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N°40 Art.1) Concentrés des principes actifs du thé
C’est dans la tasse que nous
profitons habituellement des principes actifs, dont la caféine qui stimule le
système nerveux, la théanine qui aide à « voir la vie en rose », les
polyphénols qui apportent leurs effets anti oxidants. Cette tasse est préparée
avec des thés cultivés pour leurs arômes et saveurs et vise d’abord le plaisir
gustatif.
D’autres jardins sont plantés pour fournir une matière
première abondante destinée à l’extraction industrielle de ces principes
actifs, que sont les produits dérivés du thé.
Les plus connus sont
certainement les extraits de thé servant à préparer les nombreuses boissons rafraîchissantes,
que sont les « thés en bouteilles » ,en « canettes » et
donc prêts à boire, et puis les sticks, dosettes et boîtes de thé en poudre,
qui sont à dissoudre dans l’eau chaude ou froide, qui permettent de faire
l’impasse du temps de l’infusion.
extraits de thé |
En Chine et au Japon
notamment les scientifiques des
laboratoires de « recherche et développement » sont déjà allés bien plus loin pour mettre au point des
**applications à ingérer : les compléments
alimentaires
**formules à application sur le corps: hygiène et
beauté à base de thé.
Au cours des divers salons et
rencontres professionnelles en 2013 certains produits récents se sont vus
proposés aux visiteurs, ciblant les préoccupations grandissantes de résistance au stress, à la
morosité, à la « malbouffe », au surpoids, au vieillissement. La NPT
vous en présente à titre
d’exemple :
**les capsules « EGCG Cha Block », contiennent des extraits de thé vert bio
agrémentés d’extraits de coquillages marines et de gingembre.
principes actifs encapsulés |
Le fabricant nous explique
qu’une seule capsule vaut 2 ½ tasses de thé vert, étant donné qu’environ
70% des substances de la feuille de thé sont insolubles dans l’eau et donc
perdus une fois la feuille infusée, mais
non ingérée. Ces éléments insolubles sont les fibres alimentaires qui
améliorent le transit, les vitamines A et E qui sont bénéfiques pour le système
immunitaire et la chlorophylle, à l’effet anti bactérien. En ingérant l’intégralité des substances de la feuille l’organisme
bénéficie donc de la totalité des effets bénéfiques du thé. .Il nous cite
des témoignages de consommateurs japonais qui constatent une meilleure résistance
aux allergies respiratoires, comme le rhume des foins, une meilleure digestion,
une réduction de poids et une vitalité accrue.
Sur le site, version anglaise
on trouve de nombreux détails en plus.
Comme pour les alicaments les produits « Hygiène
et Beauté » mettent en œuvre des feuilles de thé bio, récoltées dans des
plantations crées à ces fins et
exploitées dès que les théiers ont 3 ans d’âge ; cueillette mécanique des
branches avec 5à 6 feuilles, mode bien distincte de la récolte des thés à boire.
A noter que ces savons et
gels etc. ne sont jamais parfumés pour préserver leur coté naturel ; afin de
les enrichir on a ajouté du miel et
aussi des extraits de mandarines, dont la culture abonde dans ce microclimat
également très propice au thé.
voici le stand avec savons gels etc |
.
Le numéro 39 de la NPT, du 30 novembre 2013, vous
présente dans son article 4 une gamme de cosmétiques à base de thé vert. Mis au point et fabriqués dans la préfecture de
Shizuoka par la société Soh-cha ces produits de hygiène et beauté pourraient intéresser nombreux lectrices et lecteurs,
puis qu’ il y en a aussi formulés spécialement
pour hommes La version anglaise
du site donne des renseignements très détaillés sur les ingrédients, une belle
transparence.
Cette préfecture de Shizuoka, dominée par le majestueux Mont
Fuji et bordée au sud par l’océan Pacifique est la principale région
productrice de thé du Japon. Elle a
attiré depuis une trentaine d’années de nombreux laboratoires de pointe qui
exploitent le thé comme une matière première industrielle et afin d’en tirer
des produits qui valorisent au maximum la richesse de ses principes actifs
Pour être complet il convient d’évoquer aussi les produits
industriels à base de thé destinés
** à la santé des animaux
**à la protection des plantes
Ce sujet avait été traité par le Professeur LIU Zhonghua de l’Université
d’Agriculture du Hunan, Chine dans un exposé à l’ICOS 2013, le 8 novembre passé
au Japon.
N°40 Art.2) Les thés fins bio du Jardin de Juk Ro, comté de Hadong, Corée du Sud
Portrait de Yunseok CHO
Cette plantation a
été crée par le grand père de Yunseok CHO, qui a acheté des terres dans la
vallée de Hwagae en 1955.
le Royaume de Corée en 1350 |
Alors que l’ancien Royaume de Goryeo s’étendait
au-delà de la péninsule, l’actuelle République de Corée n’en occupe que la
moitié sud, depuis le partage qui a suivi la Guèrre de Corée (1950 à 1953).
