que l’on trouve sur les sites vendeurs et jugeront ensuite selon leurs préférences gustatives.
C’est sans doute le marché français qui offre aujourd’hui le plus riche assortiment de thés  puer aux consommateurs occidentaux.

N°32 Art.4"Les thés en sachets, why not?"



 Cela fait déjà plus de 100 ans que les " pochettes à thé" ont été inventées et le brevet pour ces pochettes en soie cousues à la main  date de 1903.
Au départ cet emballage individuel pour des petites quantités visait la présentation d’échantillons, destinés aux marchands de thé. L’utilisation régulière de ces pochettes comme outil de vente est attribué à Thomas Sullivan, qui les introduit à New York en 1904.
Alors que les pochettes servaient d’emballage pour le transport, certains clients les infusaient, par mégarde, telle quelle, se servant ainsi du tissu comme d’une passoire ; c’était bien trop pratique pour ne pas être développé et exploré  par la suite.
En 1930 William Hermanson dépose le brevet pour un sachet en papier et  thermo scellé à Boston et en 1944 naît le sachet rectangulaire en papier.
C’est en 1953 que la maison « Tetley’s » commercialise la première son thé en tea bags  au Royaume Uni  où , dans les années 1960 , les sachets gagnent du terrain dans la vente au détail  , pour arriver ensuite en France et sur le continent dans les années 1970.
une "pyramid bag" éventrée


Une nouvelle étape vers une plus grande qualité du contenant est franchie en 1996, lorsque « PG Tips », une marque appartenant à Unilever, lance la « pyramid bag ».Non seulement transparente elle  offre un volume agrandi de 50%  pour le déploiement des feuilles.
Au fil des années les matières et les volumes de ces emballages à infuser ont singulièrement évolués et aujourd’hui il y a des thés en feuilles de qualité qui sont vendus ainsi.
bien pratique et délicieux


La NPT propose donc de faire un point de cette situation
**pour souligner qu’en 2011 plus de 40% de la production mondiale de thé a été commercialisée comme CTC- « thé haché »
**pour rappeler  que la praticité du sachet reste de ce fait  incontournable  dans ces grands marchés consommateurs de thés CTC
**pour constater que la qualité des sachets s’est énormément améliorée et que certains sont même faits sur mesure pour des thés fins, qu’il s’agissent de brisures de Darjeeling ou de  thés verts de Chine en feuilles par exemple.
des tasses excellentes


De nombreux thés fins peuvent donc aujourd’hui s’accommoder d’un tel emballage à infuser sans perdre en saveurs ; il faudra toute fois en payer le prix puisque vous aurez à la fois confort et qualité !

Il y aura toujours des thés qui ne pourront pas se plier aux sachets, car leurs feuilles prennent trop de volume  en se hydratant, comme les thés Wulong par exemple , mais cela restera l’exception.

Bien sur c’est l’amateur de thé qui choisira en fonction de son temps et de son choix d’accessoires ; mais de nos jours il ne semble plus nécessaire de rejeter les  « tea bags » par principe et parce que jadis, il est vrai , ils contenaient seulement les rebuts de thé, voir  brisures et poussières.
cubes infuseurs faits sur mesure en Chine pour thés fins en feuilles


Notons aussi au passage que les sachets en France pèsent généralement 2gr, alors qu’Outre Manche c’est toujours 2,5gr.
pochettes "géantes" pour thés fins en feuilles

Petit conseil : lors d’un premier achat de thé en sachet il est intéressant de l’ouvrir après avoir infusé la tasse pour voir ce qu’il a dans « le ventre » !

N°32 Art.5" L'Osmanthus et le Thé"



Par Dominique Cairol 

Vous n'avez jamais entendu parler de l'Osmanthus ? C'est tout à fait normal, si vous n'êtes pas encore allé en Chine ou au Japon !  Parmi les différents thés parfumés qui existent depuis les temps anciens, le thé parfumé aux fleurs d'osmanthus est une référence en Chine au même titre que le thé au jasmin. 

