Pour voir les derniers numéros cliquez sur ce lien ci-dessous

Le Numéro 56 du 31 décembre 2015: le Sommaire



Article 1) : "Les Thés de l’Afrique, un tiers des exportations mondiales".


 Article 2) :" L’industrie brésilienne du Erva Mate",
                  Portrait de Juliana Montagner, Directrice Générale chez Ximango Ltda.


 Article 3) :" Les Thés de la Province du Hubei, RP Chine".


Article 4) : "Le Calendrier 2016 des Expos Thé, Salons etc."


 Article 5) :" Le Mate, un vrai Cousin du Thé."





Article 6) : "Le Gong Fu Cha, l’Art de préparer le Thé" .

N°56 Art.1 "Les Thés de l’Afrique, un tiers des exportations mondiales".

Pour rappeler : l’Afrique est le berceau du café, qui est originaire des grands forêts de l’Ethiopie et des plaines du Congo et par ailleurs le plus grand producteur de cacao du monde, assurant 72% du volume globale en 2014.
Le thé a été apporté à partir du milieu du 18 e siècle, par des colons, allemands et hollandais d’abord, qui l’ont souvent planté pour leurs tasses personnelles. La culture commerciale du thé à grande échelle a été lancée par les Britanniques,  selon les annales c’était au Malawi en premier, vers 1890. Vers 1900 des tentatives de plantations ont lieu en Uganda et au Zimbabwe puis au Kenya un peu plus tard, suivi par la Tanzanie. Les Portugais introduisent le thé au Mozambique vers 1920, voyant les belles récoltes au Malawi, de l’autre côté de la frontière.
l'Afrique de l'Est, le coeur du thé

Vers 1950 le thé arrive au Cameroun et thé et café sont introduits par l’administration belge au Rwanda, Burundi et Congo. Des planteurs hollandais introduisent le thé en Afrique du Sud vers 1964, et en 2006 la première plantation de thé est crée en Ethiopie. Cela fait 12 pays  du continent africain, qui produisent aujourd’hui du thé. Il convient d’ajouter à cette liste les îles de Madagascar, St. Maurice et La Réunion, où le thé a été introduit par des gouverneurs français depuis 1840, ensemble avec la vanille, le cacao et le café.
Depuis, entre 1961 et 1963, tous ces pays sont devenus indépendants et sont devenus des nations avec leurs propres constitutions. Cette mutation a été suivie de nombreux conflits, souvent suite aux nouvelles frontières parfois tracées de manière trop arbitraires. De longues années de souffrance et d’instabilité politique, qui  ont laissé des traces, avec des baisses de production, des récoltes perdues, des plantations abandonnées. Depuis une vingtaine d’années la stabilité est de retour et les prix à l’exportation des matières premières agricoles sont à nouveau plus rémunérateurs.
 La production de thé de l’Afrique a augmenté de + 36% depuis 2003 et se monte à 666.000 tonnes en 2014.Cela représente  près de 13% de la production mondiale et 34% des exportations mondiales de thé en 2014, une contribution significative.
Parmi les producteurs de thé de l’Afrique six pays apportent 95% du tonnage, le Kenya, l’Uganda, le Malawi, la Tanzanie, le Rwanda et le Zimbabwe.

Les autres, qui produisent moins de 10.000t par an chacun, sont le Burundi, l’Ethiopie, le Mozambique, le Cameroun, l’Afrique du Sud, l’Ile Maurice, avec une production minime et non chiffrée à Madagascar et à La Réunion.
un thé blanc de Kangaita

Ces thés Africains sont pour leur grande majorité produits au départ à partir de matériel botanique importé de l’Inde et du Sri Lanka, généralement fourni sous forme de graines de thé par les jardins royaux britanniques. Pour améliorer le rendement, l’adapter aux différentes zones climatiques, selon les saisons des pluies notamment, la composition des sols, les vents et les altitudes les chercheurs agronomes ont commencé à expérimenter dés les années 1950, en observant de près et en faisant de nombreux croisements.  Cela a permis à la Tea Research Foundation- TRF-  du Malawi, le plus ancien organisme de recherche sur le thé en Afrique, de développer plus de 30 cultivars, tous très appréciés localement et aussi dans les plantations des pays voisins. La TRF du Kenya n’est pas en reste, en travaillant à améliorer la résistance des plantes aux petites gelées  et à la sécheresse, tout  en innovant. Ainsi le dernier cultivar, élaboré au cours de plus de vingt ans et finalement mis sur le marché en 2013 : le thé pourpre, obtenu par le croisement d’un camellia assamica X camellia irrawadiensis. Magnifiques feuilles, mais tasses  encore un peu amères, le travail continue.

