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Le numéro 38 du 31 Octobre 2013: le Sommaire



Article 1) : Le Marché mondial du Thé en 2012.


Article 2) : Pionnier des Thés verts en Afrique, Portrait de Cally Alles.


Article 3) : Le Thé sur le Marché Français.


Article 4) : Les Thés verts du Monde .


Article 5) : Le Rooibos, la Tasse exclusive de l’Afrique du Sud.


Article 6) : L’Art du Thé à la Maison de Culture du Japon. 

N° 38 Art.1) " Le Marché mondial du Thé en 2012 "



Chaque année c’est la sortie du rapport annuel de l’International Tea Committee – ITC- qui permet une vision globale du marché du thé, le quel, pour le moment, continue sa croissance.
voilà le "livre vert "arrivé

Coté producteurs : la donne a complètement changé en 2006, quand la Chine est redevenue premier producteur mondial du thé.
En 2012 la Chine continue à monopoliser les premières places avec
**une production de 1,790 mio t, ce qui représente 38,7 %du volume mondial ;
**dont 1,248 mio t de thés verts ;
**une consommation intérieure qui a doublée en 10 ans et se situe à 0,95 kg / habitant, ce qui laisse même pas 20% de la production pour l’export ;
**une surface de plantations de 2,280 mio ha, ce qui représente 57% de la surface théicole du monde.

Les autres grands producteurs continuent également leur progression
**Inde : 1,126 mio t
**Kenya : 0,370 mio t
**Sri Lanka : 0,328 mio t
** Vietnam : 0,190 mio t.

Coté consommateurs les variations sont peu importantes depuis 2011:
**la Russie reste n° 1 avec 174 000t
**le Pakistan suit avec 131 000t
**les USA passent devant le Royaume Uni avec 126 000 t
**la France figure au 28e rang avec une importation nette de 15 000t.

Les chiffres montrent par ailleurs que
** la production de thé vert est en augmentation de +9%, ce qui représente en 2012 environ 32% de la récolte mondiale, consommée pour la plus grande part localement dans les pays d’origine ;
** c’est toujours la production de thés noirs qui domine  avec environ 60% du total, dont environ 2/3 sont des thés « CTC » et 1/3 des thés orthodoxes. (voir le n° 37 pour le détail de ces deux méthodes de production).
** les thés appartenant à d’autres familles, comme les thés Wulong, les thés sombres, dont les thés Puer ou les thés blancs représentent environ 6 % de la production globale
**ce sont les extraits de thé, produits notamment au Kenya, en Inde  et au Sri Lanka, qui servent à la fabrication des « thés prêts à boire », canettes et bouteilles , et d’autres boissons rafraîchissants qui représentent le solde , avec un volume mondial  d’extraits estimé à environ 15 000t, ce qui nécessite la mise en œuvre d’environ 150 000t de feuilles fraîches.
En 2012 la répartition entre les continents s’établit comme suit :
les volumes exportés

** en ce qui concerne la production :
Asie : 85%
Afrique : 13%
Amérique du Sud : 2%.
** en ce qui concerne les exportations :
Asie : 61%
Afrique : 34%
Amérique du Sud : 5%



N°38 Art.2) "Pionnier des thés verts en Afrique, portrait de Cally Alles".



Originaire du Sri Lanka Cally Alles avait obtenu une bourse pour suivre des études d’ingénieur  au Royaume Uni.
toujours très sollicité