A la découverte de l'Osmanthus
 L'Osmanthus est cultivé en Chine depuis plus de 2.500 ans, les fleurs étant largement utilisées pour aromatiser le thé, le vin et les sucreries. Il fait également partie de la pharmacopée chinoise. La très belle et très touristique ville de Gui-Lin (en traduction" forêt d' Osmanthus") est nommée ainsi du fait de la présence importante d’osmanthus dans les jardins et comme arbre d'alignement, baignant toute la ville d'un parfum suave pendant la période de  floraison. L'Osmanthus joue un  rôle important dans les cérémonies traditionnelles chinoises comme  symbole d'amour et de romantisme.
osmanthus fragrans

Un peu de botanique
Le nom de genre d'Osmanthus provient du grec « osma » odeur et « anthos » fleur. Il fut décrit pour la première fois par João de Loureiro, un missionnaire  jésuite portugais dans la Flora Cochinchinensis, publié en 1790 (1) qui décrit des plantes du Vietnam, de Chine et du Mozambique. L'Osmanthus fut introduit en  Europe par le botaniste français Jean Delavay au milieu du 18ième siècle.
L'Osmanthus, de la famille des Oléacées 
( de la même famille que l'olivier, il est parfois appelé olivier odorant et aussi olivier à thé),  
est un genre, qui comprend  32 espèces, originaire des régions tempérées et subtropicales de l'hémisphère Nord. Ce sont des arbres ou des arbustes. Les feuilles sont persistantes entières ou dentées .Les fleurs sont généralement blanche ou crème et diffusent une odeur suave. Les fruits sont ovoïdes ou globuleux à noyau dur.
Certains Osmanthus, comme l'Osmanthus heterophyllus, sont rustiques à Paris ils forment des haies odorantes denses lorsqu'elles fleurissent en septembre octobre.(2)
L'Osmanthus fragrans est celui qui nous intéresse par rapport à son utilisation et sa consommation.Son aire de répartition va de  l'Himalaya (où on le trouve entre 1.200 et –3,000 m d'altitude ) à la Chine, l'Indochine et le sud du Japon. Il est aussi cultivé couramment en Chine, à Taïwan et dans le sud du Japon.
tri des fleurs à Guilin

Description
Dans la nature c'est un arbuste érigé ou un petit arbre mais qui peut atteindre 12 mètres dans son milieu d'origine. Son feuillage coriace vert brillant et ses fleurs de blanche à blanc crème  insignifiantes (fin d’été - début d’automne) ont une odeur acidulée fruitée pouvant rappeler celle du d'une pomme ou d'une pêche abricotée ou du jasmin.
Un exemplaire est visible au jardin botanique de la villa Thuret à Antibes.
L'osmanthus fragrans var. Aurantiacus, a des fleurs oranges mais surtout un parfum très puissant. Ses fruits bleutés de 10 à 12mm sont comestibles.
la variété "aurantiacus"












Ses utilisations
Pour le thé et les tisanes
Traditionnellement les fleurs séchées d'Osmanthus sont mélangées au thé, noir, vert mais aussi à l'oolong et au thé blanc, pour créer différentes saveurs. Le résultat olfactif est similaire au thé au jasmin, mais moins accentué et plus fruité. Cependant il faut reconnaître que son appréciation par les consommateurs européens est très partagée.
Le fleurs d'osmanthus sont parfois ajoutées dans les "fleurs de thé" et 
on peut réaliser différentes compositions  :
·      Osmanthus, thé noir, pétales de roses, fleurs de lavande
·      Osmanthus, thé vert, cardamone, une tranche d'orange
encore plus d'arômes et de goût 



Pour la cuisine:

La cuisine chinoise  utilise ces fleurs pour faire une confiture très parfumée et des biscuits   sucrés, ainsi que des ravioles. Il y a même une recette de lapin à l'Osmanthus.

On trouve aussi des sachets de sucre agrémenté avec des fleurs séchées pour usage culinaire.
La confiture d'Osmanthus entre dans la composition d'un  gruau fait avec de la farine de sorgho ou de millet, et du sucre. C'est un plat  typique de la ville de Tianjin située dans le nord de la Chine.
Dans la région de Guilin on commercialise du vin d'Osmanthus.

En médecine
L'Osmanthus fragrans a une longue histoire d'utilisation dans la médecine chinoise. De nombreux produits sont issus des différentes parties de la plante : fleurs, écorce, racine.
On attribue de nombreuses propriétés à cette plante : notamment d’être  antitussive, antirhumatismale, antifongique, antimicrobienne.
L'écorce et les racines de la plante sont également utilisées dans le traitement de la toux chronique, la rétinite, la dysménorrhée, les rhumatismes et les furoncles.
L'Osmanthus est réputé réduire le stress et induire la bonne humeur. Les fleurs  sont utilisées principalement pour masquer le goût désagréable d'autres plantes médicinales.
L'huile essentielle obtenue des fleurs est utilisée comme répulsif pour les insectes. Les fleurs peuvent également être utilisées pour ces fins, en les plaçant dans les vêtements.