A noter que les thés africains sont principalement des thés noirs CTC, qui conviennent au marché britannique d’abord et puis aux Russes et au Moyen Orient. La demande reste ferme pour ces thés de qualité solide, aux tasses bien colorées, robustes et très rarement astringentes. Réputés par ailleurs pour l’absence de pesticides et un environnement très naturel, ces thés sont en grande partie utilisés pour des assemblages, et c’est rare de trouver des thés africains  d’origine et de terroir sur nos marchés occidentaux. Depuis le retour spectaculaire de la Chine sur le marché du thé il y a environ 25 ans les consommateurs ont ré-découvert les 6 familles du thé, dont les thés verts, wulong et sombres et aussi la multitude des thés d’origine et de terroir, une sorte de révolution. Les pays producteurs de thés noirs  ont depuis tous cherché à se joindre au mouvement et à diversifier leur offre en développant quelques thés fins. Cela ne peut pas se faire en « claquant des doigts » mais nécessite un matériel botanique et de manufacture adaptés, des terroirs appropriés  et  un savoir faire que l’on ne peut se procurer facilement. Beaucoup de travail a été investi,  des échanges et de la coopération ont été mis en route, et depuis quelques années  on trouve dans chaque pays africain quelques plantations qui proposent de petits volumes de nouveaux  thés fins de grande qualité.

Quelques uns pour mémoire : les thés blancs, wulong et sombres  de Satemwa, plantation de la famille Kay au  Malawi, les thés bio noirs, verts et blancs de  Sorwathé, au Rwanda,  les thés et plantes à infusion bio de  Luponde, en Tanzanie, le thé blanc de Kangaita, au Kenya, les thés verts et bio de Kahangi, en Uganda….
Cela mérite un franc applaudissement de la part des consommateurs, heureux et curieux de découvrir ces tasses et qui se doivent d’encourager et de soutenir cette démarche.

Voilà une idée pour l’année 2016 : découvrir les nouveaux thés de spécialité du continent africain et les partager entre amateurs amis.

N°56 Art.2 "L’industrie brésilienne du Erva Mate "

Portrait de Juliana Motagner, Directrice Générale chez Ximango Ltda.
 Dans l’Etat du Rio Grande do Sul, le plus méridional du Brésil, bordé par l’océan Atlantique, l’Argentine et l’Uruguay, se trouve le centre de la culture du mate. En remontant la vallée du Taquiri, à 200 km environ de Porto Alegre, après Lajeado, on arrive à Ilȯpolis le cœur des près de 31.000 ha plantées de l’Etat RS, en petite partie encore forêt sauvage, le restant planté par l’homme depuis environ deux ou trois générations.

 IBRAMATE, l’Instituto Brasileiro da Erva-Mate, chiffre à 433.635 tonnes la production brésilienne en 2013, reparti entre le Rio Grande do Sul : 43%, le Paranà : 45% et Santa Catarina : 12%. www.ibramate.com.br

Dans les cantons d’Ilȯpolis et d’Arvorezinho sont installées une dizaine d’unités industrielles, qui transforment les feuilles et branches récoltées soit  par les fermiers sur des terres qui leur appartiennent en propre, soit par des ouvriers agricoles sur les terres des industriels. Crée par Valcir Montagner, dont les grands parents sont arrivés de l’Italie du Nord au siècle dernier, la Société Ximango Industria de Erva Mate Ltda. est parmi les plus grandes et les plus anciennes.
des feuilles jusqu'au  chimarrao 

 L’usine est actuellement en cours d’agrandissement, preuve que le marché est porteur et  occasion pour innover. Juliana Montagner, ingénieur agronome et diplômée de gestion et de marketing, a rejoint la société de son père après un superbe début de carrière en Italie " à trente ans j’ai voulu rentrer dans mon pays, et appliquer mon savoir faire et mes idées dans la belle entreprise de mon père  à une condition : qu’il m’accorde les pouvoirs nécessaires" dit cette belle jeune femme blonde ultra dynamique avec un grand sourire….."et il m’a ouvert grandes ses portes, heureux de mon retour".
Juliana au stand de la Ximango avec un vendeur