A son retour le jeune diplômé est rapidement engagé dans la filière du thé à Kandy et Badulla au Sri Lanka et puis on lui propose de travailler au Rwanda, comme directeur technique aux cotés de Mike Boyd Moss. Cela se passe en 1978 et c’est pour le démarrage d’une grande usine de thé dans le nord du pays. Au départ il s’agissait d’un projet de développement financé par la Communauté Européenne, afin de créer des industries dans les pays africains qui avaient accédé à l’indépendance dans les années 1960/61.
La première étape, engagée en 1970, visait le drainage des marais importants de Cyohoha et de Rukeri, à proximité de la petite agglomération de Kinihira, et qui occupaient une partie du plateau à plus de 1 800 m d’altitude, enchâssés entre les collines. L’objectif était d’étendre ainsi  les plantations de thé existantes  et puis de construire une usine de transformation  sur place. Le drainage, plus coûteux que prévu, avait épuisé les fonds et c’est alors que l’OCIR, l’Office Gouvernemental en charge de la production agricole, s’était adressé à Joe Wertheim, un importateur américain de thés de qualité déjà acheteur de thés du Rwanda.  Après une longue négociation Joe Wertheim  achète des terrains, choisit l’emplacement de l’usine sur une petite colline qui domine les deux marais et le premier bâtiment voit le jour en 1975. Ce complexe est nommé « Société Rwandaise du Thé », « Sorwathé » en abrégé, puisque la langue officielle de l’époque est le Français, introduit par l’ancienne administration coloniale belge.
Avec son « œil de lynx » qui détecte immédiatement les possibilités d’amélioration du fonctionnement mécanique des machines Cally, embauché en 1978,  apporte ses compétences et s’investit dans le bon fonctionnement de la  nouvelle usine qui produit, comme toute l’Afrique à l’époque, des thés noirs CTC. Cette qualité de la fabrication, jointe à une excellente qualité des cueillettes dans ces plantations en altitude apporte rapidement une belle notoriété aux thés de Sorwathé, qui emportent souvent les meilleurs prix à la Bourse du Thé de Londres.
entouré de compatriotes

 Cally est parti du Rwanda pour aller au Burundi en  1981 pour travailler sur un projet  de l'Union Européenne visant à améliorer la transformation du thé pour obtenir une meilleure qualité. Il passe ensuite au Kenya comme ingénieur en chef chez Marshall Fowler Engineers où il met au point le premier "fluid bed dryer" de l'Afrique. Après les conflits ethniques il revient au Rwanda en 1996, pour redémarrer la production. Dès son retour il s’attache à mettre en œuvre des activités pour contribuer à la paix civile rétablie et visant à motiver les villageois qui reviennent travailler pour Sorwathé. Rotarien lui-même il est très conscient des enjeux et obtient de son patron, Joe Wertheim, le financement de la première Librairie Publique  à Kigali, la capitale du pays. Cally met aussi en route des cours d’alphabétisation qui permettent à plus de 15 000 personnes d’apprendre à lire et à écrire. Sa femme Amithy  monte des spectacles de musique pour financer des cours de musique  pour les jeunes. Cally est aussi l’inventeur d’un « rocket stove » un petit braséro alimenté par des déchets agricoles, qui permet de cuisiner les repas quotidiens à peu de  frais.
Toujours à l’affût d’innovations et de progrès Cally « bricole » son  matériel et se lance dès 2000 dans une petite fabrication de thés verts, une première en Afrique ! Alors que sur place tout le monde boit du thé noir très sucré et avec plein de lait, il craint l’échec. C’est le contraire qui arrive, son thé vert est un franc succès. Il me dit que certains consommateurs l’appellent même depuis « docteur Cally » parce qu’ils pensent que ce nouveau thé vert les guérit de toute sorte de maux. Il convainc alors son patron d’investir  et en 2009 une nouvelle installation voit le jour pour compléter  l’ancienne usine. Cette nouvelle unité possède six rouleurs pour fabriquer des thés orthodoxes, soit noirs soit verts. Les plateaux de ces rouleurs, importés du Sri Lanka, sont en bois de Kitul, un palmier aux multiples propriétés qui pousse dans la forêt vierge du Sri Lanka et fournit  toute sorte de produits alimentaires, textiles et autres. Ce bois lourd et très compact  évite l’échauffement des feuilles au cours du roulage, qui peut durer plusieurs heures, soit en continu, soit en répétitif. En 2011 et 2013  les thés orthodoxes noirs et verts de Sorwathé obtiennent des prix d'excellence lors des premières compétitions entre  thés d'Afrique organisées à Mombasa .
les nouveaux rouleurs

