Classé comme Site Patrimonial Agricole par la FAO depuis 2012
ce terroir exceptionnel fait partie de la trentaine des sites SIPAM- Système
Ingénieux du Patrimoine Agricole Mondial- enregistrés officiellement.
C’était aussi le premier « terroir théicole »
classé ainsi, suivi depuis par l’enregistrement du Integrated Teagrasslands –
Chagusaba- de Kakegawa, Préfecture de Shizuoka, Japon en 2013 et de la culture
du jasmin pour parfumer les thés verts de Fuzhou, Province du Fujian, Chine en
2014. Cette sélection concerne des sites de traditions agricoles particulières et locales
qui sont à maintenir et à faire revivre pour les qualités exceptionnelles de
leurs productions et pour leurs aspects environnementales
en tant que systèmes agricoles régionales et durables.
Dans le dossier de
candidature établi par les responsables
du site de Jingmai et qu’ils ont ainsi soumis à la FAO sont listés de
nombreux détails qui le mettent en valeur en soulignant d’abord son ancienneté
considérable et ses dimensions
exceptionnelles.
Situés à l’extrémité
sud ouest de la Chaîne de Monts Hengduan, un hot spot de biodiversité connu des
scientifiques du monde entier comme faisant partie des plus impressionnants,
les Monts Jingmai s’étirent entre les sommets des Monts Nuogang, d’une altitude
de 1.600m et la haute vallée de Nanlang, à 1.100m. Là les forêts des anciens
théiers couvrent une surface de plus de 16.000ha regroupés autour des trois villages de Manggeng-Mengben,
Jingmai-Dapingzhan-Nuogang et Mangjing.
On y trouve plus d’un million de théiers
anciens , dont les plus âgés ont plus de
1.400 années. Avec environ 10% des arbres qui ont entre 500 et 1.000 années et
30% qui ont entre 300 et 499 années les ingénieurs ont établi l’âge moyen des
arbres du biotope à environ 200 ans. C’est donc ici que l’on trouve le plus
grand ensemble de parcelles de théiers anciens du monde.
du Gu Shu Puer venant d'arbres âgés |
Cet écosystème a été crée par l’homme au fil des siècles,
c'est-à-dire par les minorités locales que
sont les Boulang, Hani, Dai et Wa. C’est eux qui ont façonné la culture des
théiers en lisière de forêt en les installant comme plantes de sous bois. Ils ont
utilisé les graines et les plantules issues de génération spontanée, qu’ils ont repiqué, pour arriver ainsi à une domestication progressive de ces théiers arbustives. Ainsi au fil des siècles ils ont
crée ces vastes ensembles de forêts de théiers tout d’abord pour leur propre
consommation. Et par la suite ils en font aussi le commerce des feuilles séchées. On sait que des
marchés et des échanges réguliers existent depuis le 3e siècle de notre aère.
Les recherches scientifiques et les agronomes ont identifié
plusieurs variétés de théiers, aux noms exotiques et que l’on ne trouve nulle
part ailleurs, tel que le Jinggu Dabei ou le Camellia Talliensis. Cela permet
de comprendre et d’expliquer les qualités parfois uniques de certaines
cueillettes régionales.
un Jingmai Moonlight White |
Pour vous donner un exemple, voilà un thé incroyable,
inventé dit-on par un maître de thé de Taiwan vers les années 2000, le Yue
Guang Bai, ou Moon Light White . Difficile à classer puisqu’il est manufacturé
selon la manière d’un thé blanc, mais à partir d’une cueillette fine : 1
bourgeon et 2 feuilles, en provenance de théiers anciens du terroir de Jingmai.
D’où la querelle qui continue à faire rage : est- ce un thé blanc ou un
thé puer ? ou un thé puer blanc ??
Plusieurs producteurs en proposent pour le délice des
amateurs avisés, dont William Osmont , installé sur place à Jingmai.
Ensemble avec son épouse Yubai, qui elle
est originaire des lieux, ils ont crée
la société « Farmer Leaf » qui s’est lancée dans une production très
éclectique de thés fins, en provenance principalement de leurs propres jardins .
Ces thés de Jingmai méritent à être appréciés, à la fois
pour le savoir faire de leur production et pour la qualité des arbres dont
proviennent les cueillettes, un ensemble de critères qui fait pleinement honneur à ce site patrimonial.
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