Dans cette région rurale la vie est douce, les villes sont petites et groupées autour de grandes églises, on se parle souvent en italien ou en allemand, la majorité des habitants sont originaire de familles arrivées de l’Europe depuis plusieurs générations. Le dimanche Juliana répète  avec les enfants des fermiers qu’elle a regroupés dans une chorale à l’église : on ne peux pas faire 10 pas avec elle dans la rue, sans qu’un enfant ne lui saute au cou. Arrivée au bureau elle retrouve une superbe autorité et explique les dernières innovations dans le processus de fabrication : Ximango vient d’installer un nouveau tunnel de séchage, développé en Argentine, qui est alimenté en bois broyé, à la place des gros troncs habituels, ce qui a presque totalement éliminé la fumée, assure une température de chauffe continue et  sans à pics et permet un séchage plus en douceur et sans agglomération des feuilles et branches, il y a de ce fait économie d’énergie, moins d’émission de CO2, une meilleur qualité du produit travaillé . Les murs de la salle de stockage sont doublés en lattes d’araucaria, ce qui stabilise la température et accélère la maturation du mate brut ; 
une nouvelle chaîne d’emballage permet l’ensachage du produit fini sous vide, doublant ainsi la durée du stockage, mais, hélas, dit elle , cette automatisation a remplacé quelques postes de travail. Dans la salle de réunions sont affichés les nombreux certificats de qualité, prix et autres trophées. Parmi ces cadres une photo du Pape François, qui tient un paquet de Mate Ximango entre ses mains, cadeau remis lors de son accueil au Brésil. Par ailleurs Juliana explique que l’arbre à mate est un bon dévoreur de CO2, avec 1ha d’arbres standards  capturant environ une tonne de CO2 ; seulement une partie des plantations qui appartiennent à  Ximango est utilisée pour compenser les 504,6 t émises par l’usine, l’entreprise est donc certifiée « carbon neutral » et elle a du crédit carbone  à vendre.
Juliana a de nombreux projets de diversification, et c’est vrai que l’on trouve déjà des alicaments et des  cosmétiques au mate sur le marché. Juliana s’intéresse aussi énormément aux thés de toute sorte et elle étudie la plante, sa culture, ses propriétés et ses tasses, pour voir comment tirer avantage des très nombreuses similitudes et convergences entre le camellia sinensis et ses variétés  et les ilex paraguariensis, dont on a déjà classifié plus de 60 variétés dans les forêts et plantations. Ainsi son père explore et enregistre depuis de longues années  les différences botaniques, comme la taille et les nuances de couleur des feuilles  ainsi que la sapidité et les notes de saveur du breuvage. Ces observations les ont convaincus que le meilleur goût est obtenu des récoltes provenant d’arbres qui poussent dans un rayon d’une trentaine de km autour d’Ilȯpolis, où se trouve encore un stock important d’arbres originels. 
entourée de confrères 
Ces constats ont incité Juliana d’explorer une approche IGP – Indication Géographique Protégée- pour cette région de production, qu’elle considère comme patrimoniale. Elle s’est par ailleurs fortement  investie au sein de la   fédération professionnelle  de la filière,  la première femme dans ce rôle de leader, et on l’écoute fort bien, « car elle connaît parfaitement ses dossiers et ses idées sont toujours innovantes ».
Un pays aux grandes espaces, avec une agriculture intéressante et une population jeune et dynamique, en somme un marché immense où il y a de la place pour de nouvelles idées, Juliana ne regrette pas d’y être retournée.


N°56 Art.3 "Les Thés de la province du Hubei "


 Située au cœur de la Chine la Province du Hubei est traversée par le Chang Jiang, ou Yang Zi, sur plus de 1.000 km.  C’est en amont de Yichang que débute l’immense retenue d’eau du barrage des Trois Gorges, qui s’étend sur 600 km et remonte jusqu’à Chong Qing. Jadis les provinces actuelles du Hubei, Hunan et Jiang Xi constituaient  une immense région appelée le « Moyen Yang Zi », et qui s’étendait  sur 557.000km², aussi grande que la France, et qui est actuellement peuplée de plus de 180 millions d’habitants.

