Le Japon produit principalement des thés verts, et ces thés verts
sont principalement manufacturés par le processus de l’étuvage, qui désactive
les enzymes des feuilles par la vapeur, ce sont les thés sencha.
A noter que
les thés verts de Chine sont désenzymés par la chaleur sèche, qu’on appelle
aussi le passage au wok, ou le pan frying.
Ces deux méthodes donnent
des résultats gustatifs assez différents, avec des saveurs iodées et umamis
pour les thés sencha, et des notes douces, beurrées, noix et châtaignes pour les
thés verts de Chine. Deux univers qui se complètent, mais ne se confondent pas.
Ces thés sencha, étuvés, aux fines feuilles roulées et d’un vert
sombre, peuvent subir un étuvage plus ou moins longue,
*L’étuvage court donnera un thé futsumushi sencha
*L’étuvage longue un thé fukamushi sencha .
Ensuite il faudra distinguer selon la variété botanique et la
période de cueillette, les thés du printemps, les shincha, étant les plus
prisés.
Toujours dans le domaine des sencha, donc des thés étuvés, il y a
les cueillettes moins fines et plus tardives, que l’on appelle les bancha, et
qui peuvent subir une légère torréfaction, pour être plus digeste, pour les
rendre moins amère et leur conférer des notes grillées très plaisantes :
ce sont les hojicha, ou les thés sencha grillés.
Ces récoltes de feuilles
moins fines peuvent aussi se voir mélangées avec du riz grillé, ce sera un genmaicha,
fort agréable, souvent proposé glacé pour accompagner un plat épicé.Tous ces thés sencha proviennent de cultures en plein soleil, et généralement
de quatre périodes de cueillettes dans l’année.
Il y a ensuite les thés ombrés, un procédé agricole
très particulier, très onéreux et qui demande énormément de soins, afin de
priver les plantes de lumière, une, deux voire trois semaines avant la
cueillette du printemps, en installant des filets d’ombrage. Cela oblige les
théiers ainsi forcés à se battre pour survivre, de produire plus d’enzymes, de
flaveurs et surtout plus de chlorophylle et de théanine, pour permettre aux
feuilles privées de la lumière vitale pour leur développement, de continuer
leur croissance.
Le résultat de ce forçage à l’ombre est le sublime guyokuro,
la rosée de jade, une tasse limpide à la liqueur iodée aux saveurs intenses
et sublimes et à la texture soyeuse en bouche, incomparable et inégalée.
Lorsque l’ombrage est moins sévère et moins long, cela donnera un
kabuse cha, délicieux et bien umami, mais à la liqueur moins intense et moins
soyeuse que le gyokuro.
Et le matcha alors ? Il s’agit là
d’un produit d’un raffinement inégalé et unique dans son genre. Toutefois, il
est souvent galvaudé depuis une dizaine d’années, parce que le vrai matcha traditionnel
n’a pour l’instant ni définition reconnue ni IGP ni AOP. Thé de cérémonie, rare
et cher, le vrai matcha n’est pas une infusion de feuilles sublimes, mais un
broyat, puisque les feuilles fines sont réduites en poudre. Et quelles
feuilles ?? Il s’agit dune récolte de printemps de théiers ombragés, qui
peuvent soit être infusées pour une tasse de gyokuro, soit être séchées à plat
puis être dénervées, pour faire de petits carrés nommés tencha, qui sont
ensuite réduites en poudre dans des moulins en granit, tournés doucement à la
main pour éviter tout chauffe, qui porterait atteinte au goût et à la couleur
de la poudre ultrafine.
Le mot « matcha » vient du chinois et signifie :
poudre de thé. Cela peut être un résidu de fabrication, comme les fannings qui
servent dans les sachets de thé bon marché, mais au Japon cette poudre est un
produit sublime, exclusif, rare et totalement premium. On estime la production
annuelle de véritable matcha japonais à environ 1.500 t, rien à voir avec les
thés verts broyés qui viennent de Chine ou de Corée pour des utilisations
culinaires ou la préparation de mélanges pour boissons.
Et puis le Japon produit aussi quelques thés noirs, de thés semi
oxydés et puis aussi des thés au processus de chaleur sèche. Ces petits volumes
proposent parfois des tasses exquises, la NPT vous les présentera à une
prochaine occasion.