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No 69 Art.1 La Chine, le Numéro 1 mondial du Thé
Chaque
automne, lors de la sortie des Statistiques Internationales du Thé du
International Tea Committee à Londres, on retient son souffle pour découvrir
les données de la Chine. Depuis le début du millénaire la production de thé est
en progression continue, dépassant l’Inde - le no 1 mondial depuis un demi-
siècle- en 2006, pour doubler son tonnage entre 2008 et 2017 et représenter
actuellement près de 45% du tonnage
mondial de 2017, du jamais vu !
Ce tonnage total de thés chinois produit en
2017 s’élève à 2,609 millions de tonnes, récoltées sur 3,059 millions de
hectares de théicultures, ce qui résulte en un rendement moyen calculé
étonnement bas de seulement 830 kg de thé /ha, enfin un "non
record" ! Certains experts l’expliquent en partie par la jeunesse de
nombreux jardins, leurs théiers n’ayant pas encore atteint une croissance
suffisante pour une cueillette mature, cela promet donc du mieux encore pour
les années à venir.
Il existe de centaines de variétés de théiers,
comparable aux différents cépages de nos vignes, et qui se sont développées au
fil des siècles dans des terroirs particuliers, qui se sont aussi diversifiées
par des croisements naturels, et puis qui ont été multipliées et améliorées par
la recherche et la science.
Dans
chaque terroir les feuilles sont travaillées selon des traditions locales, afin
de mettre en valeur leurs arômes et leurs saveurs, ce qui a donné le légendaire éventail des "dix mille thés
de Chine". Pas étonnant que la Chine ait obtenu de très nombreuses
médailles d’or et d’argent lors de l’Exposition Mondiale du Panama en
1915 ! sa première apparition civile en international en toute jeune République,
parce que l’Occident ne connaissait à l’époque que les thés noirs des
exploitations Britanniques en Inde et en Ceylan.
Voilà
un résumé ultra succinct d’un passé glorieux qui a ensuite subi les avatars de la
guerre (1938-1949) et des années Mao Zedong (1950-1976), dont la révolution
culturelle avec des ruptures dramatiques à tous les niveaux. L’agriculture
laissée en friche, les maisons de thé fermées ou détruites, les compagnies et
leurs marques expropriées, les traditions éradiquées et puis oubliées pendant plus
de 40 ans.
C’est enfin sous Deng Xiaoping que le pays et son marché du thé ont commencé
à renaître des cendres vers les années 1980. A partir des années 2000 les thés
de Chine repartent à la conquête de la suprématie globale, dont voilà les
résultats impressionnants.
Les 19 provinces chinoises bénéficiant de
conditions climatiques propices à la théiculture sont divisées en 4 régions
géo- climatiques précises, comme il est très bien décrit dans le "Guide
des Thés de Chine" de Katrin Rougeventre :
**le Sud-Ouest : où se trouvent le
Guizhou, le Sichuan et Chongqing, le Yunnan et le Tibet, région la plus
productive, puisqu’elle comprend le Yunnan, qui totalise 16% de tous les thés
en 2016 et le Sichuan, le no 4 ;
**le Midi de la Chine : qui regroupe le
Fujian, le Guangdong et le Guangxi et l’île de Hainan, actuellement au 2e
rang, puisqu’elle comprend le Fujian, qui à lui tout seul totalise 18% ;
**le Sud du Longue Fleuve : où se
trouvent le Hubei et le Hunan, le Jiangxi et le Jiangsu, et puis le Zhejiang,
région no 3, puisqu’elle comprend le Hubei, qui totalise à lui seul 12% des
thés
**le Nord du Long Fleuve : où se trouvent
le Shandong, le Gansu, le Shaanxi, le Henan et l’Anhui, ici on arrive en
bordure des météos plus frileuses et moins pluvieuses ce qui freine
l’expansion.
Selon
les statistiques Chinoises de 2017 le thé vert continue à dominer largement la production avec 61%, suivi par les thés
sombres 14%, noirs 13%,wulong 10,6%,blancs 1% et jaunes 0,4%.
Fière de cette richesse superbe retrouvée
beaucoup d’efforts ont été déployés pour remettre en valeur les traditions du
passé, à la fois pour les nombreux processus de manufacture de thés fins et
pour les manières cérémoniales de la préparation de la tasse. (voir l'article 6 de ce no).