Cela fait des siècles que l’on cultive le thé au Hubei, et LU YU, qui est né vers 733 AD, dans l’actuelle sous préfecture de Tianmen , pas loin de Wuhan, évoque ces collines couvertes de théiers. En 2014 le Hubei figure au 4e rang des provinces théicoles  avec une récolte totale de 184.200 t , précédée par  le Fujian en n° 1, et puis par le Yunnan et le Sichuan.
A cheval sur les deux régions  théicoles : Jiangnan et Jiangbei, respectivement au sud et puis au nord du fleuve, le Hubei est soumis à un climat déjà plus frais en hiver, et on y cultive aujourd’hui principalement des thés verts pour les marchés de grande consommation. Comme on peut voir sur les photos toutes récentes de Xinhua, l’on  fait appel à la récolte mécanique dans les nouveaux jardins en plaine.
prés de Yichang, photo Xinhua 2015

Jadis plusieurs régions étaient très réputées pour leurs thés de terroir,cultivés sur certaines  collines et puis en altitude, en flanc des divers chaînes montagneuses  qui bordent la province : le WuShan à l’Ouest, la chaîne des  DabaShan  au Nord, les TongbaiShan vers le Henan, les DabieShan à l’est , faisant bordure avec le Henan et l’ Anhui, les MufuShan vers le Hunan et le Jiangxi , et puis le Mont Wudang et le Shennongjia, des massifs dans le nord ouest du Hubei.
Nombreux sont les thés régionaux et de terroir , qui ont acquis au fil des siècles une grande réputation pour leur qualités spécifiques, pour citer notamment :
**Le Enshi Yu Lu, un thé vert très recherché pour sa finesse, de la préfecture de Enshi, récolté sur le Wufeng Shan cueilli par les minorités Miao et Tujia. Aussi tôt des enzymé à la vapeur, comme les thés verts japonais, on le surnomme "le gyokuro chinois" et il est surtout venu à l'export ;
un Enshi Yu Lu dégusté à Wuhan

**Le Yi Hong Gong Fu, un grand thé noir, qui pousse sur des collines entre la ville de Enshi et celle de Yichang ; crée sous le règne de l’empereur des Qing Daoguang (1820-1850) il est cueilli au printemps et passe par plusieurs étapes de roulage et d’oxydation ; travaillé ensuite à la main pour les grades les plus fins, il y a en une vingtaine en tout! ce thé est recherché pour la grande finesse et les notes fruitées de la tasse.


**Le Qing Zhuan Cha, un thé sombre en forme de brique, traditionnellement produit dans le comté 

dégustation d'une petite brique
de Xianning, cueilli sur des théiers sauvages qui poussent sur les pentes du MufuShan. On considère que ce thé remonte à la dynastie des Ming, il est établi que sa fabrication industrielle et à grande échelle a été lancée dés  les années 1700, pour l’export vers la Russie. La fabrication de ces briques est complexe, puisqu’elle consiste à assembler plusieurs couches de thés, laissés à mâturer pendant 2 ans , qui vieillissent ainsi naturellement, en les compressant ensuite dans des moules sous une chaleur humide, pour les laisser alors reposer à nouveau pendant 6 mois, avant de les emballer pour le transport et la vente. Ce thé s’infuse longtemps, 10 minutes environ, et donne des tasses roboratives  d’une belle couleur  orange.
** le Chibi Mizhuan Cha, un the noir en briques, fabriqué à partir de feuilles oxydées et puis broyées en particules de la taille d’un grain de riz, d’où son appellation ; c’est le produit le plus connu de la manufacture de Zhaoliqiao , à Chibi, dans le comté de Xianning. La tasse se prépare avec une eau bouillante, laissée à infuser une dizaine de minutes ; cette tasse puissante s’agrémente bien de lait, qui fait ressortir son goût sucré et des notes fruitées de dattes.

De création récente il convient d’évoquer
**les thés du Wudang Shan, récoltés sur les pentes de la célèbre montagne taoiste, berceau du Taiji Quan, où se trouvent de nombreux temples et monastères; ces thés sont présentés par la société "Hubei Wudang Taoist Tea Development Co."
le thé noir taoiste de Wudang http://zgwddcw.com

**les thés de Shennongjia, plantés dans un paysage spectaculaire, près de ce grand parc naturel, sont produits par la société "Wuhan Huanghelou Tea Co"
thés de Shennongjia 13807180377@139.com





N°56 Art.4 "Le Calendrier 2016 pour Expos, Salons et autres événements Thé ".