Avant c’était l’occupation japonaise qui avait pesé sur le pays de 1910 à 1945.
Après ces tumultes meurtriers du 20e siècle la Corée du Sud a
retrouvé un gouvernement civil en 1987 et en moins de 25 ans d’efforts de
production ce pays est devenu membre du G20. Il possède aujourd’hui le niveau de vie le plus élevé de toute l’Asie
pour ses 50 millions d’habitants.
En 1955 c’est donc un recommencement après les avatars
terribles que le pays a subi et cette installation à Hwagae est une sorte de
retour à la paix, la propriété privée et à la nature. Cette vallée se trouve dans le comté
de Hadong, près du Mont Jiri, où abondent des forêts de théiers devenus sauvages, après l’abandon des cultures par les
moines il y a quelques siècles. Le grand
père arrive donc à un moment propice au renouveau, après les famines de la
guerre, et il utilise les graines et
boutures des anciens théiers pour créer sa plantation. En 1962 il crée la société Juk Ro, ce qui veut dire « Rosée de
Bambou », car les théiers sont ombragés par des bambous géants, qui les
protègent des intempéries tout en tamisant la lumière.
the Boss Yunseok CHO |
théiers et bambous |
Yunseok CHO, qui gère maintenant la société dans la 3e génération, cultive environ 8 ha , tous en pentes de vallée
et à une altitude entre 500m et 800m. Cette vallée de Hwagae voit passer la
rivière Sumjin, renommée pour ses eaux limpides et ses rivages au sable fin. Toute
cette région fait partie du Parc Naturel du Jiri San, un site magnifique à la nature
hautement protégée. C’est une des
raisons pour la quelle les thés ont obtenus rapidement la certification bio
complète, de l’UE, des USA, du Japon et de l’ISO.
Dans la plantation
tout est fait main, de la cueillette à
la manufacture artisanale du thé, le patron commande à une équipe de moins de 10 personnes.
Avec ses exigences et
une cueillette annuelle unique au cours du printemps il produit environ
2 000kg de thés verts ainsi que environ 2 000kg de thés oxydés.
www.jukro.co.kr
www.jukro.co.kr
Yunseok CHO explique le processus de transformation :
qui fait appel uniquement à la chaleur sèche et consiste en 2 torréfactions,
**la première à une température élevée entre 300 et 350°,
suivi d’un repos des feuilles à l’ombre pendant 10 heures,
**la deuxième à une température de 110° suivi d’un repos de
2 heures avant de travailler les feuilles à la main.
Parce que chez Juk Ro la cueillette a lieu uniquement au
printemps la taille et la jeunesse de la feuille a une importance déterminante
et il en est tenu compte par périodes de 7 jours, comme le fait le calendrier
lunaire agricole de la Chine. Chacune de
ces cueillettes de la semaine a son appellation et les prix tiennent compte
également de cette minutie de récolte.
Hwajeon,10 au 15 avril |
Ces thés sont donc à toute évidence rares et d’une qualité
exceptionnelle.
Les emballages originaux sont dessinés selon les règles de l’artisanat Coréen, ou les nœuds, le patchwork
et l’harmonie des couleurs ont une longue tradition.
Hwahu,15 au 20 avril |
Depuis une dizaine d’années mes thés sont exportés dans le
monde entier, constate fièrement Yunseok CHO à son stand lors du Shizuoka Green
Tea Fair, où il gagne chaque fois des prix et des médailles pour ses thés. Cela
fait 20 ans que j’ai appris le métier de mes parents ; jamais je ne
dérogerai à leur devise : « dans
le thé il n’y a que des mains sincères
qui peuvent produire des arômes profonds ».
N°40 Art.3) Le Fukamushi Sencha, d’une solution de secours au haut de gamme.
Au Japon c’est le thé vert « sencha »qui est le
type de thé le plus courant. Etuvées brièvement à la vapeur bouillante pour
arrêter toute oxydation, les feuilles gardent un beau vert brillant et
l’infusion est d’un vert doré transparent. Ce procédé à la vapeur avait été
inventé en 1738 par un producteur de Uji, Nagatani Soen et il confère ces notes
umami typiques au sencha du Japon.
Shizuoka dominé par le Mont Fuji |
A l’intérieur de cette grande famille des sencha on
distingue les thés
** selon la période
de cueillette, avec le premier thé du printemps, le shin cha , ou thé
nouveau, très prisé pour la finesse des ses bourgeons et feuilles, qui est
aussi appelé « ichi ban cha » thé de la première cueillette et suivi par les 2e,3e
et parfois 4e récoltes, appelés respectivement ni ban cha, san ban
cha et yon ban cha.