Pour la parfumerie
Il est intéressant ici de faire le lien entre thé et parfumerie. En effet l'intérêt de l'Osmanthus dans le thé est lié en grande parte à la présence de composés volatiles ; ainsi certains consommateurs appréciant surtout le parfum s'exhalant d'une tasse de thé à l'Osmanthus.
Des analyses chimiques récentes ont montré la grandes variété de composés volatiles dans les huiles essentielles (importance des  1,2-epoxylinalool, β-linalool, 5-ethenyltetrahydro-α,α,5-trimethyl-2-furanmethanol et β-ionol, comptant pour 15.32%, 11%, 10.89%, et 5.73%, respectivement).(3)
Les extraits  alcoolisés (absolue) d'Osmanthe sont habituellement préparés à partir de la variété orange (Osmanthus fragrans var aurantiacus). Cette absolue est très précieuse et utilisée dans les parfums les plus chers (il entre dans la composition notamment des parfums de Ralph Lauren, Azarro, Élizabeth Arden, Calvin Klein ).

Si vous voulez en savoir plus 
(2 )Collectif- 1991- Le bon jardinier. Tome 3. 153ème édition. La maison rustique. Flammarion. Paris.
(3) Chun-Di Hu 1,2, Yi-Zeng Liang 2,*, Fang-Qiu Guo 2 , Xiao-Ru Li 2 and Wei-Ping Wang 2010 Determination of Essential Oil Composition from Osmanthus fragrans Tea by GC-MS Combined with a Chemometric Resolution Method.Molecules 2010, 15, 3683-693;doi:10.3390/molecules15053683.

N°32 Art.6"Jingdezhen, capitale mondiale de la porcelaine"



 Depuis le début de notre ère, sous la dynastie des Han de l’Est (de l’an 25 à l’an 220) une production artisanale de céramiques s’est développée dans une agglomération urbaine nommée alors Xinping , au nord ouest de la province du Jiangxi. Située au centre d’un dense réseau fluvial cette localité est riche en gisements de kaolin,  matière première indispensable des potiers. Les progrès techniques ont permis de franchir le pas de la production de  céramique vers la production de porcelaine dès la dynastie Song (960 à 1279).
pour situer 
C’est l’empereur des Song, Zhaosheng, du nom de règne « Jingde »qui a décrété en l’an 1004 que désormais toute la porcelaine destinée à la cour impériale sera produite dans cette ville. 
Renommée« Fuliang » à l’époque, la ville a été rapidement rebaptisée et est connue depuis comme Jingdezhen, « la ville de Jingde «  et ce nom est resté inchangé à nos jours.
Le travail intense et la renommée des nombreux fours de Jingdezhen a prospéré ensuite sous la dynastie des Yuan (1271 à 1368) et pris un essor encore plus important sous les Ming (1368 à 1644) avec les célèbres porcelaines «  qing-bai », ce qui veut dire : blanc- bleuté et puis les porcelaines « yin-qing »,ce qui signifie bleu-nuageux, une des glaçures particulières développée à Jingdezhen.
C’est sous les Qing (1644 à 1910) qu’une suite d’administrateurs très talentueux s’est employée à favoriser les recherches de nouvelles technologies afin d’élargir les nuances des tons et visant la mise au point de nouvelles palettes de couleurs.
La beauté des porcelaines atteint un apogée sous le règne de l’empereur Kangxi (1622 à 1722) , qui était contemporain de Louis XIV. C’est aussi depuis le règne de Louis XIV que les importations de porcelaines de Chine, appelées « Chine de commande », ne cessent de croître.
Qing, musée Flagstaff à HongKong

Appelées « famille verte » et « famille rose » selon leur tons de couleur dominants ces porcelaines ne devaient  manquer sur aucune des  tables élégantes et princières en France. Présentées principalement comme théières et coupes ces vraies œuvres d’art étaient bien évidemment tous décorées et peintes à la main.
Les nouvelles techniques ont porté le nombre de couleurs de trois : rouge, vert et jaune à cinq, en ajoutant le bleu et le noir : c’était donc des pièces « wu-cai » , à cinq couleurs.



Une autre glaçure typique a été développée sous le règne de Kangxi, les pièces « ying- cai » aux couleurs de brillance éclatante.
Qing, musée Flagstaff

De nombreux musées en Europe en possèdent de belles collections  et les expos « le Thé » à Guimet et « Saveurs du Palais «  au Quai d’Orsay ont montré quelques unes de ces merveilles.
Avec une demande soutenu sur le marché domestique même, les manufactures de Jingdezhen ont augmenté leur production mais aussi leurs prix.



pièces de Jingdezhen contemporaines  chez "Thés de Chine"

NB : Chez « Thés de Chine » on peut encore trouver des belles théières et coupes, toutes peintes à la main, que Vivien Messavant a su acheter judicieusement dans les stocks  il y a déjà quelques années et qui sont de ce fait restées  abordables.
et toutes peintes à la main