Depuis une dizaine d’années la consommation de thé en Chine a donc pris un nouvel essor en augmentant de 960 gr par an /habitant en moyenne en 2010 à 1,42 kg en 2017, cela malgré la concurrence récente du café ! A noter le résultat de cet engouement pour le thé : seulement environ 15% des thés produits sont disponibles à l’export.
Depuis une dizaine d’années la consommation de thé en Chine a donc pris un nouvel essor en augmentant de 960 gr par an /habitant en moyenne en 2010 à 1,42 kg en 2017, cela malgré la concurrence récente du café ! A noter le résultat de cet engouement pour le thé : seulement environ 15% des thés produits sont disponibles à l’export.
Les plus grands clients sont le Maroc,
l’Ouzbékistan, le Ghana, la Mauritanie, le Sénégal, le Japon, les USA, la
Russie et l’Allemagne.
A noter
aussi que l’économie est encore en grande partie entre les mains de l’Etat,
avec de grosses structures lourdes gérées par des fonctionnaires qui ne
s’intéressent que peu au produit. Par ailleurs les deux autorités administratives
en charge du thé, que sont la China Tea Marketing Association (CTMA), qui
dépend du Ministère de l’Agriculture
et la
section Thé de la Chambre de Commerce (CCCFNA) qui dépend du Ministère de
Commerce,
ne se parlent pas beaucoup.
Toutefois les opérateurs privés arrivent de
plus en plus nombreux, cherchant à se lancer dans un marketing très pro et orienté
vers l’exportation. Soit qu’ils participent à des Salons et Expos à l’étranger
pour faire connaître leurs spéciali-thés et leurs marques, soit que les nombreux
Salons et Expos en Chine leur permettent de rencontrer de futurs acheteurs.
C’est
là que Hua Ju Chen(HJC) une société privée installée à Shenzhen et qui organise des
Salons commerciaux,a
entrepris une grande opération d’ouverture vers l’International en lançant le "Global Tea Fair" en 2017.
En dehors des 2 sessions annuelles du
Global Tea Fair, qui sont tournées vers l’International HJC propose des
maintenant un calendrier 2019 avec 25 expos-
thé tournées vers le marché domestique, et qui se tiendront dans les
différentes régions théicoles et les grandes villes aux consommateurs avisés.
Cette initiative tout à fait prometteuse vise un développement commercial géré en économie du marché. (voir aussi l'article 4 de ce numéro)
No 69 Art.2 La Recherche sur le Thé devenue indispensable Portrait de Jonathan Mkumbira (PhD) du TRFCA, Malawi
Une fois que les chasseurs cueilleurs du Néolithique se sont
installés et ont commencé à cultiver une partie de leur nourriture ils ont
aussitôt compris que parmi les plantes
il y avait des plus robustes, aux fruits plus gros et à une meilleure
résistance aux incidents de la météo. La sélection est née très tôt de
l’observation. Elle continue de nos jours avec des instruments infiniment plus
performants et des bases de données extrêmement élaborées.
La recherche scientifique organisée dans le domaine du thé
est née il y a une centaine d’années, et parmi les plus anciens Tea Research
Institutes (TRI) figure le TRI de Tocklai, Assam ,Inde,
qui a fêté son centenaire en 2006 et la Tea Research
Foundation (TRF) de Mulanje, au Malawi, qui remonte à une institution crée par
les Britanniques en 1929.
www.trfca.net
, et dont Jonathan Mkumbira a pris la direction en 2014, après le départ de
Albert Changaya vers l’Institut du Tabac, autre produit agricole phare du
Malawi.
Il est un fait que la production commerciale de thé se sert
principalement des deux variétés sinensis et assamica, et puis il y a aussi la
variété cambodiensis, aux feuilles dorées/pourpres, aux plantes plus fragiles
et au rendement plus faible. Ces variétés de base ont leur habitat d’origine, leur port, formes
de ramures et de feuilles typiques, et
donc aussi des profils aromatiques et autres spécifiques. Le china jat supporte
bien les frimas et demande une période de dormance alors que le assam jat
supporte le soleil torride et les pluies torrentielles des plaines tropicales
et que le cambod jat s’adapte, mais préfère aussi une certaine fraîcheur.
