Chaque
automne, lors de la sortie des Statistiques Internationales du Thé du
International Tea Committee à Londres, on retient son souffle pour découvrir
les données de la Chine. Depuis le début du millénaire la production de thé est
en progression continue, dépassant l’Inde - le no 1 mondial depuis un demi-
siècle- en 2006, pour doubler son tonnage entre 2008 et 2017 et représenter
actuellement près de 45% du tonnage
mondial de 2017, du jamais vu !
Ce tonnage total de thés chinois produit en
2017 s’élève à 2,609 millions de tonnes, récoltées sur 3,059 millions de
hectares de théicultures, ce qui résulte en un rendement moyen calculé
étonnement bas de seulement 830 kg de thé /ha, enfin un "non
record" ! Certains experts l’expliquent en partie par la jeunesse de
nombreux jardins, leurs théiers n’ayant pas encore atteint une croissance
suffisante pour une cueillette mature, cela promet donc du mieux encore pour
les années à venir.
Il existe de centaines de variétés de théiers,
comparable aux différents cépages de nos vignes, et qui se sont développées au
fil des siècles dans des terroirs particuliers, qui se sont aussi diversifiées
par des croisements naturels, et puis qui ont été multipliées et améliorées par
la recherche et la science.
Dans
chaque terroir les feuilles sont travaillées selon des traditions locales, afin
de mettre en valeur leurs arômes et leurs saveurs, ce qui a donné le légendaire éventail des "dix mille thés
de Chine". Pas étonnant que la Chine ait obtenu de très nombreuses
médailles d’or et d’argent lors de l’Exposition Mondiale du Panama en
1915 ! sa première apparition civile en international en toute jeune République,
parce que l’Occident ne connaissait à l’époque que les thés noirs des
exploitations Britanniques en Inde et en Ceylan.
Voilà
un résumé ultra succinct d’un passé glorieux qui a ensuite subi les avatars de la
guerre (1938-1949) et des années Mao Zedong (1950-1976), dont la révolution
culturelle avec des ruptures dramatiques à tous les niveaux. L’agriculture
laissée en friche, les maisons de thé fermées ou détruites, les compagnies et
leurs marques expropriées, les traditions éradiquées et puis oubliées pendant plus
de 40 ans.
C’est enfin sous Deng Xiaoping que le pays et son marché du thé ont commencé
à renaître des cendres vers les années 1980. A partir des années 2000 les thés
de Chine repartent à la conquête de la suprématie globale, dont voilà les
résultats impressionnants.
Les 19 provinces chinoises bénéficiant de
conditions climatiques propices à la théiculture sont divisées en 4 régions
géo- climatiques précises, comme il est très bien décrit dans le "Guide
des Thés de Chine" de Katrin Rougeventre :
**le Sud-Ouest : où se trouvent le
Guizhou, le Sichuan et Chongqing, le Yunnan et le Tibet, région la plus
productive, puisqu’elle comprend le Yunnan, qui totalise 16% de tous les thés
en 2016 et le Sichuan, le no 4 ;
**le Midi de la Chine : qui regroupe le
Fujian, le Guangdong et le Guangxi et l’île de Hainan, actuellement au 2e
rang, puisqu’elle comprend le Fujian, qui à lui tout seul totalise 18% ;
**le Sud du Longue Fleuve : où se
trouvent le Hubei et le Hunan, le Jiangxi et le Jiangsu, et puis le Zhejiang,
région no 3, puisqu’elle comprend le Hubei, qui totalise à lui seul 12% des
thés
**le Nord du Long Fleuve : où se trouvent
le Shandong, le Gansu, le Shaanxi, le Henan et l’Anhui, ici on arrive en
bordure des météos plus frileuses et moins pluvieuses ce qui freine
l’expansion.
Selon
les statistiques Chinoises de 2017 le thé vert continue à dominer largement la production avec 61%, suivi par les thés
sombres 14%, noirs 13%,wulong 10,6%,blancs 1% et jaunes 0,4%.
Fière de cette richesse superbe retrouvée
beaucoup d’efforts ont été déployés pour remettre en valeur les traditions du
passé, à la fois pour les nombreux processus de manufacture de thés fins et
pour les manières cérémoniales de la préparation de la tasse. (voir l'article 6 de ce no).
Depuis une dizaine d’années la consommation de thé en Chine a donc pris un nouvel essor en augmentant de 960 gr par an /habitant en moyenne en 2010 à 1,42 kg en 2017, cela malgré la concurrence récente du café ! A noter le résultat de cet engouement pour le thé : seulement environ 15% des thés produits sont disponibles à l’export.
Depuis une dizaine d’années la consommation de thé en Chine a donc pris un nouvel essor en augmentant de 960 gr par an /habitant en moyenne en 2010 à 1,42 kg en 2017, cela malgré la concurrence récente du café ! A noter le résultat de cet engouement pour le thé : seulement environ 15% des thés produits sont disponibles à l’export.
Les plus grands clients sont le Maroc,
l’Ouzbékistan, le Ghana, la Mauritanie, le Sénégal, le Japon, les USA, la
Russie et l’Allemagne.
A noter
aussi que l’économie est encore en grande partie entre les mains de l’Etat,
avec de grosses structures lourdes gérées par des fonctionnaires qui ne
s’intéressent que peu au produit. Par ailleurs les deux autorités administratives
en charge du thé, que sont la China Tea Marketing Association (CTMA), qui
dépend du Ministère de l’Agriculture
et la
section Thé de la Chambre de Commerce (CCCFNA) qui dépend du Ministère de
Commerce,
ne se parlent pas beaucoup.
Toutefois les opérateurs privés arrivent de
plus en plus nombreux, cherchant à se lancer dans un marketing très pro et orienté
vers l’exportation. Soit qu’ils participent à des Salons et Expos à l’étranger
pour faire connaître leurs spéciali-thés et leurs marques, soit que les nombreux
Salons et Expos en Chine leur permettent de rencontrer de futurs acheteurs.
C’est
là que Hua Ju Chen(HJC) une société privée installée à Shenzhen et qui organise des
Salons commerciaux,a
entrepris une grande opération d’ouverture vers l’International en lançant le "Global Tea Fair" en 2017.
En dehors des 2 sessions annuelles du
Global Tea Fair, qui sont tournées vers l’International HJC propose des
maintenant un calendrier 2019 avec 25 expos-
thé tournées vers le marché domestique, et qui se tiendront dans les
différentes régions théicoles et les grandes villes aux consommateurs avisés.
Cette initiative tout à fait prometteuse vise un développement commercial géré en économie du marché. (voir aussi l'article 4 de ce numéro)
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