Portrait de Daisuke Hirai et de Eiji Matsuura
Il s’agit d’abord d’un paysage unique, partagé entre champs
de thé et prairies naturelles ; de tels endroits où l’environnement n’a
pas été modifié par l’homme et est resté en harmonie avec la nature se nomment
« satoyama » au Japon et font l’objet d’une attention particulière.
voilà le paysage |
Ici, au pied du Mont Awantake, ces collines autour du
village de Higashiyama dans la préfecture de Shizuoka comptent 182,4 ha de cultures de
thé qui sont entourées de 129,6
ha de prairie d’herbes hautes. Les agronomes
universitaires japonais estiment qu’avant les années 1950 plus de 20% des
terres arables du Japon étaient des prairies naturelles qui fournissaient du
fourrage au bétail et de l’engrais vert aux cultures. L’industrialisation et
l’urbanisation des décennies passées en a éliminé la majeure partie, d’où
l’actuelle prise de conscience pour préserver ce qui en reste.
Le village de Higashiyama en est un bel exemple, car lors ce
que le thé s’y est installé il y a
environ 130 ans les fermiers avaient toujours veillé à garder un équilibre
entre les surfaces à thé et les prairies aux alentours, pour en faire de
l’engrais vert pour le thé.
les pentes du Mont Awantake |
Cette pratique, que les Anglais appellent
« mulching », est très ancienne et consiste à couper les hautes
herbes à l’automne, les hacher menues et puis en recouvrir le sol des sillons entre les rangs de théiers. Cette
sorte de paille hachée retient l’humidité, protège le sol de l’érosion, capte
l’engrais et puis se décompose pendant l’hiver pour nourrir les théiers.
La Préfecture de Shizuoka a donc déposé un dossier auprès de
la FAO pour faire reconnaître ce « Chagusaba » en tant que
GIAHS- en traduction libre :
patrimoine de pratiques agricoles reconnu à l’échelle mondial.
NB : le Bocage Breton avec ses murets de dalles
granitiques a été classé en GIAHS.
Chagusaba signifie « prairies semi-naturelles »
entourant les théiers. C’est pour rendre visible leur engagement que les
fermiers de Higashiyama ont planté une haie de cyprès en 1983 qui dessine le
caractère « cha » et que l’on voit de très loin. Cette communauté de
théiculteurs est limitée à 90 familles, qui se partagent cette surface assez
étroite au pied du Mont Awantake. Leurs grands pères, les awawaccos étaient les
pionniers du fukamuchi sencha, un sencha à l’étuvage prolongé, d’un vert
profond et à la tasse d’un umami intense.
la jeune génération |
Daisuke Hirai et Eiji Matsuura font partie de la jeune
génération ; ils appartiennent à un groupe de 28 familles qui possèdent
ensemble une usine de transformation, où ils manufacturent au fil des saisons
et des cueillettes du Shin Cha, du Fukamuchi Sencha , du Hoji Cha et même des thés oxydés. Lors de la O-Cha Green
Tea Fair passée les deux jeunes ont proposé une dégustation raffinée et très
originale de leurs différents thés, La communication a été difficile, car aucun
d’eux ne parle anglais. Sur la carte de visite par contre on peut constater
aussi tôt leur passion pour ce paysage unique à thé et aux thés exceptionnels
dont ils jouissent ; leurs thés se
nomment « Symbiosis Tea » et leur lieu de production « Bio
Topia », on peut les découvrir sur
le site.
le sencha fukamuchi |
En attendant que la FAO donne suite à la demande de classer
le « Chagusaba » de Higashiyama, dans le Préfecture de Shizuoka, ces
thés méritent d’être connus pour leurs grandes qualités gustatives et leur
culture naturelle.
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