A noter que jadis le théier se propageait par ses graines, ce qui pouvait apporter des croisements, générant de nouvelles variétés. De plus il y a l’adaptation à un environnement donné, ainsi en Chine, qui est le berceau du thé, on a vu au fil des millénaires se développer des centaines de variétés locales, en fonction des conditions agro-climatiques de ces terroirs spécifiques .Sont nées ainsi les thés blancs, les thés des rochers, les nombreuses sortes de thés verts aux formes et parfums des feuilles spécifiques, le Long Jing ,le Tie Guan Yin etc. Selon les manuels chinois on dénombre environ 200 sous-variétés différentes, et puis il y a les mille et une façons de les travailler, mais c’est là une autre histoire !
A noter que jadis le théier se propageait par ses graines, ce qui pouvait apporter des croisements, générant de nouvelles variétés. De plus il y a l’adaptation à un environnement donné, ainsi en Chine, qui est le berceau du thé, on a vu au fil des millénaires se développer des centaines de variétés locales, en fonction des conditions agro-climatiques de ces terroirs spécifiques .Sont nées ainsi les thés blancs, les thés des rochers, les nombreuses sortes de thés verts aux formes et parfums des feuilles spécifiques, le Long Jing ,le Tie Guan Yin etc. Selon les manuels chinois on dénombre environ 200 sous-variétés différentes, et puis il y a les mille et une façons de les travailler, mais c’est là une autre histoire !
Au 19e siècle les ingénieurs botanistes arrivent
pour implanter le thé dans les nouveaux territoires coloniales, en Inde, au Sri
Lanka, en Afrique et commence donc l’approche scientifique de la plante.Depuis des progrès incroyables ont permis d’étendre les
surfaces cultivées, de rendre les théiers plus résistants, d’améliorer le rendement,
de raffiner la qualité de la tasse, cela en multipliant les variétés cultivées. A noter
que la quasi-totalité des plantations se fait aujourd’hui à partir de boutures,
ce qui va plus vite, crée des champs très homogènes, mais offre par contre un
terrain plus vulnérable aux maladies et prédateurs.
Mais depuis une dizaine d’années de nouvelles problématiques arrivent, avec une météo de plus en plus atypique, avec des sécheresses et des gels, avec des prédateurs pire qu’avant, avec un manque de main d’œuvre qui nécessite la mécanisation des récoltes. Ces nouveaux défis font donc maintenant parti des dossiers à traiter dans les TRI et TRF, où on ne chôme pas.
Mais depuis une dizaine d’années de nouvelles problématiques arrivent, avec une météo de plus en plus atypique, avec des sécheresses et des gels, avec des prédateurs pire qu’avant, avec un manque de main d’œuvre qui nécessite la mécanisation des récoltes. Ces nouveaux défis font donc maintenant parti des dossiers à traiter dans les TRI et TRF, où on ne chôme pas.
La TRF de Mulanje
s’est dés le départ attachée à la branche "cultivation et horticulture" et son catalogue 2014 de théiers
hybrides propose 36 cultivars, tous obtenus bien entendu par propagation
végétale et tous adaptés à l’environnement spécifique de la région. Il y a
beaucoup de cultivars qui ont été obtenus par des croisements de cambod jats,
et qui offrent des tasses d’un rouge très lumineux, ce que l’on recherche pour
améliorer l’aspect visuel des assemblages plus axés sur le goût. Jonathan
Mkumbira confirme que les problèmes générés par le réchauffement affectent déjà
très sérieusement le Malawi, qui souffre d’un manque d’eau grave. Il est aussi
très fier du catalogue des cultivars et souligne l’importance du partage de ce
patrimoine botanique avec les pays voisins, qui n’ont pas leur propre centre de
recherche comme le Rwanda, le Burundi, le Mozambique, l’Ethiopie. Le dernier
venu étant la Zambie, avec une installation théicole naissante, pour la quelle on s’est
procuré les meilleurs cultivars du TRF de Mulanje.
