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N°64 Art.1 Les petits producteurs de thé

Premier maillon et contributeurs  indispensables de la chaîne  d’approvisionnement ces small holders, comme on les appelle en anglais, fournissent environ 2/3 du volume mondial de thé. Selon les estimations de la FAO les petits producteurs apportent plus de deux tiers du volume en Chine et au Vietnam, environ 60% au Kenya et au Sri Lanka, 35% en Indonésie et 30% en Inde.
au Darjeeling

Ces dizaines de millions de familles cultivent du thé dans leurs parcelles, généralement ensemble avec d’autres cultures, soit vivrières et pour leur propre consommation, soit commerciales comme des épices entre autres. Tout en étant ce maillon de première importance, ces petits producteurs sont aussi le maillon le plus faible. Pour améliorer leur productivité il est donc recommandé de leur apporter des énergies motivantes, notamment sous forme d’un prix rémunérateur, une formation de base et des structures leur permettant un positionnement correcte sur le marché.


Ce sont là des mots qui montrent une  prise de conscience des grands opérateurs, mais leur traduction en faits et actes est lente et parfois à peine entamée.
théiers et légumes photo Rishi

Agir et apporter ainsi des améliorations concrètes est pourtant devenu incontournable pour freiner l’abandon de la théiculture,
**soit par le remplacement des théiers par des plantes plus rémunératrices : tel que le palmier  à huile, en Indonésie et au Bangladesh notamment, ou par le café, au Yunnan ;
**soit par l’abandon des jardins, qui deviennent des friches, comme cela se passe actuellement dans certaines régions  en Assam ou au Dooars, en Inde.
Cette problématique n’est pas réservée au thé seulement, elle est la même pour le café, qui compte environ 25 millions de familles de petits producteurs dans le monde, ce qui représente  environ  125 million de personnes
Les deux cultures, thé et café, demandent beaucoup de main d’œuvre, mais la cueillette du thé est encore plus exigeante, car la feuille fraîche a besoin d’être traitée dans la journée, alors que la cerise de café est moins fragile avec le grain  bien protégé à son intérieur.
Travailler les feuilles, soit par un flétrissage/séchage dans leurs greniers et granges sur place , soit en usine suite à des ramassages dans la journée est donc d’une nécessité absolue et il faut y répondre par la mise en place d’une logistique  appropriée. Les besoins élémentaires des petits cultivateurs de thé ont donc enfin attiré l’attention des instances à la fois gouvernementales et privées, en vu de leur intégration dans des plateformes de regroupement et des coopératives, pour les sortir de l’isolement et reconnaître leur importance économique.
la cueillette du jour

Les objectifs de ces structures sont multiples, les intérêts se situent bien en amont et en aval, des deux côtés, mais la mise en œuvre est un travail de longue haleine.
L’économie mondiale du thé est encadrée, voir gérée, par le Groupe Intergouvernemental –IGG - sur le Thé de la FAO, qui se réunit en session plénière environ tous les 18/24 mois pour faire le point sur l’offre et la demande, dans un souci de les maintenir en équilibre pour que les prix qui restent rémunérateurs. Les incidents de la météo avec des épisodes de sécheresses ou d’inondations, de la politique avec des frontières fermées et des importations irrégulières, des changements d’alliance accompagnés de mouvements de devises etc. ne facilitent pas les choses. Par ailleurs une politique de prévention de plus en plus restrictive de l’UE et d’autres marchés occidentaux impose depuis quelques années des contrôles sur les pesticides notamment. Ces exigences réglementaires excluent maintenant certains pays fournisseurs de l’accès aux marchés Européens, alors que les très grands consommateurs de thé comme la Russie et le Pakistan, et qui ont une législation bien moins rigoureuse, boivent leurs millions de tasses de thé tous les jours sans le moindre effet néfaste  pour la santé public !! bien au contraire ! les effets bénéfiques du thé sur la santé sont largement démontrés et reconnus par tous !
La NPT ne cherche aucunement à polémiquer, mais voudrait attirer l’attention sur un ensemble de  faits économiques qui mérite d’être mieux compris et mieux connu.
Pour mettre en place une meilleure prise en compte des petits producteurs et explorer des solutions leur apportant mise en valeur et rémunération appropriées de leur labeur, l’IGG Thé de la FAO a crée une « Confédération Internationale des Petits Producteurs de Thé » lors de sa session plénière au Kenya en mai 2016.
C’est Rachmat Badruddin, le Président du Tea Board de l’Indonésie qui en a été nommé Chairman ; c’est justement en Indonésie où l’abandon de la théiculture par les petits producteurs a pris des proportions alarmantes depuis une dizaine d’années, il connaît donc bien le dossier et les difficultés de la situation !
vente en bordure de jardin

Plus le pays est vaste et les régions de production espacées, plus il semble difficile de mettre des plateformes en place. Parfois ce sont des grands propriétaires eux-mêmes, et qui comptent sur l’apport des volumes des petits fermiers, qui prennent les choses en main. Ainsi le groupe Indien TPI gère plusieurs jardins en coopérative au Darjeeling et en Assam, facilitant l’accès des petits producteurs à leurs usines et apportant formation et suivi sur le plan des cultures. Il en est de même pour Kabepe Chakra, la plus importante société privée de production de thé en Indonésie, qui a pris en charge des groupements de petits producteurs, en leur fournissant un suivi social, des formations et un cadre collectif motivant ainsi qu’un approvisionnement direct et privatif en énergie par l’installation de micro stations hydrauliques dans certains jardins.
Il est important que les consommateurs soient informés du quotidien au bout de la chaîne, pour contribuer à ce désenclavement  indispensable en acceptant de payer un prix juste.

Dans l’article 2 vous verrez toute une série de réalisations effectives  qui améliorent les conditions de vie des petits producteurs de thé au Kenya, et cela dans une ruralité maintenue constructivement et qui permettent de progresser vers un futur meilleur.

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