Avec toutes ces innovations que Cally a ingénieusement mises en route au fil des années de son mandat  de Directeur Général de l’usine de Sorwathé il a tout d’abord réussi à porter ces thés à l’attention des acheteurs Européens. En montrant que l’on peut produire des thés fins en Afrique , comme les thés noirs et verts orthodoxes et même certains thés blancs il a également changé les habitudes de consommation locales en diversifiant l' offre en proposant toute une sélection de thés.
Sorwathé s’est depuis peu lancée dans la production de thés « bio » sur certaines  parcelles choisies avec soins, avec des installations pour préparer le composte bio ; cet environnement renouvelé a déjà fait revenir des grenouilles et leurs prédateurs, les hérons gris.
un bel assortiment
Cette réussite, alors que Cally est délibérément sorti des sentiers battus,  a  encouragé les  autres unités industrielles du thé au Rwanda de suivre l’exemple. Certaines usines se sont depuis peu tournées  vers des thés verts et vont surement aussi se mettre aux thés orthodoxes pour leurs parcelles de grande qualité.  

C’est en 2012 que Cally Alles prend une retraite bien méritée en laissant Sorwathé entre les mains de Rohith Peiris, qu’il a formé pendant quelques années et qui va poursuivre la quête de qualité. 
Nommé Consul Honoraire du Rwanda au Sri Lanka J.C.E. Alles reste un passionné de thé. Très renommé pour son rôle de pionnier des thés de qualité il accepte encore des missions de conseil pour partager ses longues années d’expérience.   

N°38 Art.3) "Le thé sur le marché français"


 Avec une consommation nette de 15 000 tonnes de thé en 2012 la France se situe au 28e rang des pays consommateurs de thé. En ce qui concerne le café, la France tient le 5e rang, mais le thé gagne peu à peu en nombre de tasses et  défend bien sa part de marché en imposant une visibilité grandissante et en affinant son profil.
G.Cannon au Mini Sial 2013

Les études économiques  établissent la segmentation de la consommation de boissons chaudes  comme suit pour 2011 :
**thés et infusions : 14,9%
**café moulu         : 40,5%
**café en dosettes : 11,4%
**café soluble        : 21,5%
**autres                  : 11,7%.
Les ventes de thé en grande surface et en valeur se repartissent entre
**thés noirs : 64,1%
**thés verts : 27,3%
On estime par ailleurs que les thés aromatisés représentent plus de 60% des ventes et que ce sont les thés en feuilles, d’origine et de terroir qui gagnent du terrain en tendant vers un bon 5% du marché.
Les grandes multinationales, Unilever, Twinings, Douwe Egberts sont bien installées en France et dominent le marché à environ 80% avec les thés industriels en sachets. Par contre les sociétés familiales comme Dammann, Palais des Thés, Mariage, Comptoir Français du Thé, Jardins de Gaïa, George Cannon, Kusmi sont aux avant postes avec un grand choix de thés fins.

Les Jardins de Gaïa au SIAL 2012
 C’est justement parce que la France est un marché de qualité que certaines marques étrangères participent aux salons professionnels  pour obtenir une « part du gâteau », comme l’Américain « Harney & Sons », l’Allemand « Mount Everest Tea » et un nouveau venu, « Rwanda Mountain Tea »,qui s’est fait remarqué avec un beau stand au dernier salon  « Gourmet Selection » en septembre, à la  Porte de Versailles.
De l’autre coté de la Manche ce sont des thés des « Jardins de Gaïa » qui viennent de gagner des prix au « Great Taste Awards 2013» à Londres, une superbe récompense.
La tendance vers une préférence des thés verts et des thés de terroirs se poursuit. Les importateurs français sont réputés pour leurs grands thés à l’étranger et approvisionnent ainsi de nombreux comptoirs de thé ailleurs en Europe  et même plus loin encore.
Rwanda Mountain Teas au Mini Sial 2013

C’est donc sans doute que les efforts visant l’éducation des consommateurs portent leur fruit.
Les nombreux ouvrages consacrés au thé qui sortent régulièrement en France confirment également l’intérêt grandissant du public pour cette tasse au raffinement à l’infini.