**selon la durée de l’étuvage :
***soit le mode standard et de très courte durée : environ 30
secondes, ces thés sont appelés Futsumushi sencha, futsu voulant dire
« normal, standard » justement
***soit l’étuvage prolongé ou profond, qui donne le Fuka muchi sencha ,
fuka signifiant profond ou prolongé.
Cette deuxième
méthode date des années 1950 et elle a été inventée suite à une crise du marché
comme suit :Un peu d’histoire pour rappeler que la plus grande région
productrice de thé au Japon est la préfecture de Shizuoka, avec 40% du volume
total. Dans cette préfecture se trouvent plusieurs terroirs, situés à des
altitudes différentes et plus ou moins proche de la mer, l’Océan Pacifique.
C’est le Mont Fuji qui domine cette préfecture et donne aux plantations de thé
une fière allure lorsqu’on peut le voir de loin sortir des brumes qui entourent
souvent son sommet. Le terroir le plus important est celui de Makinohara, qui
s’étend sur les plaines côtières du sud ouest.
plantation à Makinohara |
C’est là qu’on récolte environ
20% des thés du Japon. Parce que le soleil chauffe fort dans ces plaines les
feuilles des théiers deviennent rapidement matures et la tasse devient astringente ;
pour éviter cela les producteurs avaient pris l’habitude de faire du thé noir,
voir oxydé, dés la deuxième cueillette, en juin juillet. Lorsque le
gouvernement a levé les restrictions à l’importation de thés noirs de
l’étranger dans les années 1950, les thés noirs de l’Inde et du Sri Lanka sont
subitement devenu accessibles, beaucoup moins chers et d’un goût très apprécié
des consommateurs japonais. Les thés noirs de Makinohara et des autres terroirs
de Shizuoka sont alors rapidement devenus invendables, ce qui ne pouvait pas
durer.
Les fermiers se sont
donc mis à chercher des solutions pour sortir de cette impasse et c’est
l’étuvage prolongé qui a été ainsi mis au point : un nouveau thé était né.
un fukamuchi sencha |
Cette étape de la production qu’est l’étuvage est cruciale et demande un grand savoir
faire ; selon les parcelles récoltés
la durée de cette opération peu varier de quelques secondes, mais ici
elle est carrément doublée et au-delà puisqu’on étuve pendant 120 secondes et
plus. La feuille ainsi « durement agressée » par le jet de vapeur va se briser et devenir très friable, une
grande partie de ses composants s’approchant d’un état de pré –solubilité. Cela
va donner des tasses d’un vert plus soutenu et d’une certaine opacité avec un goût intense un peu crémeux et une vraie complexité en
bouche.
Ce thé est réellement
clivant
**car l’opacité de la tasse est rejetée par certains
consommateurs qui n’acceptent pas les brisures ;
**par contre la
rapidité et la richesse aromatique de l’extraction dans l’eau chaude de la
tasse et l’onctuosité apportée par les brisures est considérée comme
un vrai avantage gustatif par d’autres.
un fukamuchi bio de Kakagawa |
Au cours des
dernières années cette « solution de rechange » a gagné du terrain,
au point que certains producteurs font du Fukamushi Sencha même avec une
cueillette de printemps, ce qui lui confère définitivement les galons d’un thé
haut de gamme.
N°40Art.4) L'Osmothèque, haut lieu des arômes et parfums, et les liens avec le thé.
des centaines de molécules odorantes |
Alors qu’au début du 20e siècle la ville de
Grasse en Provence était la capitale mondiale du parfum, avec ses plantations
de jasmin, de mimosas, de lavande ce sont les grands de la chimie, à New York
et à Genève, qui ont pris le relais avec des molécules de synthèse.
Les huiles essentielles, distillées à chaud ou à froid,
conservent néanmoins une part importante du marché et on les classes en
fonction de leur provenance
** soit des plantes
** soit du règne animalier.
Les plantes peuvent fournir
matières végétales de base |
Leurs fruits : orange, bergamote, citron,
pamplemousse…..
Leurs fleurs : rose, lavande, ylang ylang, jasmin,
mimosa…….
Leurs feuilles : géranium rosa, menthe crépue,
patchouli….
Leurs racines : iris, vétiver, gingembre….
Leur bois : santal, cèdre de Virginie, bouleau,
cannelle
Leurs gommes : ciste, laudanum, myrrhe, encens…
Divers : les épices et la mousse du chêne
Les animaux offrent à l’homme parfumeur :
L’ambre gris du cachalot
Les divers muscs : du castor du Canada, du chevrotin de
l’Himalaya, de la civette de l’Ethiopie.