Vous êtes nombreux à étrenner un nouvel agenda en début d’année et cela pourra être intéressant de noter des dates dés maintenant. 

SIAL 2014

En 2016 le SIAL se tiendra à Paris et sans doute la présence de sociétés productrices de thé sera à nouveau importante. Pour les lecteurs professionnels il est rappelé que le Congrès des Torréfacteurs de France accueille depuis plus de 10 ans de très nombreuses sociétés du thé, qui y trouvent une plateforme tout à fait intéressante pour rencontrer détaillants,  HORECA et collectivités.

Ce calendrier sera complété au fil des événements annoncés.


 en janvier 2016 :
du 15-17: India Internati.Tea&Coffee expo, IITC, Kolkatta, Inde,www.teacoffeeexpo.in  











 en février 2016 :
 du 11 - 15 : 11th HORECA, Athènes, Grèce, www.horecaexpo.gr
en mars 2016 :
du 1-3 : RUCTIE, Moscou, Russie, www.unitedcoffeetea.ru
du 29/03 au 01/04 :Expo Coffee&Tea/Hotelex, Shanghai, RPC, www.hotelex.cn
en avril 2016 :
du 5-7 : 7e Global Dubaï Tea Forum, Dubaï, E.A.U. www.globaldubaiteaforum.ae
du 12-15: Food & Hotels Asia 2016, Singapore, www.foodnhotel.asia.com/2016/
en mai 2016 :
le 5 mai : l’annuel Tea Trade Dinner, à Londres,  Royaume Uni, sur invitation 
du 10-12 : Tea&Coffee World Cup, Cracovie, Pologne, www.tcworldcup.com
du 13-15:6eWorldO-Cha (Tea)Festival, printemps, Shizuoka, Japan, www.o-cha.net/japan
du 19-21: China Internat.Tea Expo, Shanghai, RPC 10times.com/china-tea-expo  
du 25-29 : World of Coffee & Tea, Bangkok, Thaïlande www.world-of-coffeeandtea.com   
date en attente: FAO IGG Tea, au Kenya
en juin 2016:
du 15-17: World Tea Expo, Las Vegas, USA, www.worldteaexpo.com
du29/06 -01/07: Guangzhou International High End Tea Expo, Canton, RPC, www.teafair.net
en août 2016:
 du 11-13 : Hongkong International Tea Fair, Hong Kong,  RP Chine,  www.hktdc.com ,  
en septembre 2016 :
du 07-09 : COTECA- Coffee/Tea/Cocoa, Hambourg, Allemagne, www.coteca-hamburg.com
du 18-19:Congrès des Torréfacteurs de France, Nantes,  France www.comitefrancaisducafe.fr

du 21-24 :Global Tea&Coffee expo/China Tea Fair, Shanghai, RPC
en octobre 2016:
du 16-20: SIAL, Paris, France, www.sialparis.fr
du 20-24. : 7e International Tea Industry Fair, Xiamen, RPC www.teafair.com.cn , 
du 27-30:6e World O-Cha (Tea)Festival automne, Shizuoka, Japan, www.o-cha.net/japan
en novembre 2016:
du 9-11: Tea and coffee China, Shanghai, RPC, fhc@chinaallworld.com



N°56 Art.5: "Le Mate, un vrai cousin du Thé"

Bien qu’il appartient à une famille botanique différente des camellias, qui est celle des houx, ou ilex, le mate a de très nombreux aspects en commun ou très similaires au thé.
Les plus évidents : leur feuillage vert brillant et persistant, riche en caféine et contenant de nombreuses substances bénéfiques pour la santé. Le mate est aussi réputé pour son effet coupe faim, d’où l’allégation fréquente "silhouette fine".
des arbres mate à Ilopolis

Les deux se consomment dans leur pays d’origine depuis la nuit des temps, comme breuvage incontournable et  quotidien des populations tribales qui les récoltent dans leurs grandes forêts : les Indiens Guarani en Amérique du Sud, les populations sino-birmanes du Yunnan et des contrées adjacentes.
Les deux ont par la suite été domestiqués par l’homme, le thé il y a des millénaires en Chine, le maté il y a 300 ans par les Jésuites espagnoles. Ils ont en effet réussi des plantations en bordure de la grande forêt originelle atlantique, dont moins de 10% subsistent de nos jours, et qui s’étend  entre le sud du Brésil, de l’Argentine et un bout du Paraguay.