N°38 Art.4) " Les Thés verts du Monde"



Ces tout d’abord dans les pays d’Asie où le thé est cultivé depuis plus de mille ans, la Chine, le Vietnam, le Japon, la Corée, que l’on boit principalement du thé vert. Ces thés sont faits principalement avec la cueillette du camellia sinensis var. sinensis, au port buissonnant et à petites feuilles semi rigides.
C’est le camellia sinenis var.assamica, au port arbustif et aux larges feuilles souples qui fournit le thé noir, en Inde, au Sri Lanka et en Afrique.
thés noirs et verts

Toutefois, rien n’est immuable, les variétés cultivées évoluent et les méthodes de fabrication aussi, les tendances et les modes influent donc sur la production.
L’article 1 de ce numéro établit la part du thé vert  à 32% de la production mondiale en 2012 ; les chiffres montrent aussi qu’une grande partie de ces thés est consommée  sur place, dans les pays producteurs.
De ce fait en ce qui concerne les exportations mondiales de thé d’environ 1,77 millions de tonnes en 2012  la part des thés verts ne s’élève qu’à 19% de ce volume.
Une des tendances les plus marquantes de la consommation de thé est une forte croissance de la demande de thés verts, notamment en Europe et aux USA.
thés verts d'Afrique

Pour satisfaire cette demande de nouvelles initiatives sont prises comme la fabrication de thés verts en Afrique, en Inde et aussi au Sri Lanka, toute fois freinées par des contraintes techniques concernant l’équipement approprié et aussi par l’inadaptation de certaines cueillettes.
En effet, pour fabriquer de bons thés verts industriels il est préférable d’utiliser les théiers à petites feuilles et la méthode de fabrication orthodoxes, qui laisse la feuille intacte. C’est ainsi que de grosses usines en Chine crachent tous les jours des milliers de tonnes de thés verts industriels, soit sous forme de « gun powder » en feuilles enroulées en billes  soit sous forme de « chun mee » en petites feuilles « aiguilles de pin ».
thés verts de Chine

Or l’Afrique, qui cherche à mieux valorises ses thés n’a que peu de petites feuilles et est principalement équipée en usines à faire des thés CTC. Toutefois il y a une réelle volonté à suivre la demande et à produire des thés verts, même en « feuille hachée » et mise en sachet ! Ce sont des créneaux prometteurs à valeur ajoutée et l’on commence à proposer ces nouveaux thés aux Européens et aux Américains.
Dans ce même mouvement on peut constater que les thés noirs traditionnels du Darjeeling sont de moins en moins oxydés.
Cette préférence grandissante pour les thés verts  peut s’expliquer par une ouverture vers des thés au goût plus subtil, plus iodé, différent.
affiche au labo de l'usine

C’est vrai aussi que l’on attache de nombreuses allégations de santé aux thés verts, sans pour autant pouvoir en parler dans l’étiquetage. Reconnues de longue date par la tradition des pays producteurs ces effets de bienfait  sont encore en attente  que la science  apporte toutes les preuves et  un chiffrage standardisé des teneurs en divers molécules.

Cela dit le public ne cesse d’en redemander alors que  la littérature scientifique de son coté insiste bien pour  constater que tous les thés, verts , noirs et autres, sont excellents pour la santé. 

N° 38 Art.5) "Le Rooibos, la tasse exclusive de l’Afrique du Sud".