Aujourd’hui des milliers de molécules de synthèse s’ajoutent
à cette panoplie offerte aux parfumeurs par la nature, parfois avec grande
parcimonie, il est vrai.
En parcourant
l’énumération ci-dessus on trouve de très nombreuses substances végétales,
fleurs, fruits, feuilles qui servent aussi à agrémenter le thé. A noter que
jasmin et roses en particulier sont utilisées par les Chinois depuis plus de mille ans pour parfumer les thés – cette invention des
thés aux fleurs étant attribuée à la Dynastie des Song( 960 - 1279 ).
Alors que les
parfumeurs classent les senteurs en 7 familles : les hespéridés, florales,
boisées, ambrées, les notes de cuir, de
chypre et de fougères les amateurs de
thé en proposent au moins 9 familles.
Il n’y a pas de documents agrées officiellement sur le plan professionnel international, mais plusieurs experts engagés dans la
formation à la dégustation ont préparé leurs propres outils.
Ainsi Lydia Gautier
propose son joli « Eventails des
flaveurs de thé »© dans son ouvrage 1001 secrets sur le thé, en
établissant un lien entre les couleurs du thé et ses flaveurs typiques.
Sharyn Johnston,
qui a crée Australian Teamasters
la roue des arômes d'Australian Teamasters
s’est attaché à la préparation d’outils
pédagogiques de son coté et a mis au point une « roue
des arômes », © qui est composée de 18 groupes de notes, qui se
divisent ensuite en 94 nuances.
Ce travail de pionnier permet aux dégustateurs
et amateurs de thé de conscientiser leurs perceptions en les nommant, ce qui
affinera encore leur capacité
d’apprécier les subtilités des différentes tasses, notamment de thés de terroir. Un univers envoutant à
découvrir !
N°40 Art.5) Les effets physiologiques du thé, un bref résumé.
Depuis des années de
nombreuses études épidémiologiques constatent les effets bénéfiques de la
consommation de thé. Toutefois il n’y a que peu de travaux qui élucident
définitivement les mécaniques des ses
effets.
Un récent exposé résume une
fois de plus que toutes les familles de thé apportent leurs effets bénéfiques :
les 6 familles de thé , une seule flèche! |
Ces effets sont multiples et
hautement intéressants, notamment d’un point de vue de santé publique dans une
Europe et une Amérique du Nord à la population vieillissante :
Même si la question du lait
ajouté reste controversée, on constate que dans les pays ou l’on consomme
habituellement du thé au lait, comme au Royaume Uni où en Inde, les effets
bénéfiques ne semblent nullement remis en question.
En attendant d’autres
résultats les numéros suivants poursuivront la présentation de plantes qui
agrémentent le thé ,préparées par l’expert de la NPT, Dominique Cairol.
N°40 Art.6) Thés Puer et autres thés sombres frontaliers, deux ouvrages chinois passionnants.
" Going into Kingdom of
Tea Plants ": ce premier livre, difficile à trouver, a été édité par
l’administration de la préfecture de Puer en 2007 ; en plus de 300 pages il
propose l’inventaire détaillé des vieux théiers du Yunnan.
couverture du livre |
En précisant que le thé est cultivé dans ces terres depuis
plus de 1 800 ans et à partir d’une
sélection de théiers sauvages endémiques, le livre indique que cette région
possède 55 types de théiers originaux et qui ont permis de créer une large
palette de 82 cultivars au fil des siècles. Le livre décrit aussi les 45
terroirs où on a trouvé et trouve encore les théiers d’origine et les forêts de théiers naturels, qui sont
exploitées depuis longtemps par les nombreuses minorités locales.
Cette monographie hors normes localise – par GPS – et mesure
et puis « nomme » les plus impressionnants parmi ces théiers ancêtres,
tous plusieurs fois millénaires : comme le théier de Bangwi, comté de
Lancang d’une hauteur de 11,8
m et au diamètre de 3,58 m ou un autre, à
Dongnai, comté de Menglian, d’une hauteur de 21 m et d’un diamètre de 2,4 m ;
il y a une dizaine de ces « monstres sacrés » connus et identifiés.
Consommés par les populations locales ces thés étaient
néanmoins fabriqués principalement pour l’exportation, d’où leur nom de
« border teas » ou « thés frontaliers ».
dos du livre, Amazon ne reconnait pas le no ISBN |
L’ouvrage confirme ainsi bien qu’un courant commercial régulier était
établi entre le Tibet et la Chine des Tang, qui passait le long de plusieurs
routes, partant du Yunnan et du Sichuan ,
gérées par une administration impériale. La plus connue de ces routes allait de
Puer via Dali à Lhassa, une autre de Puer via Jiangcheng et Laizhou à Lhassa et
une troisième partait de Ya’an , dans le Sichuan.