Comme le théier, généralement buissonnant,  le mate, qui est un petit arbre, a besoin de pluie et de l’ombre, donc  de certaines conditions climatiques  bien définies et d’une bonne terre, avec une préférence forte pour les sols volcaniques où fortement humifère.
Les deux plantes sont maintenant parfaitement intégrées dans une production industrielle, qui fait vivre des dizaines, voir centaines de milliers de fermiers récoltants, les deux se consomment en vrac, en sachets, en extraits et en bouteilles ou canettes prêtes à boire.
Un coup d’œil sur les statistiques montre que le mate est produit uniquement en Amérique du Sud, les dernières données de la FAO de 2012 indiquent un tonnage total annuel de 890.000t, dont 58% viennent du Brésil, 32% de l’Argentine et 10% de l’Uruguay. Pour mémoire la production globale de thé a été de 5,1 millions de tonnes en 2014, avec une contribution de l’Amérique du Sud de 92.000 t.

Comme le thé le mate se reproduit par des graines, par contre celles-ci sont toutes petites et issues d’e grappes de petites fleurs, qui poussent sur les arbres femelles, trésors bien gardées des plantations. Comme les graines de thé, les graines de mate mettent entre 6 mois et plus à germer, dans du sable à peine humide, processus assez long et au rendement pas toujours garanti. Ainsi les agronomes ont cherché à mettre au point la propagation végétale, c'est-à-dire le bouturage. Cela accélère la reproduction, mais rend parfois les cultures plus fragiles, avec un enracinement moins solide et une uniformité des plantules telle, qu’en cas d’attaques par des ravageurs les dégâts sont terribles ;
Les deux cultures requièrent  une importante main d’œuvre pour assurer la cueillette/collecte ; la mécanisation pour la cueillette du thé à fait des progrès énormes depuis une vingtaine d’années, pour le mate il en est autrement, car on cueille les jeunes branches et non seulement les feuilles. De ce fait il s’agit d’une sorte de taille qui demande un vrai savoir faire et le coup d’œil expérimenté, que seul l’homme possède. De plus on a constaté que le vrai travail manuel, avec une petite scie à main est de loin le plus performant, en sorte que même les outils mécanisés ont maintenant été écartés dans les jardins "haut de gamme".
arrivage en direct du camion

Le Mate brésilien peut être comparé au thé vert, car la matière récoltée  est immédiatement portée à l’usine et traitée par un choque thermique fort, qui fixe la couleur verte et confère un goût frais et acidulée à la tasse, qui, sur place est la cuia !! et oui, entre les mains de tous, qui la sirotent tout au long de la journée.
Une fois fixé, l’ensemble est haché et subit un deuxième passage au chaud, plus long et à température moins forte ; après ce produit semi fini est entreposé pendant une à deux semaines dans des sacs ouverts, dans des salles fraîches,  souvent aux murs recouverts de planches en bois d’araucaria, pour la stabilisation moléculaire avant l’emballage. Cela rappelle fort l’ara cha et la fabrication du thé puer au Yunnan. A noter qu’il y a aussi du mate torréfié, qui pourrait se comparer aux thés oxydés, et que l’on préfère en Argentine et au Paraguay.
le mate brut

NB :L’araucaria, un arbre splendide, originaire des Andes du Chili est maintenant protégé, il est recherché pour la densité de son bois, qui assure une température stable.
et enfin la "tasse"

Après cette énumération de parallèles avec le thé une petite excursion dans l’univers du café, boisson fétiche du Brésil, qui en est le plus grand producteur du monde. Puisque le mate est aussi brésilien un jeune ingénieur a réfléchi comment intégrer le mate dans ce circuit des baristas,  ultra tendance !! et il a mis au point le MateSpresso, une tasse fort originale, qui se décline en 12 formules actuellement : ces différentes mélanges à base de maté peuvent se préparer sur absolument tout le matériel café, de la cafetière à filtre traditionnelle à  la V60 sophistiquée, toutes les  machines espresso courantes ainsi que le appareils à capsules: le MateSpresso leur convient à toutes, un bel exploit, félicitations pour cette fin d’année à Heroldo Secco junior pour cette invention astucieuse, qu’il a fait patentée et qui commence à s’installer sur le marché. www.matespresso.com.br  et contact@matespresso.com.br
voilà une vraie nouveuté, à découvrir sans tarder !!!