Pour illustrer le
nombre de paramètres, voilà la liste des caractéristiques d’un cultivar issu de
la recherche scientifique, donc un travail qui demande entre 15 et 25 ans,
voilà une description détaillée du PC304, qui a été mis sur le marché en
2013 : type cambod, port bien étendu, dimensions et poids des pousses et de feuilles, fraiches
et fletries, morphologie des feuilles et pétioles, nombre des ciselures du bord, et puis capacité d’enracinement, comportement en pépinière et une fois
planté en terrain, réaction à la taille formative et aux tailles d’entretien,
réaction à des chaleurs et coup de froid subites, résistance à la sécheresse ,
aux maladies et prédateurs, rendement, temps de «fermentation» optimale, teneur
en théaflavines, potentiel qualitatif pour la tasse, compatible avec la cueillette mécanique et le greffage.
Tous les grands pays producteurs ont un ou plusieurs TRI, la
Chine avec ses 19 provinces aux cultures de thé en a une quinzaine, attachés
aux Universités, avec des poids lourds au Yunnan et au Zhejiang où la China
Academy of Agricultural Science héberge le TRI à Hangzhou,
No 69 Art.3 Le Principe de la durabilité, globalement et appliqué au thé
La population mondiale continue d’augmenter, les ressources
s’épuisent, le réchauffement climatique menace, la faim persiste dans tous les
continents et l’obésité est devenue un fléau des populations urbaines. De plus
en plus de nuages noirs à l’horizon et donc un fort besoin de détente et de
moments de sérénité, que nous sommes nombreux à chercher en savourant une tasse
de thé.
Mais là aussi les média nous rappellent à l’ordre en
évoquant les conditions indignes dans les quelles vaquent certains petits
producteurs, qui cultivent le thé dans les pays d’origine. Donc on va chercher
un label rassurant, comme la grenouille de la Rain Forest Alliance où le sigle
du Fair Trade/Commerce Equitable.
La durabilité englobe
en effet plusieurs aspects et repose sur trois grands piliers : la
préservation des ressources, donc du sol et de l’environnement, la garantie
d’un revenu rémunérateur aux populations exploitantes et la rentabilité
économique des filières, afin qu’elles puissent se développer dans des bonnes
conditions et nourrir les producteurs pour un approvisionnement adéquat des
clients consommateurs.
Tous ces éléments
sont totalement interactifs, reliés et forment un ensemble d’une complexité
énorme. La prise de conscience de la globalité du défi a été confirmée par
l’adoption en 2017 d’une Résolution des Nations Unis sous le titre
« Nourrir le Monde » et qui liste 17 objectifs de développement
durable- SDG : sustainable development goals, dont le no 1 :
éradiquer la pauvreté et no2 : zéro faim.
Résultat de débats de
193 gouvernements participants, ce programme prévoit sa mise en oeuvre
finalisée pour 2030 au plus tard.
La gestion d’une partie de ces objectifs a été
confiée à la FAO (Food and Agriculture Organisation) basée à Rome, en Italie,
et cette liste s’appliquer bien entendu aussi à l’économie du thé :2) zéro faim, 3) assurer une vie en bonne
santé, aussi pour les personnes âgées, 5) égalité hommes /femmes, 6) disposer
d’une eau propre et de conditions convenables d’hygiène, 12) consommation et
production responsables,14) la vie sous l’eau (?), 15) la vie sur le sol.
La FAO est appelée à coopérer avec d’autres instances sur 4
autres objectifs, qui sont également tout à fait transposables à l’économie du
thé, comme suit :
9)développer une industrialisation durable, 13) gestion et
prévention urgente du changement climatique, 8) croissance durable et plein
emploi, 17) renforcement des partenariats.
Cette liste permet de comprendre l’envergure du défi et la
complexité d’une mise en route d’un programme aussi ambitieux ; elle
montre aussi à quel point il est devenu indispensable de gérer l’ensemble des
défis de manière globale.
Au cours du siècle
écoulé le thé et le café sont devenus des boissons incontournables dans le
quotidien de la grande majorité des populations occidentales. Mais ces deux
tasses stimulantes, qui boostent dés le matin et permettent de carburer tout au
long de la journée viennent de loin. Les feuilles et les grains sont en grande partie produits par de très
petites structures agricoles, premier maillon de la chaîne d’approvisionnement
et qui a du mal à se positionner à sa juste valeur.
C’est là qu’il faut
consolider le pilier de la
« durabilité sociale » en permettant des préfinancements des
récoltes, des prix rémunérateurs, des formations des fermiers et la mise en
place de structures, coopératives notamment, pour un accès direct au marché.