Cette infusion, nommée parfois à tort « thé rouge », provient d’une plante de la famille des fabacées ; elle est endémique à la toute petite zone nommée » royaume des plantes cape floristique », qui occupe le bout sud ouest du continent africain. Son nom « Rooibos » veut dire buisson rouge en Africaans, qui dérive du Néerlandais, et se réfère à la couleur rouge profond que prennent les aiguilles et branches récoltées et puis hachées, qui s’oxydent étalées au soleil pour le séchage.
pour situer cette zone
Depuis plus de 300 ans les Boschimans et les Hottentots de l’Afrique du Sud infusent ainsi le rooibos pour guérir de multiples affections, du mauvais sommeil aux troubles digestifs. Des cataplasmes sont appliqués aux brulures, maladies de peau et eczémas. C’est sur les pentes rocheuses du Cederberg qu’ils cueillent les arbustes sauvages depuis des siècles avec leurs faucilles, avant de les écraser au marteau pour favoriser l’oxydation.
Il a fallu de longues années d’expérimentation et de recherche à un immigrant russe, Benjamin Ginsberg, qui s’installe à Clanwilliam avec sa famille en 1904, pour enfin domestiquer le rooibos  vers 1930.
Appelé  « aspalathus linéaris » de son nom botanique, et comme son cousin le honeybush, appelé « cyclopia spp », cette plante se reproduit par des graines minuscules qui ne germent qu’après avoir été « forcées », soit par un feu de savane soit par une action mécanique qui fait éclater la coque très dure.
un champs de rooibos: photo Rooibos Ltd

C’est donc en étudiant cette plante, qui le fascine par ses multiples vertus dès son arrivée à Clanwilliam, ensemble avec son ami et médecin de famille, Pieter Fras le Nortier, que Benjamin Ginsberg réussit une première mise en culture en 1930. Ayant ainsi mis au point une méthode pour collecter et faire germer les graines il est enfin possible de commencer une production commerciale de cette tasse de réputation ancestrale au Cap. Une coopérative de fermiers est formée et gérée par Olof M.Bergh, et lorsque les installations sont privatisées en 1994 c’est le petit fils, Martin Bergh qui prend les commandes de « Rooibos Ltd ».
Cette entreprise, qui transforme plus de 75% de la collecte dans une belle usine, s’est rapidement lancée dans un marketing global, qui a fait connaître le rooibos au delà des frontières de l’Afrique de Sud. Aujourd’hui la production annuelle est d’environ 15 000t, pour moitié consommée sur place, pour moitié exportée.
nettoyé, calibré: photo Rooibos Ltd.

 Les scientifiques ont établi la présence de 2  flavonoïdes dans cette plante, que sont :
**l’aspalathine, présente uniquement dans le rooibos
**la nothofagine, présente aussi dans le hêtre pourpre de Nouvelle Zélande,
aux puissantes capacités anti oxydantes ; depuis la demande s’est fortement accrue. En outre  le rooibos ne contient pas de caféine et son goût doux et agréable permet de boire l’infusion sans sucre. L’intérêt très fort de certains groupes de consommateurs fait que toutes les marques ont maintenant des « rooibos » dans leur catalogue, soit pur soit en mélange avec d’autres plantes. On a depuis peu aussi développé un  "rooibos vert", qui n’a pas subi d’oxydation et  préserve ainsi une teneur plus élevée en flavonoïdes.
En attendant encore plus de travaux scientifiques apportant des preuves formelles de l’efficacité de cette infusion un nombreux public l’a désormais déjà adopté pour ses bienfaits, en sorte que l’on craint une pénurie dans un proche avenir. Des tentatives d’acclimatation de la plante dans d’autres zones de l'Afrique du Sud ou même dans d'autres continents sont jusqu’ici  restées infructueuses, préservant ainsi le monopole de l’Afrique du Sud.


