Cette infusion, nommée parfois à tort « thé
rouge », provient d’une plante de la famille des fabacées ; elle est
endémique à la toute petite zone nommée » royaume des plantes cape
floristique », qui occupe le bout sud ouest du continent africain. Son nom
« Rooibos » veut dire buisson rouge en Africaans, qui dérive du
Néerlandais, et se réfère à la couleur rouge profond que prennent les aiguilles
et branches récoltées et puis hachées, qui s’oxydent étalées au soleil pour le
séchage.
pour situer cette zone |
Depuis plus de 300 ans les Boschimans et les Hottentots de
l’Afrique du Sud infusent ainsi le rooibos pour guérir de multiples affections,
du mauvais sommeil aux troubles digestifs. Des cataplasmes sont appliqués aux
brulures, maladies de peau et eczémas.
C’est sur les pentes rocheuses du Cederberg qu’ils cueillent les arbustes
sauvages depuis des siècles avec leurs faucilles, avant de les écraser au
marteau pour favoriser l’oxydation.
Il a fallu de longues années d’expérimentation et de
recherche à un immigrant russe, Benjamin Ginsberg, qui s’installe à Clanwilliam
avec sa famille en 1904, pour enfin domestiquer le rooibos vers 1930.
Appelé « aspalathus
linéaris » de son nom botanique, et comme son cousin le honeybush, appelé
« cyclopia spp », cette plante se reproduit par des graines
minuscules qui ne germent qu’après avoir été « forcées », soit par un
feu de savane soit par une action mécanique qui fait éclater la coque très
dure.
un champs de rooibos: photo Rooibos Ltd |
C’est donc en étudiant cette plante, qui le fascine par ses
multiples vertus dès son arrivée à Clanwilliam, ensemble avec son ami et
médecin de famille, Pieter Fras le Nortier, que Benjamin Ginsberg réussit une
première mise en culture en 1930. Ayant ainsi mis au point une méthode pour
collecter et faire germer les graines il est enfin possible de commencer une
production commerciale de cette tasse de réputation ancestrale au Cap. Une
coopérative de fermiers est formée et gérée par Olof M.Bergh, et lorsque les
installations sont privatisées en 1994 c’est le petit fils, Martin Bergh qui prend les commandes de
« Rooibos Ltd ».
Cette entreprise, qui transforme plus de 75% de la collecte
dans une belle usine, s’est rapidement lancée dans un marketing global, qui a
fait connaître le rooibos au delà des frontières de l’Afrique de Sud. Aujourd’hui
la production annuelle est d’environ 15 000t, pour moitié consommée sur
place, pour moitié exportée.
nettoyé, calibré: photo Rooibos Ltd. |
Les scientifiques ont
établi la présence de 2 flavonoïdes dans
cette plante, que sont :
**l’aspalathine, présente uniquement dans le rooibos
**la nothofagine, présente aussi dans le hêtre pourpre de
Nouvelle Zélande,
aux puissantes capacités anti oxydantes ; depuis la
demande s’est fortement accrue. En outre le rooibos ne contient pas de caféine et son
goût doux et agréable permet de boire l’infusion sans sucre. L’intérêt très
fort de certains groupes de consommateurs fait que toutes les marques ont
maintenant des « rooibos » dans leur catalogue, soit pur soit en
mélange avec d’autres plantes. On a depuis peu aussi développé un "rooibos vert", qui n’a pas subi d’oxydation et préserve ainsi une teneur plus élevée en flavonoïdes.
En attendant encore plus de travaux scientifiques apportant
des preuves formelles de l’efficacité de cette infusion un nombreux public l’a
désormais déjà adopté pour ses bienfaits, en sorte que l’on craint une pénurie
dans un proche avenir. Des tentatives d’acclimatation de la plante dans
d’autres zones de l'Afrique du Sud ou même dans d'autres continents sont jusqu’ici
restées infructueuses, préservant ainsi le monopole de l’Afrique du Sud.
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