Lorsque l’on défriche et élimine la forêt pour agrandir les
cultures, lorsque le sol est appauvri par des monocultures sans entretien
approprié, c’est la le pilier de la »
préservation de ressources » qui demande une gestion avisée, qui va
concerner les arbres d’ombrage, la gestion de l’eau, le bilan carbone des
théiers, les rotations de cultures vivrières, les animaux domestiques qui
fournissent de l’engrais etc. Il y a de nombreuses plateformes qui ont
développé des instruments de mesure, qui permettent d’optimiser ces aspects
agricoles, mais il semble que la plupart de temps on fait appel à eux in
extremis et pour réparer de gros dégâts, au lieu de préparer et de prévenir.
Et puis il faut que la filière soit économiquement rentable,
avec des produits de bonne qualité que les clients souhaitent acquérir, avisés
et contents et donc prêts à payer un prix correct. La bonne santé du pilier de la rentabilité économique amènera une saine
et solide croissance.
Et voilà le modèle
d’un marché du thé durable pour les années futures. Beaucoup d’opérateurs,
qu’ils soient acheteurs, grossistes/ importateurs, distributeurs, détaillants,
professionnels de la tasse et bien entendu consommateurs avisés, considèrent
que ces objectifs sont dans le domaine du réalisable. Ainsi en 2017 la USA Tea Association, qui représente le 3e
plus gros marché d’importation de thé du monde, a lancé un concours annuel pour un championnat de durabilité , la liste
des projets et des sociétés gagnants se trouve sur leur site
No 69 Art.4 De Retour de la "Global Tea Fair" à Shenzhen
Organisé par la Société Hua Ju Chen (HJC) du 13 au 17 décembre 2018, c’était
le 2e événement de ce type, une immense tea expo tournée vers les
pays tiers, soit sociétés importatrices des thé chinois, soit sociétés
d’ailleurs, exportateurs vers l’immense marché de la RPC. Ce qui frappe en
premier c’est la dimension des locaux, la sécurité très ferme avec des
patrouilles qui circulent en continu, la foule qui se presse avec de nombreux
seniors mais aussi beaucoup de jeunes.
Ce qui surprend les visiteurs étrangers qui
découvrent pour la première fois :
* l’agencement somptueux de nombreux stands,
mais absence regrettable d’indications de base en anglais
*de la dégustation dans les règles de l’art proposée
partout
*un désir très fort de vendre à tout prix !!
avec à ces fins des emballages pas chers à faible contenu
*des prix qui semblent élevés lorsqu’on
traduit les Yuan en € , et puis , le dernier jour un flot de démarques, de
-30% à -50%, bon à savoir, qu’il y a de la marge
* une incroyable prédominance des thés sombres
et des thés blancs ; alors que le thé vert représente 60% de la
production, il n’y en a quasiment pas, ni de thés wulong d’ailleurs.
Les accessoires occupent un hall entier, le
choix est immense et très moderne et design, ensuite il y a un hall entier
réservé aux thés puer, avec une section spéciale pour les autres thés sombres
du Anhui et du Hunan et puis il y a un immense stand qui propose le thé sombre
du Guangdong : le liubaocha de Wuzhou, qui fait aussi l’objet d’une
session de débats à la tribune, pour explorer les moyens de faire connaître à
l’étranger ce thé traditionnel et très apprécié en Chine.
Plus loin il y a une section dédiée uniquement
aux thés âgés, avec des stands « musée » qui montrent les paniers de
stockage traditionnels et les emballages pour le transport préparés avec un
tressage de lanières de bambou, c’est coloré et attirent beaucoup de regards.
Une autre section évoque les ustensiles et traditions anciennes pour la
préparation et la dégustation du thé, c’est comme un mini musée et vraiment
joli et reposant à voir.
Presque à l’écart et peu mis en
valeur il y a " le coin" des thés de Taiwan et d’autres pays
producteurs, où sont installés des marques du Laos, de l’ Inde, du Sri
Lanka, peu nombreuses mais tout à fait
intéressants. Nous notons l’absence des thés du Japon et de la Corée, qui
participent seulement pour les poteries et accessoires en laque et les
cérémonies culturelles.
