Dans la seconde moitié du XVIe siècle, son soutien à Oda Nobunaga puis à Toyotomi Hideyoshi
– les deux plus grands chefs de guerre de l’époque – valurent à Maeda Toshiie
(1537-1599) l’attribution de domaines dans la province de Kaga. Il devenait
ainsi le premier des quatorze seigneurs qui se succédèrent à la tête du grand
fief de Kaga. Située en bordure de la mer du Japon, Kanazawa était la
capitale du fief de Kaga. Ce fief, le plus riche du Japon, appartenait donc depuis
le milieu du XVIe siècle au puissant clan Maeda qui y
encourageait l’épanouissement des arts. Ils
attiraient ainsi un grand nombre
d’artisans d’art pour fournir des pièces recherchées pour leur qualité et
développer de nouvelles techniques et procédés.
bol Coréen, 17e ** |
Les
seigneurs Maeda favorisaient ainsi le
développement de la cérémonie du thé et du théâtre nô, éléments incontournables
de la diplomatie entre guerriers ; ils
accueillaient les plus grands maîtres artisans d’Edo (actuel Tôkyô) et
de Kyôto.
Alors
que le Japon traversait une longue période de paix, les samouraïs de Kanazawa
établirent avec succès leur propre culture, distincte de celle d’Edo, siège du
gouvernement du shôgun.
L’exposition
présente bien sûr armures et casques de
guerriers, mais elle fait aussi une grande place aux arts liés à la cérémonie
du thé (céramique, calligraphie…) ainsi qu’au théâtre nô avec de splendides
masques et kimonos.
C’est en contrebas du château où résidait le seigneur que se développait
progressivement la ville de Kanazawa,
dont la population comptait de très nombreux vassaux, ainsi que des commerçants
et
des artisans. Avec plus de 100 000 habitants au début du
XVIIIe siècle c’était
la quatrième ville du pays après Edo, Osaka et Kyôto.
L’exposition vous permet de découvrir des objets ayant
appartenu au clan des Maeda ainsi qu’aux familles de leurs vassaux de haut
rang.
boîte à thé chinois ayant appartenu à Sen no Rikyu ** |
La cérémonie du thé avait pris son essor précisément au XVIe
siècle, époque à la quelle le Japon était en proie à des
guerres incessantes entre les grands clans .
Pour les samouraïs de
haut rang et leurs chefs d’armée elle
était l’occasion de consolider leurs
liens, de se préparer mentalement au combat et aussi de se détendre en faisant
le vide face aux pressions et contraintes de leur position. Certains seigneurs
Maeda apprirent ce rituel d’art auprès des célèbres maîtres de thé Sen no Rikyû
et Kobori Enshû.
Dans ce contexte certains constituaient de magnifiques collections de
bols en céramique, bouilloires et autres ustensiles pour la cérémonie du thé.
C’est ainsi qu’au fil des générations Kanazawa devenait un centre important du chadô, la voie du thé.
Des « objets d’exception » utilisés par le clan Maeda ainsi
qu’une collection d’ustensiles réunis par leurs familles vassales sont ici
présentés aux côtés d’objets pour des
cérémonies du thé données en l’honneur d’invités prestigieux. Enfin est
reconstituée une pièce intime destinée au thé et qui montre des ustensiles au
style « dépouillé » dit wabi.
A noter aussi que c’est au milieu du XVIIe siècle que la
technique de cuisson au four , mise au point à Arita, fut introduite dans le
village de Kutani, non loin du fief de Kaga.
bol à thé Tianwu** |
Arita, ville de l’île
du sud Kyûshû et réputée pour ses
porcelaines polychromes, est donc à l’origine des porcelaines colorées appelées
Ko-Kutani. Perpétuant cette tradition d’excellence, Kanazawa reste
aujourd’hui encore une région d’une richesse exceptionnelle en artisanat d’art.
A voir à la Maison de Culture du Japon à Paris jusqu’au 14
décembre 2013.
** crédit photo : MCJP
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