Consacré principalement aux aspects de botaniques et aux
qualités spécifiques des différentes
variétés et cultivars de ces théiers à « grandes feuilles » le livre
fait aussi état de la situation actuelle : en 2007 il y avait dans cette
région 55 900 ha
plantés de ces théiers à grandes feuilles avec une production annuelle de 48 000 t de thés Puer.
"Tibetan Tea" un ouvrage édité en 2005 à compte d’auteur par la Ya’an Tea Company et écrit par LI Chaogui et LI Gengdong est aussi difficile à trouver.
voilà le livre |
Une version anglaise a été imprimée en 2010, aubaine pour les lecteurs Européens, et qui retrace en plus de 350 pages les échanges des thés en provenance du Sichuan principalement, contre des chevaux de guerre des élevages tibétains. Richement illustré il raconte les enjeux autour du thé, les guerres, les épopées dynastiques et les circonstances de ces transports à dos d’hommes et de mules. Il évoque dans un style pittoresque les routes périlleuses qu’il fallait suivre pendant de longues semaines, pour satisfaire une demande impérieuse d’un coté des peuples de hauts plateaux du Tibet pour le thé et de l’autre coté de l’armée des empereurs Chinois pour des chevaux.Ces échanges se poursuivent des Tang aux Song, aux Yuans et aux Ming, et tombent en désuétude seulement sous la dynastie de Qing vers la fin du 17e siècle.
une page pour vous donner envie |
C’est à la fin du 19e siècle que l’Empire
Britannique envahit le Tibet pour faire du commerce et accéder aux richesses du
sous sol, c’est le « Traité de Lhassa » signé en septembre 1904, et
qui ouvre la porte des monastères et
marchés tibétains aux thés de l’Inde.
Puisque la route est bien moins longue de l’Inde vers le Tibet les producteurs
du Yunnan et du Sichuan perdent une partie de leur marché pendant un demi-siècle.
C’est l’annexion du Tibet par la Chine en 1951 et puis la guerre sino indienne,
déclenchée en 1962, qui changent à nouveau la donne dans cette partie du monde.
Notons que la frontière indo chinoise est longue de plus de
3 200km. L’époque pendant la quelle
le Tibet a joué le rôle de « tampon amortisseur » entre les
empires Britannique, Russe et Chinois s’est ainsi terminée par la fermeture
d’une grande partie de cette frontière. Cette fermeture entrainant l’arrêt de tout commerce c’était
le tour de certaines plantations de thé indiennes de péricliter. Ces avatars peu connus
des circuits commerciaux du thé soumis aux pressions politiques depuis des
siècles sont intéressants à découvrir.
un contact possible en vous recommandant de Barbara Dufrene:
Doctor LEI Bo doctorlei@yahoo.com
un contact possible en vous recommandant de Barbara Dufrene:
Doctor LEI Bo doctorlei@yahoo.com
Le numéro 39 du du 30 Novembre 2013: Le Sommaire
Art.2) : Les Thés Chagusaba, Préfecture de Shizuoka,
Japon.
Portrait de Daisuke Hirai et Eiji Matsuura
Portrait de Daisuke Hirai et Eiji Matsuura
Art.3) :
Le 5e World Green Tea Festival au Japon.
Art.4) : Des cosmétiques au thé vert de Shizuoka.
Art.5) : Thé et Science réunis à l’ICOS, au Japon.
N°39 Art.1) Les thés fins de Boseong en Corée du Sud.
Visite découverte organisée lors du « First Korea
World Tea Forum » les 26 et 27 Octobre 2013 pour un groupe de
délégués en provenance de 14 pays,
Chine, Inde, Vietnam, Indonésie, Taiwan, Turquie, Népal coté producteurs de thé
et puis Russie, USA, Royaume Uni, Australie, Singapour, Italie et France coté
consommateurs.
Tous bien arrivés à Seoul, avec les décalages horaires
habituels, et accueillis par William LEE, le Directeur du World Tea Forum, et
son équipe un voyage en car de 5 heures a transporté le groupe dans le SO de la
péninsule, la province du Jeollanam-do. Bordant la mer du Japon au SO de la
province se trouve le comté de Boseong
qui possède de magnifiques plantations de thé, installées là depuis plus de 70 ans et à la réputation
prestigieuse.
on distingue les plantations en collines |
La province possède plus de 2 000ha de théiculture,
dont plus de 50% sont situés à Boseong, qui représente ainsi la plus importante
zone théicole de la Corée du Sud, avec une production aux alentours de
1 500t de thé par an.