Parmi les exposants un Français, un jeune
ingénieur de l’ENSA de Montpellier, qui est tombé amoureux du thé, au point de
s’installer sur place à Jingmai dans le Yunnan, où la famille de son épouse
fabrique des thés Puer de qualité exquise !!
https://www.farmer-leaf.com/
C’est très diversifié et très riche, il faut
beaucoup de temps pour tout voir, et si vous trouver des produits intéressants,
il sera aisé de les faire emballer et expédier dans de bonnes conditions, tout
est prévue sur place et cela semble bien organisé.
La société HJC a été crée par Yang Wenbiao,
dont la famille est originaire de la région de Chaozhou, Guangdong,où poussent
les célèbres théiers Dancong du Mont Phenix. C’est une société privée aux
nombreuses branches, allant des matériaux de construction à l’organisation de
Salons commerciaux.
On nous dit que la branche des tea expos a été lancée en
2008, c’est donc une superbe occasion pour fêter les 10 ans de cette structure
et aussi son ouverture renforcée vers l’international, qui est très cher au
cœur du patron, car il y voit un avenir brillant, prospère et constructif pour
tous !
600 personnes participent à la soirée
d’anniversaire, chaque table d’invitées est gérée par un maître de thé, qui
sert inlassablement des petites tasses exquises pendant une belle performance
de batteurs de gongs et de tambours. Une ambiance magnifique et très
sobre ! puisque parmi les directives du Président Xi Jinping
figure aussi l’absence de vin et d’alcool servis au cours des
banquets ! les coupes ont donc remplacé les verres !
Dans
le contexte de cette global tea expo HJC a aussi organisé une grande
compétition de qualité : le 8e "Global Tea Cup " et une compétition de "l’Art du
Thé", la 2e du genre, pour donner toute sa place aux
cérémonies du thé traditionnels. (voir aussi l’art.6 de ce numéro)
L’an passé HJC a également ouvert un luxueux
centre commercial qui réunit de nombreuses boutiques de thé, d’accessoires et
autres activités liées au thé, cela s’appelle « Tea York » est se
trouve dans le quartier Bao’an, assez loin du centre- ville de Shenzhen. Le
restaurant qui fait partie du complexe sert de la cuisine cantonaise et il est
toujours complet, fréquenté par les gens qui travaillent et habitent dans ce
nouveau quartier.
Notez
dés maintenant les dates des Global Tea Fairs 2019 à Shenzhen :
**27
au 30 juin et puis 12 au 16 décembre 2019.
No 69 Art.5 Boire du Thé pour le Plaisir et le Bien- être
Il y a une
considérable littérature scientifique qui traite des effets du thé sur la
santé, en soulignant les vertus des différents composants. Bien que l’on manque
encore de preuves sur le fonctionnement des mécanismes au niveau des cellules,
du métabolisme etc on constate surtout l’évidence statistique, qui ne fait plus
douter : boire du thé, plusieurs fois par jour, chaud ou froid, vert, noir
ou autre, mais de préférence sans sucre, cela fait du bien.
La tasse hydrate,
rend alerte et aussi « aimable » et de bonne humeur ! Qu’on se
le dise, encore et encore !
Parmi les molécules qui affectent nos neurones se trouvent
la caféine et la L-Théanine, c’est donc leur teneur dans la tasse qui intéresse
ici.
Alors que la caféine du caféier, qui se trouve dans ses grains et aussi
dans ses feuilles est la même que la caféine qui se trouve dans les feuilles du
thé, et les bourgeons notamment, elle s’exprime de manière bien différente au
niveau des effets physiologiques lors de l’ingestion de la tasse.
Cela s’explique par 3 raisons importantes :
** la tasse de thé standard, infusé avec en moyenne 2 à 3 gr
de feuilles contient moins de caféine que la tasse de café préparé avec une
moyenne de 50gr de café moulu par litre d’eau ;
**la présence de la L-Théanine, un acide aminé qui est
propre au thé et ne se trouve dans aucune autre plante (à l’exception d’un
champignon rare), stabilise l’éventuelle nervosité provoqué par la caféine,
sans pour autant diminuer ses effets positifs sur la vigilance, l’envie de
communiquer, une sensation de détente et de bonne humeur ;
**le niveau et la spécificité des polyphenols présents dans
le thé, qui sont des molécules aux effets anti oxydants, entraine la captation
de la caféine, qui se complexe avec ces polyphenols , ce qui ralentit son absorption
par l’organisme et entraine sa libération lente ; la tasse de thé vous
éveillera donc plus en douceur et pour plus longtemps, ceux qui lisent ,
travaillent, rédigent tard en soirée le confirmeront sans hésiter !
Tout en sachant donc
que la teneur en caféine d’une feuille de thé peut monter jusqu’à 5% et plus,
alors que le grain de café arabica en contient de 0,8 à 1,4% et le grain de
café robusta de 2,0 à 2,6%, les tasses de thé sont donc préparées avec une mise
en ouvre de moins de matière première.
L’exception, parce qu’il y en a toujours une, est le matcha,
une spécialité japonaise, ancienne et traditionnelle, qui est obtenu en battant
des feuilles de thés premium réduites en poudre ; ces gorgées épaisses et
finement amères peuvent vous garder éveillés toute la nuit ! ce qui était
précisément le but recherché par les moines bouddhistes, qui passaient la nuit
entière à méditer en priant.
Il peut être utile de
noter aussi que la teneur en caféine d’une tasse normale va dépendre de la
température et de la durée de l’infusion ; laisser infuser avec une eau
proche de 100° pour au moins 5 minutes va permettre à toute la caféine d’éluer
dans la tasse ! Des mesures effectuées en laboratoire ont par ailleurs
permis de constater que les bourgeons et jeunes feuilles sont plus riches en
caféine que les feuilles plus grosses et plus basses et les cueillettes
tardives. NB : la caféine est amère et repousse les prédateurs, elle
permet à la plante de se défendre, et bien évidemment ce sont les bourgeons qui
font le premier délice des insectes et autres parasites ravageurs.
Ces quelques constats et indications devraient vous
permettre de choisir la bonne tasse pour le bon moment.
No 69 Art.6 Le Gongfucha devenu incontournable pour les tasses de qualité
Un exposé très richement documenté et présenté par Lawrence LC Zhang,
Assistant Professor in Humanities à l’Université de Hong Kong, retrace le
développement du Gongfucha, qui est en passe de devenir la méthode universelle
pour préparer les tasses de qualité en Chine et dans le monde.
Le principe de base préconise une grande quantité de feuilles de thé qui
est infusée dans un très petit récipient, la liqueur est dégustée dans de très
petites tasses, contenant environ 3 gorgées ; selon la variété des
feuilles des multiples infusions sont possibles; un récipient égalisateur
permet de répartir la liqueur de manière équitable entre les convives, il peut
y avoir aussi des tasses à sentir et des outils en bambou, l’ensemble disposé
sur un bateau à thé.
Cette manière de préparer la tasse est donc très différente
de la manière occidentale, qui infuse environ 3gr par convive dans une théière
de bonne taille et cela une seule fois, pour boire ensuite dans des tasses contenant
environ 100 ml.
Lawrence LC Zhang nous apprend que le Gongfucha s’est
développé dans une petite région côtière de la Chine du sud, autour de la ville
de Chaozhou, dans la province du Guangdong, où l’on récolte depuis plus de 600
ans les célèbres thé wulong, que l’on appelle "Fenghuang Dancong".
Les Monts Phenix (Fenghuang Shan) sont une région montagneuse entre le
Guangdong et le Fujian, dominée par le pic du Mont Wudong, au pieds du quel se
trouve la ville de Chaozhou. Sur ses pentes prospèrent les impressionnants
théiers anciens et arbustifs, jadis cultivés à partir de graines d’une
sous-variété locale aux grandes feuilles précoces et particulièrement aromatiques,
nommée camellia Shuixian. Les amateurs de Chaozhou ont donc bénéficié depuis
longtemps de thés d’une qualité réellement exceptionnelle, ce qui explique peut-
être qu’ils ont pris l’habitude de les préparer d’une manière particulière,
pour mettre totalement en valeur à la fois leurs arôme et saveurs aux notes subtiles
de miel, d’orchidée, de cannelle, de fleurs de gingembre etc.
