Pour voir les derniers numéros cliquez sur ce lien ci-dessous

No 69 Art.2 La Recherche sur le Thé devenue indispensable Portrait de Jonathan Mkumbira (PhD) du TRFCA, Malawi


Une fois que les chasseurs cueilleurs du Néolithique se sont installés et ont commencé à cultiver une partie de leur nourriture ils ont aussitôt compris que parmi les plantes  il y avait des plus robustes, aux fruits plus gros et à une meilleure résistance aux incidents de la météo. La sélection est née très tôt de l’observation. Elle continue de nos jours avec des instruments infiniment plus performants et des bases de données extrêmement élaborées.
La recherche scientifique organisée dans le domaine du thé est née il y a une centaine d’années, et parmi les plus anciens Tea Research Institutes (TRI) figure le TRI de Tocklai, Assam ,Inde,
qui a fêté son centenaire en 2006 et la Tea Research Foundation (TRF) de Mulanje, au Malawi, qui remonte à une institution crée par les Britanniques en 1929.
www.trfca.net , et dont Jonathan Mkumbira a pris la direction en 2014, après le départ de Albert Changaya vers l’Institut du Tabac, autre produit agricole phare du Malawi.

Il est un fait que la production commerciale de thé se sert principalement des deux variétés sinensis et assamica, et puis il y a aussi la variété cambodiensis, aux feuilles dorées/pourpres, aux plantes plus fragiles et au rendement plus faible. Ces variétés de base  ont leur habitat d’origine, leur port, formes de ramures et  de feuilles typiques, et donc aussi des profils aromatiques et autres spécifiques. Le china jat supporte bien les frimas et demande une période de dormance alors que le assam jat supporte le soleil torride et les pluies torrentielles des plaines tropicales et que le cambod jat s’adapte, mais préfère aussi une certaine fraîcheur.


 A noter que jadis le théier se propageait par ses graines, ce qui pouvait apporter des croisements, générant de nouvelles variétés. De plus il y a l’adaptation à un environnement donné, ainsi en Chine, qui est le berceau du thé, on a vu au fil des millénaires se développer des centaines de variétés locales, en fonction des conditions agro-climatiques de ces terroirs spécifiques .Sont nées ainsi les thés blancs, les thés des rochers, les nombreuses sortes de thés verts aux formes et parfums des feuilles spécifiques, le Long Jing ,le Tie Guan Yin etc. Selon les manuels chinois on dénombre environ 200 sous-variétés différentes, et puis il y a les mille et une façons de les travailler, mais c’est là une autre histoire !

Au 19e siècle les ingénieurs botanistes arrivent pour implanter le thé dans les nouveaux territoires coloniales, en Inde, au Sri Lanka, en Afrique et commence donc l’approche scientifique de la plante.Depuis des progrès incroyables ont permis d’étendre les surfaces cultivées, de rendre les théiers plus résistants, d’améliorer le rendement, de raffiner la qualité de la tasse, cela en  multipliant les variétés cultivées. A noter que la quasi-totalité des plantations se fait aujourd’hui à partir de boutures, ce qui va plus vite, crée des champs très homogènes, mais offre par contre un terrain plus vulnérable aux maladies et prédateurs.
 Mais depuis une dizaine d’années de nouvelles problématiques arrivent, avec une météo de plus en plus atypique, avec des sécheresses et des gels, avec des prédateurs pire qu’avant, avec un  manque de main d’œuvre qui nécessite la mécanisation des récoltes. Ces nouveaux défis font donc maintenant parti des dossiers à traiter dans les TRI et TRF, où on ne chôme pas.

La  TRF de Mulanje s’est dés le départ attachée à la branche "cultivation et horticulture" et son catalogue 2014  de théiers hybrides propose 36 cultivars, tous obtenus bien entendu par propagation végétale et tous adaptés à l’environnement spécifique de la région. Il y a beaucoup de cultivars qui ont été obtenus par des croisements de cambod jats, et qui offrent des tasses d’un rouge très lumineux, ce que l’on recherche pour améliorer l’aspect visuel des assemblages plus axés sur le goût. Jonathan Mkumbira confirme que les problèmes générés par le réchauffement affectent déjà très sérieusement le Malawi, qui souffre d’un manque d’eau grave. Il est aussi très fier du catalogue des cultivars et souligne l’importance du partage de ce patrimoine botanique avec les pays voisins, qui n’ont pas leur propre centre de recherche comme le Rwanda, le Burundi, le Mozambique, l’Ethiopie. Le dernier venu étant la Zambie, avec une installation théicole naissante, pour la quelle on s’est procuré les meilleurs cultivars du TRF de Mulanje.
Pour illustrer le nombre de paramètres, voilà la liste des caractéristiques d’un cultivar issu de la recherche scientifique, donc un travail qui demande entre 15 et 25 ans, voilà une description détaillée du PC304, qui a été mis sur le marché en 2013 : type cambod, port bien étendu, dimensions  et poids des pousses et de feuilles,  fraiches  et fletries, morphologie des feuilles et pétioles, nombre des ciselures du bord, et puis capacité d’enracinement, comportement en pépinière et une fois planté en terrain, réaction à la taille formative et aux tailles d’entretien, réaction à des chaleurs et coup de froid subites, résistance à la sécheresse , aux maladies et prédateurs, rendement, temps de «fermentation» optimale, teneur en théaflavines, potentiel qualitatif pour la tasse, compatible avec  la cueillette mécanique et le greffage.

Tous les grands pays producteurs ont un ou plusieurs TRI, la Chine avec ses 19 provinces aux cultures de thé en a une quinzaine, attachés aux Universités, avec des poids lourds au Yunnan et au Zhejiang où la China Academy of Agricultural Science héberge le TRI à Hangzhou,


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire