Enseignant au Collège de l’Agriculture et des Sciences
de la Vie de l’Université National Chonnam à Gwangju, le Prof.Park est aussi
propriétaire d’une plantation de thé dans la célèbre région de Boseong.
Prof.Park et Madame au stand de "Chunpa" |
Il est par ailleurs le Président de
l’Académie du Thé Coréen et Juge en Chef des concours de qualité et compétition
de dégustateurs, il enseigne également la tradition du thé Coréen. C’est donc
un homme très occupé et il faut prendre RV bien à l’avance pour un entretien.
C’est lors du 5e Boseong Tea Forum, qui s’est tenu à Gwangju du 14
au 17 septembre 2017 qu’il a bien voulu nous donner son avis sur les questions
d’actualité dans le domaine du thé Coréen.
Comme cela arrive parfois, les débuts d’une
structuration de filière passent par des conflits entre terroirs, entre écoles
d’enseignement et aussi entre personnes, un processus de clarification,qui ne
doit pas durer trop longtemps; son grand souhait est donc de voir l'unification des chapelles et factions, pour réunir tous les efforts d'enseignement et de promotion sous un seul organisme faîtier . Il nous confirme que la production de thé en
Corée est estimée aux alentours de 5.000t en 2016, dont environ 40% proviennent
de Jéju, une île volcanique à 200km au sud des côtes, aux terrains riches,
plats et exploités mécaniquement. Les environ 60% restant viennent des régions
de Boseong et Hadong, des terres vallonnées non loin des côtes sud de la
péninsule. Boseong jouit d’un IGP depuis 2005 et les thés fins des premières
cueillettes sont vendus à des prix très élevés, donc difficiles à exporter.
les prix pour 40g |
En 2016 il avait participé à la tea expo avec un joli
stand, présentant son jardin "Chunpa", d’une surface de 5 ha, et où
il produit des thés verts et des thés wulong.
Sur le stand il y avait son épouse et sa belle sœur, les deux en tenue
Hanbok, le vêtement traditionnel. Chaque fois qu’il évoques son jardin de thé son visage
s’illumine d’un sourire heureux, car c’est là qu’il met en pratique une partie
de son enseignement.
Il indique que les cueillettes de printemps sont
faites manuellement, tandis que les feuilles plus tardives sont récoltées avec
des « tondeuses » opérées par une ou deux personnes. Cela se voit bien, car dés que les rangées de
théiers ont un aspect manucuré, c’est tondeuse ou autre machines, alors que les rangées
« un peu échevelées » traduisent la cueillette manuelle. Les
contraintes des coûts de production sont de plus en plus difficiles à gérer,
d’où ce recours aux récoltes mécaniques, devenu incontournable, dès la fin du
printemps.
avec Yeo Yeon et Min A Choo |
L’autre souci capital vise donc l’unification des
structures de la profession afin de mettre au point une stratégie bien ciblée pour la promotion des thés auprès des jeunes générations, qui sont peu
attachées aux traditions culturelles, fortement basées sur le Bouddhisme. Les
programmes d’initiation au thé et à la méditation, proposés pour passer le week
end dans certains temples, attirent les curieux et les touristes, mais ne
semblent pas créer un intérêt réel. L’impact sur la consommation de thé est
faible alors que la soif de café des jeunes Coréens continue à grandir,
hélas !
Cette évolution préoccupe vivement le Prof.Park, et il
cherche des solutions pour rendre le thé plus attrayant, plus actuel, plus
moderne, tout en appréciant l’implication des religieux, dont le célèbre Vénérable du Thé Yeo Yeon, dont les interventions bienveillantes et directes lors de tous les événements du thé sont
toujours appréciées par les médias et le public.
Il y a en Corée un grand problème de barrière de langue, qui rend des échanges quasiment impossibles ; de plus les jeunes
étudiantes bénévoles qui assistent les visiteurs ne connaissent rien au thé, ce
qui surprend !donc les étapes se franchissent
très lentement.
Cela dit, il est impossible de trouver un thé de
qualité dans les relais, cafés et autres kiosques, alors qu’avec les thés verts
en poudre largement commercialisés on pourraient préparer des lattes
froids délicieux et disponibles pour le grand public dans les endroits touristiques , au moins!! Toutefois à condition d’utiliser un lait végétal, car l’extrait
de thé vert avec un lait de vache n’est pas digeste pour les populations
asiatiques, selon Camellia Siow, une professionnelle du thé de la Malaisie qui connait bien la Corée.
Une belle avancée toute récente est le lancement
du "Korean Breakfast Tea", voir l’article 4 de ce même numéro, qui
propose un assemblage élégant de thés noirs bio du pays dans une formulation "occidentale".Mais
il reste encore tellement à faire, notamment pour sortir des traditions trop
rigides et trop attachées aux personnes d’un âge avancé, toute en préservant
les racines du bouddhisme qui valorisent le thé, soupire le Professeur Park.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire