Au Japon c’est le thé vert « sencha »qui est le
type de thé le plus courant. Etuvées brièvement à la vapeur bouillante pour
arrêter toute oxydation, les feuilles gardent un beau vert brillant et
l’infusion est d’un vert doré transparent. Ce procédé à la vapeur avait été
inventé en 1738 par un producteur de Uji, Nagatani Soen et il confère ces notes
umami typiques au sencha du Japon.
Shizuoka dominé par le Mont Fuji |
A l’intérieur de cette grande famille des sencha on
distingue les thés
** selon la période
de cueillette, avec le premier thé du printemps, le shin cha , ou thé
nouveau, très prisé pour la finesse des ses bourgeons et feuilles, qui est
aussi appelé « ichi ban cha » thé de la première cueillette et suivi par les 2e,3e
et parfois 4e récoltes, appelés respectivement ni ban cha, san ban
cha et yon ban cha.
**selon la durée de l’étuvage :
***soit le mode standard et de très courte durée : environ 30
secondes, ces thés sont appelés Futsumushi sencha, futsu voulant dire
« normal, standard » justement
***soit l’étuvage prolongé ou profond, qui donne le Fuka muchi sencha ,
fuka signifiant profond ou prolongé.
Cette deuxième
méthode date des années 1950 et elle a été inventée suite à une crise du marché
comme suit :Un peu d’histoire pour rappeler que la plus grande région
productrice de thé au Japon est la préfecture de Shizuoka, avec 40% du volume
total. Dans cette préfecture se trouvent plusieurs terroirs, situés à des
altitudes différentes et plus ou moins proche de la mer, l’Océan Pacifique.
C’est le Mont Fuji qui domine cette préfecture et donne aux plantations de thé
une fière allure lorsqu’on peut le voir de loin sortir des brumes qui entourent
souvent son sommet. Le terroir le plus important est celui de Makinohara, qui
s’étend sur les plaines côtières du sud ouest.
plantation à Makinohara |
C’est là qu’on récolte environ
20% des thés du Japon. Parce que le soleil chauffe fort dans ces plaines les
feuilles des théiers deviennent rapidement matures et la tasse devient astringente ;
pour éviter cela les producteurs avaient pris l’habitude de faire du thé noir,
voir oxydé, dés la deuxième cueillette, en juin juillet. Lorsque le
gouvernement a levé les restrictions à l’importation de thés noirs de
l’étranger dans les années 1950, les thés noirs de l’Inde et du Sri Lanka sont
subitement devenu accessibles, beaucoup moins chers et d’un goût très apprécié
des consommateurs japonais. Les thés noirs de Makinohara et des autres terroirs
de Shizuoka sont alors rapidement devenus invendables, ce qui ne pouvait pas
durer.
Les fermiers se sont
donc mis à chercher des solutions pour sortir de cette impasse et c’est
l’étuvage prolongé qui a été ainsi mis au point : un nouveau thé était né.
un fukamuchi sencha |
Cette étape de la production qu’est l’étuvage est cruciale et demande un grand savoir
faire ; selon les parcelles récoltés
la durée de cette opération peu varier de quelques secondes, mais ici
elle est carrément doublée et au-delà puisqu’on étuve pendant 120 secondes et
plus. La feuille ainsi « durement agressée » par le jet de vapeur va se briser et devenir très friable, une
grande partie de ses composants s’approchant d’un état de pré –solubilité. Cela
va donner des tasses d’un vert plus soutenu et d’une certaine opacité avec un goût intense un peu crémeux et une vraie complexité en
bouche.
Ce thé est réellement
clivant
**car l’opacité de la tasse est rejetée par certains
consommateurs qui n’acceptent pas les brisures ;
**par contre la
rapidité et la richesse aromatique de l’extraction dans l’eau chaude de la
tasse et l’onctuosité apportée par les brisures est considérée comme
un vrai avantage gustatif par d’autres.
un fukamuchi bio de Kakagawa |
Au cours des
dernières années cette « solution de rechange » a gagné du terrain,
au point que certains producteurs font du Fukamushi Sencha même avec une
cueillette de printemps, ce qui lui confère définitivement les galons d’un thé
haut de gamme.
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