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N°40 Art.6) Thés Puer et autres thés sombres frontaliers, deux ouvrages chinois passionnants.


 "Going into Kingdom of Tea Plants ": ce premier livre, difficile à trouver, a été édité par l’administration de la préfecture de Puer en 2007 ; en plus de 300 pages il propose l’inventaire détaillé des vieux théiers du Yunnan.

couverture du livre

En précisant que le thé est cultivé dans ces terres depuis plus de 1 800 ans  et à partir d’une sélection de théiers sauvages endémiques, le livre indique que cette région possède 55 types de théiers originaux et qui ont permis de créer une large palette de 82 cultivars au fil des siècles. Le livre décrit aussi les 45 terroirs où on a trouvé et trouve encore les théiers d’origine et  les forêts de théiers naturels, qui sont exploitées depuis longtemps par les nombreuses minorités locales.
Cette monographie hors normes localise – par GPS – et mesure et puis « nomme » les plus impressionnants parmi ces théiers ancêtres, tous plusieurs fois millénaires : comme le théier de Bangwi, comté de Lancang d’une hauteur de 11,8 m et au diamètre de 3,58 m ou un autre, à Dongnai, comté de Menglian, d’une hauteur de 21 m et d’un diamètre de 2,4 m ; il y a une dizaine de ces « monstres sacrés » connus et identifiés.
Consommés par les populations locales ces thés étaient néanmoins fabriqués principalement pour l’exportation, d’où leur nom de « border teas » ou « thés frontaliers ».
dos du livre, Amazon ne
 reconnait pas le no ISBN 

L’ouvrage confirme ainsi  bien qu’un courant commercial régulier était établi entre le Tibet et la Chine des Tang, qui passait le long de plusieurs routes, partant du Yunnan et  du Sichuan , gérées par une administration impériale. La plus connue de ces routes allait de Puer via Dali à Lhassa, une autre de Puer via Jiangcheng et Laizhou à Lhassa et une troisième partait de Ya’an , dans le Sichuan.
Consacré principalement aux aspects de botaniques et aux qualités spécifiques  des différentes variétés et cultivars de ces théiers à « grandes feuilles » le livre fait aussi état de la situation actuelle : en 2007 il y avait dans cette région 55 900 ha plantés de ces théiers à grandes feuilles  avec une production annuelle de 48 000 t de thés Puer.

"Tibetan Tea" un ouvrage édité en 2005 à compte d’auteur par la Ya’an Tea Company et écrit par LI Chaogui et LI Gengdong est aussi difficile à trouver. 

voilà le livre

 Une version anglaise a été imprimée  en 2010, aubaine pour les lecteurs Européens, et qui retrace en plus de 350 pages les échanges des thés en provenance du  Sichuan principalement, contre des chevaux de guerre des élevages tibétains. Richement illustré il raconte les enjeux autour du thé,  les guerres, les épopées dynastiques et les circonstances de ces transports à dos d’hommes et de mules. Il évoque dans un style pittoresque les  routes périlleuses qu’il fallait suivre pendant de longues semaines, pour satisfaire une demande impérieuse  d’un coté des peuples de hauts plateaux du Tibet pour le thé et  de l’autre coté de l’armée des empereurs Chinois pour des chevaux.Ces échanges se poursuivent des Tang aux Song, aux Yuans et aux Ming, et tombent en désuétude seulement sous la dynastie de Qing vers la fin du 17e siècle.

une page pour vous donner envie 

C’est à la fin du 19e siècle que l’Empire Britannique envahit le Tibet pour faire du commerce et accéder aux richesses du sous sol, c’est le « Traité de Lhassa » signé en septembre 1904, et qui ouvre la porte des monastères  et marchés tibétains  aux thés de l’Inde. Puisque la route est bien moins longue de l’Inde vers le Tibet les producteurs du Yunnan et du Sichuan perdent une partie de leur marché pendant un demi-siècle. C’est l’annexion du Tibet par la Chine en 1951 et puis la guerre sino indienne, déclenchée en 1962, qui changent à nouveau la donne dans cette partie du monde.

Notons que la frontière indo chinoise est longue de plus de 3 200km. L’époque pendant la quelle  le Tibet a joué le rôle de « tampon amortisseur » entre les empires Britannique, Russe et Chinois s’est ainsi terminée par la fermeture d’une grande partie de cette frontière. Cette fermeture  entrainant l’arrêt de tout commerce c’était le tour de certaines  plantations de thé indiennes de péricliter. Ces avatars peu connus des circuits commerciaux du thé soumis aux pressions politiques depuis des siècles sont intéressants à découvrir.
un contact possible en vous recommandant de Barbara Dufrene:
Doctor LEI Bo  doctorlei@yahoo.com

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