Or Lawrence LC Zhang nous dit qu’il y a trente ans cette
manière que l’on appelle maintenant Gongfucha était totalement inconnue en dehors de la
région de Chaozhou. Selon ses recherches ces pratiques de Chaozhou ont été introduites
à Taiwan par des réfugiés politiques et autres émigrés des régions côtières
et y ont rapidement suscité un réel engouement. Après l’apaisement des fureurs
des perturbations politiques en Chine continentale il était devenu souhaitable
de trouver des moyens vers un retour aux traditions culturelles, de rétablir un "Art du Thé" pour valoriser le produit. Il fallait aussi faire
oublier la mauvaise image des "maisons de thé à l’ancienne",où se
bagarraient des querelleurs, joueurs de carte et autres débauchés. L’introduction
d’un nouveau concept, le Chayi, l’art du thé, a permis le premier pas vers ce
retour. Il fallait ensuite enrichir la manière de faire de quelques empreints
de la cérémonie japonaise du Senchado pour mettre au point un esthétique du
gestuel et de la qualité et disposition des ustensiles. Ainsi il devenait
évident que cet art de la préparation du thé nécessitait un enseignement et
puis une pratique quotidienne. Et c’est donc par Taiwan que le Gongfucha fait
son retour en Chine continentale, vers les années 2002, quand la chaîne
taiwanaise Ten Ren commence à y investir massivement. De nos jours il y a plus de
1300 maisons de thé Ten Fu/ Ten Ren dans toutes les grandes villes de Chine,
qui pratiquent le Gongfucha.
Faire "revivre" aujourd'hui le Gongfucha, comme la pratique
traditionnelle et cérémonie incontournable pour les thés en feuilles de qualité
peut être considéré comme un exemple superbe d’une opération de marketing bien
ciblée, parfaitement menée et complètement réussi. Bien sûre persistent des
pratiques locales, que l’on maintient avec attention. Mais le Gongfucha a
permis de franchir le vacuum, de transcender les ruptures et turbulences du
siècle passé et de redonner toute sa gloire aux dix mille thés de Chine en leur
offrant un écrin prestigieux.
La pratique du Gongfucha est enseignée par de nombreux
instituts publics et privés, dans les universités, même les enfants l’apprennent dans certaines
écoles. Sa mise en valeur se poursuit à travers des compétitions régionales,
nationales, internationales confrontant le Gongfucha aux autres cérémonies du
thé, telles que pratiquées au Japon et en Corée notamment. Partout dans le
monde on trouve aujourd’hui les accessoires nécessaires pour cette préparation
délicate de la tasse, devenue universelle et incontournable et qui accompagne
une offre de thés de Chine de qualité.
Un long article très érudit de LLC Zhang :“A
Foreign Infusion: The Forgotten Legacy of Japanese Chadō on Modern Chinese Tea
Arts”a été publié dans la revue "Gastronomica" spring 2016.
Pour ce début de la Nouvelle Année
La NPT vous présente ses meilleurs vœux pour une belle Année 2019
NB :
En Chine ce sera l’année du « Cochon de Terre » qui débutera avec la
nouvelle lune du 4 février 2019
Après une année 2018
très riche en événements centrés sur le thé, dont notamment
**la 23e session plénière de la FAO IGG Thé à
Hangzhou, PRC en mai
**le 1e « Concours Thés du Monde » de l ’AVPA et
sa remise de prix à Paris le 10 juillet
**la 1e « Tea Masters Cup France » en septembre
**Paris Nihon Cha Award en octobre
**la 4e « Tea Masters Cup International “ à
Hué, Vietnam en novembre
**le 10e anniversaire du Global Tea Fair, à
Shenzhen, RPC en décembre
ainsi que la récente sortie de bels ouvrages sur le thé
comme :
" Portraits de Thé" de Lydia Gautier
"Un Thé chez les Tigres" de Gilles Brochard
La NPT va reprendre
le fil des publications
avec l’objectif de
vous proposer 6 numéros par an
à commencer par le no
69 d’ici peu, qui vous parlera de
*La Chine des thés, numéro 1 du monde
*La Recherche théicole une vraie nécessité
*La Durabilité dans la culture du thé
*De retour de la "Global Tea Fair " de Shenzhen
*Boire du thé pour le plaisir et le bien-être
*Le Gongfucha devenu incontournable pour les tasses
d’exception
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