La cueillette y débute en avril,
**avec la première récolte qui a lieu avant le 20 avril,
nommée « Woojeon tea », et
qui est qualifié de « exceptional
premium tea » ;
**suivi d’une deuxième récolte de fin avril à fin mai,
nommée « Sejak tea » et
qualifié de « premium tea »,
**suivi de la troisième collecte de feuilles déjà bien plus
matures de juin à aout, nommée « Joongjak
tea », et qualifié de « high quality tea »
** et puis une dernière collecte avant l’hiver, nommée « Daejak tea », souvent
transformé en thés oxydés, ou thés noirs, et aussi utilisée pour des thés en
sachet.
pittoresque et exquis |
Afin de faire apprécier ces thés aux visiteurs plusieurs
séances de dégustation ont été organisées. Certaines tasses ont alors provoqué
des soupirs de délices par la finesse de leurs saveurs et la richesse de leurs
notes ainsi que la qualité de la cueillette. Un assortiment de 12 échantillons
a été remis à chacun au départ, avec les noms des producteurs et leurs prix de vente. Sur les 12 thés 11 sont
« bio » et vert, un seul thé noir, et les prix s’échelonnent de 130€
à 1 500€ par kg !
Sharyn Johnston, la déléguée australienne, qui a fondé
« Australian Tea masters » à Victoria, a déjà dégusté toute la série,
en les notant selon ses critères de qualité, un superbe travail.
La NPT vous les présentera plus en détail dés que possible!
La NPT vous les présentera plus en détail dés que possible!
crédit photo: Sharyn Johnston |
.
Suite à l’important renouveau des traditions culturelles
coréennes liées au thé et à une bonne
reprise de la consommation des nouvelles
plantations de thé ont été installées sur l’Ile de Jeju, à 150km de la
péninsule en direction du Japon. Le terrain volcanique et une très ancienne
économie rurale locale se sont avérés très propice pour le thé. Les méthodes modernes et un
équipement mécanisé très performant ont amené rapidement une forte production
de thés de qualité dans ces plantations assez jeunes, qui datent des années
1980/90. Cela explique que l’on peut s’y procurer des thés moins chers que ceux cueillis dans les collines de
Boseong , aux méthodes traditionnelles
et transmises depuis plusieurs générations.
Justement c’est pour
valoriser ces derniers que le gouvernement
a octroyé une IGP- Indication Géographique Protégée- aux thés du comté
de Boseong en 2009.
A noter que la Corée du Sud a produit 4 500t de thé en 2012 et en importe à peu près autant , chaque année ,notamment de la Chine et du Japon.
N°39 Art.2)LesThés Chagusaba,Préfecture Shizuoka,Japon.
Portrait de Daisuke Hirai et de Eiji Matsuura
Il s’agit d’abord d’un paysage unique, partagé entre champs
de thé et prairies naturelles ; de tels endroits où l’environnement n’a
pas été modifié par l’homme et est resté en harmonie avec la nature se nomment
« satoyama » au Japon et font l’objet d’une attention particulière.
voilà le paysage |
Ici, au pied du Mont Awantake, ces collines autour du
village de Higashiyama dans la préfecture de Shizuoka comptent 182,4 ha de cultures de
thé qui sont entourées de 129,6
ha de prairie d’herbes hautes. Les agronomes
universitaires japonais estiment qu’avant les années 1950 plus de 20% des
terres arables du Japon étaient des prairies naturelles qui fournissaient du
fourrage au bétail et de l’engrais vert aux cultures. L’industrialisation et
l’urbanisation des décennies passées en a éliminé la majeure partie, d’où
l’actuelle prise de conscience pour préserver ce qui en reste.
Le village de Higashiyama en est un bel exemple, car lors ce
que le thé s’y est installé il y a
environ 130 ans les fermiers avaient toujours veillé à garder un équilibre
entre les surfaces à thé et les prairies aux alentours, pour en faire de
l’engrais vert pour le thé.
les pentes du Mont Awantake |
Cette pratique, que les Anglais appellent
« mulching », est très ancienne et consiste à couper les hautes
herbes à l’automne, les hacher menues et puis en recouvrir le sol des sillons entre les rangs de théiers. Cette
sorte de paille hachée retient l’humidité, protège le sol de l’érosion, capte
l’engrais et puis se décompose pendant l’hiver pour nourrir les théiers.
La Préfecture de Shizuoka a donc déposé un dossier auprès de
la FAO pour faire reconnaître ce « Chagusaba » en tant que
GIAHS- en traduction libre :
patrimoine de pratiques agricoles reconnu à l’échelle mondial.
NB : le Bocage Breton avec ses murets de dalles
granitiques a été classé en GIAHS.