N°38 Art.6)"L'Art du Thé à la Maison de Culture du Japon"

Dans la seconde moitié du XVIe siècle, son soutien à Oda Nobunaga puis à Toyotomi Hideyoshi – les deux plus grands chefs de guerre de l’époque – valurent à Maeda Toshiie (1537-1599) l’attribution de domaines dans la province de Kaga. Il devenait ainsi le premier des quatorze seigneurs qui se succédèrent à la tête du grand fief de Kaga. Située en bordure de la mer du Japon, Kanazawa était la capitale du fief de Kaga. Ce fief, le plus riche du Japon, appartenait donc   depuis le milieu du XVIe siècle au puissant clan Maeda qui y encourageait l’épanouissement des arts. Ils  attiraient ainsi  un grand nombre d’artisans d’art pour fournir des pièces recherchées pour leur qualité et développer de nouvelles techniques et procédés.
bol Coréen, 17e **
Les seigneurs Maeda favorisaient ainsi  le développement de la cérémonie du thé et du théâtre nô, éléments incontournables de la diplomatie entre guerriers ; ils  accueillaient les plus grands maîtres artisans d’Edo (actuel Tôkyô) et de Kyôto.
Alors que le Japon traversait une longue période de paix, les samouraïs de Kanazawa établirent avec succès leur propre culture, distincte de celle d’Edo, siège du gouvernement du shôgun.
L’exposition  présente bien sûr armures et casques de guerriers, mais elle  fait aussi  une grande place aux arts liés à la cérémonie du thé (céramique, calligraphie…) ainsi qu’au théâtre nô avec de splendides masques et kimonos.
C’est en contrebas du château où  résidait le seigneur que se développait progressivement  la ville de Kanazawa, dont la population comptait de très nombreux vassaux, ainsi que des commerçants et
des artisans. Avec plus de 100 000 habitants au début du XVIIIe siècle c’était la quatrième ville du pays après Edo, Osaka et Kyôto.
L’exposition vous permet de découvrir des objets ayant appartenu au clan des Maeda ainsi qu’aux familles de leurs vassaux de haut rang.
boîte  à thé chinois ayant appartenu à Sen no Rikyu **

 La cérémonie du thé avait pris  son essor précisément  au XVIe siècle, époque à la quelle le Japon était en proie à des guerres incessantes entre les grands clans .
Pour les samouraïs  de haut rang et leurs chefs d’armée  elle était  l’occasion de consolider leurs liens, de se préparer mentalement au combat et aussi de se détendre en faisant le vide face aux pressions et contraintes de leur position. Certains seigneurs Maeda apprirent ce rituel d’art auprès des célèbres maîtres de thé Sen no Rikyû et Kobori Enshû.
Dans ce contexte certains  constituaient de magnifiques collections de bols en céramique, bouilloires et autres ustensiles pour la cérémonie du thé. C’est ainsi qu’au fil des générations  Kanazawa devenait un centre important du chadô, la voie du thé.
Des « objets d’exception » utilisés par le clan Maeda ainsi qu’une collection d’ustensiles réunis par leurs familles vassales sont ici présentés  aux côtés d’objets pour des cérémonies du thé données en l’honneur d’invités prestigieux. Enfin est reconstituée une pièce intime destinée au thé et qui montre des ustensiles au style « dépouillé » dit wabi.
A noter aussi que c’est au  milieu du XVIIe siècle que  la technique de cuisson au four , mise au point à Arita, fut introduite dans le village de Kutani, non loin du fief de Kaga.
bol à thé Tianwu**

 Arita, ville de l’île du sud  Kyûshû et réputée pour ses porcelaines polychromes, est donc à l’origine des porcelaines colorées appelées Ko-Kutani. Perpétuant cette tradition d’excellence, Kanazawa reste aujourd’hui encore une région d’une richesse exceptionnelle en artisanat d’art.
A voir à la Maison de Culture du Japon à Paris jusqu’au 14 décembre 2013.
** crédit photo : MCJP