L’archipel s’étire du sud au nord, du 32e parallèle nord jusqu’au
44e, et les plantations de thé remontent très loin, vers le 36e,
bien plus au nord que les cultures dans les autres grands pays producteurs de
thé.
C’est Honshu, l’île principale qui réunit le plus important volume
de la production traditionnelle. La théiculture s’est étendue de Kyoto, le
siège du pouvoir impérial jusqu’en 1868, vers le nord et la région du Kanto.
Elle s’est ensuite enracinée plus au sud, dans la province de Shizuoka, qui est
devenue le plus grand pourvoyeur de thé du pays avec une part d’environ 40% du
volume, avec des jardins installés autour de la baie jusqu’aux collines et puis
autour de la montagne sacrée du Fujiyama.
A partir des années 1990 le thé a été implanté de manière ciblée
dans l’île de Kyushu, avec un point fort pour les thés ombragés au nord de
l’île dans la préfecture de Fukuoka, autour de Yamé et des cultures très
étendues autour du grand volcan Mont Sakurajima, dans la préfecture de
Kagoshima.
Une statistique du Ministère de l’Agriculture du Japon montre que les
régions de Shizuoka, sur l’île de Honshu, et Kagoshima, sur l’île de Kyushu,
produisent ensemble plus de 60% des thés verts du pays.
Les autres régions théicoles se nichent dans
des endroits propices, mais aux surfaces limitées par les conditions
tectoniques, et leurs apports restent plus faibles en volume. Dans ces petites régions on trouve aussi souvent
de vraies pépites, des thés premium cueillis à partir de cultivars haut de
gamme et aussi des procédés de fabrication différenciés des thés Sencha, qui
représentent la vaste majorité de la production.
Les cartes et graphes ci-joint vous permettront de mieux
visualiser la disposition des grandes îles et la distribution des cultures du
thé dans l’archipel.
Ce sont les producteurs des petites régions qui sont les plus
assidus dans les concours et compétitions, pour faire connaître leurs produits,
qu’ils souhaitent valoriser comme thés d’origine. C’est eux aussi qui
expérimentent en croisant des variétés et en introduisant de nouveaux
cultivars, ou alors en mettant au point des processus de fabrication, comme une
semi oxydation qui se rapproche des thés wulong de Chine.
Selon l’avis d’amis, grands experts en sourcing de thés du Japon,
une famille de théiculteurs peut vivre des revenues d’une plantation familiale
de 3ha, mais alors à condition que tout le monde mette la main à la pâte, les
seniors en premier, qui ont souvent le plus d’expérience et de savoir- faire
dans l’usinage des feuilles. A noter qu’au Japon où la longévité de la population est
légendaire, beaucoup de personnes sont fières de travailler encore à 70 ans et
plus.
Lors de Japan Gourmet Tea Selection Paris 2019/20 (voir à l’Article 6 de
ce numéro) une région a raflé de nombreux trophées, ce qui mérite d’en parler
plus en détail : il s’agit de la Préfecture de Saitama, toute proche de la
capitale de Tokyo, où les thés de la région de Sayama sont en train de retrouver
leur position de thés de grande qualité, exportés jadis en quantité aux USA, du
Port de Yokohama, mais tombés un peu dans l’oubli par la suite. Dans cette
Préfecture se trouvent plusieurs producteurs de la nouvelle génération, qui
misent sur l’approche des thés d’origine et de terroir et qui pratiquent aussi
des procédures de fabrication à l’ancienne, notamment le « Temomi »,
le roulage à la main des plus belles cueillettes.
![]() |
S.E.J.Ihara , le lauréat Y.Hiruma, N.Sale le chef du Jury |
Parmi les maîtres de thé qui
enseignent et soutiennent ce process, qui demande non seulement un savoir-faire
mais aussi un temps de main d’œuvre hors norme il y a Yoshiaki Hiruma, un
passionné qui s’est attaché personnellement au maintien des traditions
ancestrales de la manufacture artisanale des thés verts premium. Il a partagé
le podium des gagnants de trophées le 27 janvier 2020, avec des confrères de
Miyazaki, de Yamé, de Kyoto et de Nagasaki.
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