N°56 Art.6 " Le Gong Fu Cha, l’art de préparer le thé".


Cette expression assez courante entre amateurs de thés fins  de Chine se traduit par : travail maîtrisé ou  appliqué, effort, art et habileté et adresse et fait aussi référence au temps investi dans ce travail.
Le terme « art du thé chinois » résume toutes ces notions et est en est l’aboutissement, il convient donc parfaitement.
Le 10 décembre 2015 les membres de l’Association « Vapeurs de Thé sur une Tasse Chinoise » ont pu s’exercer, deux par deux, pour partager un délicieux Wulong d’hiver de Taiwan, un Shan Lin Xi, en préparant la tasse en Gong Fu Cha.

Le cours a permis de rappeler qu’il ne s’agit pas ici d’une cérémonie codifiée mais d’une pratique conviviale, qui doit
** se dérouler avec simplicité et liberté
**être basée sur la maîtrise du savoir faire, démontrée par la beauté et le fluide du gestuel tout au long des étapes
**disposer d’un ensemble d’ustensiles, pour mettre en valeur un thé de qualité par son infusion  parfaite et multiple.



Cette pratique est conçue pour le partage, mais il est tout à fait possible de l’exercer au cours d’une séance sans vis-à-vis, pour l’apprentissage des gestes, pour des explorations préalables d’un thé, pour méditer en silence, pour un moment d’intimité avec soi.
Afin de la réussir parfaitement, la pratique du Gong Fu Cha demande de la concentration bien axée : sur l’exécution maîtrisée des gestes, en utilisant les différents ustensiles, afin de mettre cette tasse de thé à préparer au centre des efforts déployés, en gérant l’ensemble avec grâce , avec compétence et avec le sourire.

Cette concentration, aussi appelée pleine conscience, fait appel à tous les sens : admirer la beauté des feuilles,  écouter l’eau chauffer,  toucher la théière, les tasses et les autres ustensiles, humer l’infusion, et aussi  le couvercle et la tasse à sentir, déguster le thé  et accéder à toutes ses fragrances aussi par la retro olfaction,
Et puis  évaluer les tasses suivantes selon le même rythme.
Plus on pratique plus cet ensemble de perceptions devient pleinement accessible, permettant une maîtrise harmonieuse et complète de cet art du thé.

Depuis une trentaine d’années la Chine fait revivre ce patrimoine culturel sans pareil, après qu’il avait été quasiment éradiqué pendant les turbulences de la révolution culturelle. Il y a de nombreuses institutions et écoles qui proposent des parcours pour apprendre le Gong Fu Cha, comme professionnel ou comme amateur de thé. Une vraie maîtrise prévoit un cursus de deux ans au moins, pour exercer en public et avec toutes sortes de thés. Toutes les sociétés ont leurs équipes souriantes et performantes, afin de mettre la dégustation de leurs thés en valeur.

Il y a mêmes des écoles primaires qui mettent le Gong Fu Cha au programme, comme un exercice patrimoniale demandant discipline et adresse, mais qui aboutit au partage des tasses.
Le renouveau de cette pratique a généré  un nouveau  « boom » pour les petites théières, en terre de Yixing de préférence ! et dans tous les marchés au thé se trouvent des magasins d’ustensiles, des plateaux à réservoir d’eau de toutes les tailles, les bouilloires, les récipients à spatules etc.
Parfait pour mettre en valeur les thés Wulong et les thés Puer, que l’on prépare ainsi avec des quantités de thé importantes et assez peu d’eau, cette pratique convient aussi aux thés rouges de qualité
Pour bien souligner la qualité supérieure de ces thés on les appelle dés le départ « Gong Fu Hong Cha », en font partie le Qimen du Anhui, le Dianhong du Yunnan, le Chuanhong du Sichuan, le Yihong du Hubei, le Ninghong du Jiangxi, et il y en a d’autres.

Donc, un bon thé, un peu de temps libre et tranquille, quelques accessoires, de la compagnie ou non, l’envie de pratiquer, et à vous les tasses délicieuses préparée selon l’art du thé traditionnel.