Chagusaba signifie « prairies semi-naturelles »
entourant les théiers. C’est pour rendre visible leur engagement que les
fermiers de Higashiyama ont planté une haie de cyprès en 1983 qui dessine le
caractère « cha » et que l’on voit de très loin. Cette communauté de
théiculteurs est limitée à 90 familles, qui se partagent cette surface assez
étroite au pied du Mont Awantake. Leurs grands pères, les awawaccos étaient les
pionniers du fukamuchi sencha, un sencha à l’étuvage prolongé, d’un vert
profond et à la tasse d’un umami intense.
la jeune génération |
Daisuke Hirai et Eiji Matsuura font partie de la jeune
génération ; ils appartiennent à un groupe de 28 familles qui possèdent
ensemble une usine de transformation, où ils manufacturent au fil des saisons
et des cueillettes du Shin Cha, du Fukamuchi Sencha , du Hoji Cha et même des thés oxydés. Lors de la O-Cha Green
Tea Fair passée les deux jeunes ont proposé une dégustation raffinée et très
originale de leurs différents thés, La communication a été difficile, car aucun
d’eux ne parle anglais. Sur la carte de visite par contre on peut constater
aussi tôt leur passion pour ce paysage unique à thé et aux thés exceptionnels
dont ils jouissent ; leurs thés se
nomment « Symbiosis Tea » et leur lieu de production « Bio
Topia », on peut les découvrir sur
le site.
le sencha fukamuchi |
En attendant que la FAO donne suite à la demande de classer
le « Chagusaba » de Higashiyama, dans le Préfecture de Shizuoka, ces
thés méritent d’être connus pour leurs grandes qualités gustatives et leur
culture naturelle.
N°39 Art.3)Le 5e World Green Tea Festival au Japon
L’évènement est
organisé par la « World green Tea Association » fondée en 2 000
pour promouvoir le thé vert du Japon.
Une série de
conférences, accessibles aux professionnels du thé et au grand public
s’accompagne d’une importante plateforme commerciale, qui permet aux sociétés
de thé, aux producteurs et comptoirs de thé d’exposer leurs produits et de
proposer des dégustations.
bel assortiment |
Toutes les régions théicoles sont présentes, il
y a des démonstrations de fabrications manuelles et artisanales et il y a
également des produits dérivés, comme des cosmétiques au thé ou des alicaments
à base de thé.
thés verts au choix |
Un étage entier du
Palais de Congrès a été réservé aux accessoires, aux arts de la table et aux
cérémonies du thé. Potiers et céramistes étaient si nombreux qu’il aurait
fallu une journée pour tout voir. Un concours préalable visant à primer les
meilleurs qualités et les produits les plus innovants a permis d’exposer les produits gagnants dans
les diverses catégories.
Dans ce marché très actif, qui produit et consomme
principalement des thés verts, les différentes sortes de thé et leurs origines
régionales génèrent une vaste offre qui va des thés de grande consommation,
quasi tous en sachets, aux thés fins en feuilles, sans oublier le matcha et les
thés en poudre culinaires et la panoplie impressionnante des thés en bouteilles
et en canettes, prêtes à boire.
les produits gagnants |
En plus de leurs environ 90 000t de thés produits chaque
année dans l’archipel le Japon importe environ 38 000t de Chine, Taiwan,
Indonésie, Vietnam etc. pour satisfaire la demande, ce qui explique la présence
de nombreux fournisseur étrangers à
cette foire.
Recensant environ 40%
de la surface théicole et 45% de la production de thé du Japon la Préfecture de
Shizuoka compte 9 terroirs nommés de thé, qui sont, : Fuji Numazu, Ihara, Honyama, Kawane, Tenryu, Ogasa, Kikugawa, Makinohara et Kakegawa. NB: ctte information provient de M.Teruaki Kazama, en charge des exportations à la "Japan Green Tea CO, Ltd. ,http://www.jp-greentea.com
La culture du thé locale remonte à l’ère Meiji et a commencé vers 1870. C’est dans le terroir de Kakegawa que se trouve le village de Higashiyama et le « Chagusaba ».( voir l’article 2 de ce numéro).
La culture du thé locale remonte à l’ère Meiji et a commencé vers 1870. C’est dans le terroir de Kakegawa que se trouve le village de Higashiyama et le « Chagusaba ».( voir l’article 2 de ce numéro).
C’est lors d’une étude épidémiologique qu’il est apparu que
la population de la Préfecture de Shizuoka avait beaucoup moins de cancers de
l’estomac que le reste de la population japonaise. Le lien entre ce constat et
la forte consommation de thé vert a été rapidement établi et de nombreux
laboratoires sont venus s’installer dans la région. Depuis plus de 20 ans Shizuoka est donc aussi à la pointe de la recherche médicale sur les
bienfaits de thé vert et de ses
divers composants sur la santé. Ainsi le World Green Tea Festival s’est dés
le départ adjoint un congrès scientifique « sur la culture et la science
du thé », ICOS. (voir l’article 5 de ce même numéro).
