Arrivé pour la première fois au Maroc vers la fin du 17e
siècle, cadeau de la Reine Anne d’Angleterre,
à l’occasion de la libération d’un otage pris par les bateaux pirates, cette
tasse a alors été immédiatement adoptée par le Sultan Moulay Ismail le fondateur
de la dynastie des Alaouites, qui règne toujours sur le trône du Maroc avec le
Roi Mohammed VI.
Moulay Ismail (1645-1727)
a régné pendant 56 années, fortifiant le pays en centralisant le pouvoir,
engendrant plus de 1.200 enfants, selon les historiens, qui rapportent aussi
que le Sultan n’a jamais appris à lire et à écrire. Les annales de la cour
confirment, que le Sultan buvait du thé tous les jours, depuis qu’il l’avait
reçu en cadeau, et s’en procurait à prix fort par la suite.
Les Marocains se
contentaient à infuser les plantes locales, dont principalement la menthe, qui
y pousse toujours en abondance, et aussi l’absinthe et la verveine. Le café ne
semble jamais avoir pris racine au Maroc, qui a été le seul pays de la région à
ne pas être soumis à l’Empire Ottoman dans le temps.
Le changement arrive dans les années 1850, suite à la
fermeture de certaines routes maritimes à cause de conflits entre grandes
puissances européennes, qui s’affrontent au cours de la guerre de Crimée
(1953-1856). Dans l’impossibilité d’acheminer leur cargo de thé vers les ports
scandinaves, certains marchands de thé britanniques décident de décharger les caisses à
Tanger et à Essaouira, deux ports marocains sur la côte atlantique.
C’est le bonheur pour la population, qui s’empare avec
avidité de ces thés verts de Chine arrivés totalement fortuitement sur le
marché. L’assemblage de ces thés avec la menthe locale est un succès total et
fait immédiatement fureur, tout le monde en veut et la tasse devient
incontournable.
A cette époque la Chine a déjà été obligée d’ouvrir
plusieurs ports, contrainte par sa défaite lors de la Guerre de l’Opium, qui
s’est conclue par le Traité de Nanjing en 1842. Les importations de thé sont
devenues plus faciles et moins lourdement taxées et rapidement le Maroc devient
un gros client du négoce britannique ; les registres de l’époque montrent qu’en 1880 les
importations de sucre et de thé vert représentent un tiers des importations
venant d’Europe.
Après la fin de la 1e Guerre Mondiale et les
bouleversements politiques qui s’ensuivent, la Chine devenue une République
constitutionnelle et le commerce s’ouvrant peu à peu, il devient alors possible
d’établir des relations commerciales directes avec les producteurs de thés en
Chine dans les années 1930. Un jeune négociant marocain dynamique, Haj Hassan
Raji, ouvre alors son commerce de thé à Casablanca en 1936 et organise un
partenariat avec une grande société productrice de thé au Zhejiang. Après
quelques restrictions qui ont suivi la fin du Protectorat Français en 1956 la
libéralisation du marché en 1993 permet de prendre un nouvel élan. Aujourd’hui la famille Raji
est aux commandes d’un groupe important
agro alimentaire, qui englobe aussi la société T-Mandis, à la marque de thé
iconique "Sultan". Entouré par un grand nombre de petites marques, T-Mandis
détient environ 32% du marché du thé au détail. Avec une population d’environ
34 millions d’habitants le Maroc est devenu le plus gros client de
la Chine en important chaque année un peu plus de thés verts, pour un volume
total de 60.000 tonnes en 2015. C'est principalement du thé vert "gun powder " en provenance du Zhejiang.
C’est impressionnant et de bel augure pour les
années à venir, car l’assemblage des thés verts avec la menthe, cueillie fraîche pour le thé à la maison ou séchée, n’est non
seulement très rafraîchissant mais aussi plein de vertus pour le métabolisme,
notamment par son effet antioxydant, favorisant la digestion et allégeant des
problèmes respiratoires.
Ainsi Hamid Raji ,
le fils du fondateur de T-Mandis et PDG actuel de la société, indique que les
opérations promotionnelles auprès des marchés voisins semblent déjà convaincre une partie des
adeptes de thé noir en Egypte, Libye, Tunisie et aussi et Côte d’Ivoire et en Mauritanie de se
tourner vers le thé vert à la menthe.
Des développements intéressants à suivre, des stratégies
marketing tout a faits au point, une tasse séduisante très présente aussi dans le marché européen.
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