N°39 Art.4) Des cosmétiques au thé vert de Shizuoka
Elle nous expose ensuite la nouvelle gamme de produits de
beauté, tous fabriqués à partir de feuilles fraîches et/ou d’extraits de
feuilles de théier récoltées localement.
bel étal, prix affichés, documentation à disposition |
La plupart des produits sont enrichis avec des huiles,
extraits etc. provenant également de cultures locales.
Suite à sa richesse agricole et son importante production de
thé, la Préfecture de Shizuoka concentre
un vrai vivier de laboratoires de recherche et de sociétés qui innovent dans le
domaine des alicaments et d’autres
produits apportant des bienfaits même en application externe.
les échantillons |
Ainsi « Soh- Cha » propose une gamme comportant
**un savon faciale
pour femmes, préparé à partir de feuilles fraîches de théier, qui apportent
leur richesse en catéchines,, vitamine C , saponines et ont ainsi une action
nettoyante en douceur et en profondeur. En essayant le mini pain de savon de
30gr , qu’on passe directement sur le visage mouillé, on sent une émulsion
onctueuse se former et s’épaissir, qui laisse la peau fraîche, lisse et
totalement nette après le rinçage . A noter toutefois, que les peaux des
Européennes sont généralement plus fines et moins huileuses que les peaux des
Asiatiques ;
** un savon visage et
corps pour hommes, préparé avec les mêmes ingrédients de base que
ci-dessus, mais enrichi de granules désincrustant et d’extraits de tangerines
de Shizuoka, à l’effet désodorisant et rafraîchissant ;
tout est bien expliqué , transparent , professionnel. |
**une lotion à
l’effet tenseur et hydratant grâce a son enrichissement en huiles de plantes
**un gel hydratant, qui nourrit et apporte des effets anti
âge ;
Presque trop beau pour être vrai, mais aussi parfaitement
tentant !
La documentation
d’accompagnement est rédigée dans un Anglais impeccable et fournit des
informations détaillées, notamment une liste complète d’ ingrédients.
N°39 Art.5) Thé et Science réunis à l’ICOS, au Japon.
100 pages de science! |
La thématique
principale de ce congrès passé a été l’observation clinique des effets
bénéfiques du thé sur la santé. Des conférences importantes ont porté sur
ce sujet et il y a également eu 60
« posters », des résumés de travaux scientifiques, qui ont été
exposés dans une salle annexe.
Une deuxième partie
du congrès a porté sur les aspects
agricoles, botaniques et biochimiques de la culture du théier et des
procédés de fabrication. Ce domaine très important et très vaste a réuni 77 « posters » et
occupé une journée de présentations.
Il est totalement impossible de résumer ces nombreux
travaux, les hypothèses, évaluations et conclusions préliminaires.
Tous les sujets ont été compilés dans un fascicule de 99 pages, intitulé
« Abstracts ».
De ce congrès il ressort néanmoins que la science progresse,
étape par étape, vers une élucidation des divers mécanismes dont on constate
les effets bénéfiques depuis de siècles.
science appliquée |
Cela notamment en ce qui concerne les effets préventifs du
thé, en infusion ou en broyat, vert surtout, mais aussi oxydé, contre
**certains cancers, dont celui du colon
**l’obésité et le diabète
**le syndrome métabolique
**les maladies cardiovasculaires
**certaines maladies neurodégènératives.
Dans cette perspective les agro-botano- bio- chimistes
cherchent à augmenter la présence de certains composants en créant de nouveaux
cultivars, à enrichir la tasse par certains procédés industriels, à isoler
certaines molécules pour les rendre plus facilement ingérable, à utiliser aussi
la matière moins noble, les grosses feuilles ou les déchets de l’extraction,
pour en extraire les substances utiles.
que du bon dans le thé !! |
enrichir et améliorer |
Pour ne pas laisser les lecteurs de la NPT trop sur leur
faim, voici des liens vers des publications récentes dans le « American Journal of Clinical
Nutrition » qui vient de publier 5 résumés importants du dernier
« World Tea & Health
Symposium » qui s’est tenu à Washington, USA en septembre 2012.
« Les polyphenols des feuilles de thé pourraient favoriser la perte de poids »
« Le thé pourrait réduire le risque de certains
cancers »
« Les catéchines du thé ont une fonction protectrice
pour le cœur »
« Les flavonoides du thé pourraient améliorer la
densité osseuse »
« Le thé améliore l’humeur, l’attention et la faculté
de résoudre des problèmes »
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