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N°67 Art.2 Les petits producteurs du Bangladesh- Portrait de Mosharraf Hossain


L’histoire de la République populaire du Bangladesh commence en 1971, après une longue guerre de libération pour obtenir son indépendance du Pakistan, auquel cette ancienne province du Bengale Oriental avait été rattachée lors de la partition de l’Inde en 1947.


 Avec ses 163 millions d’habitants le Bangladesh est le 3e pays musulman du monde, et parmi les pays les plus densement peuplés. Occupant un territoire de 144.000 km², il se trouve dans le plus grand delta fluvial du globe, traversé par le Gange, le Brahmapoutre et la rivière Meghna et leurs nombreux affluents, qui coulent tous vers l’immense Baie du Bengale pour s’y jeter. Pendant des siècles cette ouverture maritime avait apporté commerce et richesse à cette région qui faisait alors partie de l’Empire Moghol ; par la suite le Bengale Oriental avait été le joyau de l’Empire Britannique des Indes.
 En 2016 le Bangladesh figure comme numéro 9 sur la liste des producteurs de thé, avec une production de 83.000 tonnes (t), avant le Japon, qui n’a produit que 77.000t. La théiculture du Bangladesh remonte à la colonisation britannique et a été installée dans la partie est où se trouvent les collines autour de Sylhet et en amont du port de Chittagong. Il y aura bientôt 200 ans que ces immenses plantations de thé allaient de l’Assam vers le Tripura, mais depuis la nouvelle configuration politique et donc les nouvelles frontières, c’est l’Inde d’un côté et le Bangladesh de l’autre.
les nouvelles plantations du nord ouest

Dans les pays musulmans la consommation d’alcool n’est pas autorisée, le thé remplit donc une fonction importante comme vecteur de l’hospitalité et il est l’incontournable tasse du quotidien, du matin au soir. Alors que les statistiques officielles montrent une belle augmentation du volume de + 41,6 % en 10 ans, le rendement des plantations anciennes semble ne plus suffire pour satisfaire la soif de thé des Bengalis, et le pays importe depuis quelques années du thé noir de l’Inde et du Kenya.
Disposant de sols fertiles l’agriculture est un secteur économique très important, le jute ayant été un grand pourvoyeur de revenus. Malgré une importante activité de constructions les zones rurales restent pauvres et le gouvernement cherche des solutions pour améliorer les conditions de vie des petits cultivateurs.
le pionnier des nouveaux
territoires du thé,
Mosharraf Hossain

En 2000, et après des études de terrain très ciblées Mosharraf Hossain, un planteur de thé et consultant du Tea Board du Bangladesh propose de lancer la culture de thé dans une zone aride du nord- ouest, à Panchagarh, dans le district de Rangpur. Cette petite région au nom de Tetulia se trouve dans le voisinage du Terai indien, et à environ 60km de Siliguri, la porte du Darjeeling. Le concept de base vise une motivation forte des familles rurales pour se lancer dans le théiculture, sur des terres qui leur appartiennent, avec une formation pointue, des conseils et du matériel botanique fournis gratuitement par la Tetulia Tea Co.Ltd fondée par Mosharraf Hossain.
Pour le lancement du projet il avait obtenu une aide de 520.000 USD du CFC, le Fonds Commun pour Matière Premières Agricoles de l’ONU. Et il a vu juste ! Après quelques années seulement la terre avait repris des couleurs, les parcelles de théiers plantées densement et bien ombragées prospèrent à vue d’œil. Fier des résultats obtenus depuis la création de Tetulia Tea Co. en avril 2000, Mosharraf Hossain précise que la société possède deux usines et travaille avec environ 10.000 fermiers, tous propriétaires de leurs terres et qui sont des partenaires. D’autres industriels se sont depuis installés en montant 7 autres usines, qui rachètent et transforment une partie des récoltes. En 2016 le volume de production a atteint   plus de 4.500t de thé, des thés noirs CTC de bonne qualité conventionnelle et qui obtiennent d’excellents prix à la vente aux enchères à Chittagong.

NB :Attention:ces thés dont la culture a été lancée ex nihilo par Tetulia Tea Co.Ltd.ne doivent pas être confondus avec les thés de la  marque américaine « Teatulia », qui propose des thés bio qui ont été cultivés également dans cette même région.
exclusivité des USA
Ce beau jardin a été lancé sous le nom de Kazi & Kazi fin 2000 par le plus jeune des trois fils de la famille Kazi Ahmed sur des terres appartenant à leur importante société familiale ; la culture y a été conçue dès le départ totalement en  bio. En plus des théiers y prospèrent aussi de nombreuses plantes à infusion, bio aussi, évidemment. Afin d’ accéder au marché USA en y exportant ces thés, la société de commercialisation «  Teatulia » a été créée en 2009 à Denver, Colorado, aux USA ensemble avec une ancienne collègue d’Université, Linda Apple Lipsius ; la marque  propose depuis quelques années une gamme de thés premium, notamment des thés verts, wulong et blancs, qui remportent chaque année des prix aux Championnats de Thés Américains- NATC.
Lors de la 2e Tea Expo, organisée à Dhaka en février 2018 par le Bangladesh Tea Board
  plusieurs trophées ont été remis par le Premier Ministre, Sheikh Hasina, dont pour :
**Tetulia Tea Co Ltd , primée pour ses résultats de pionnier en théiculture et pour l’ amélioration importante des revenues des petits  agriculteurs locaux, à Mosharraf Hossain, le 1er à gauche
** Kazi & Kazi, primé pour ses bons résultats à l’exportation, avec la marque Teatulia, et Kazi Nabil Ahmed est le 3e de gauche.


Pour conclure il est vraiment intéressant de constater que les petits propriétaires sont souvent les mieux motivés pour fournir des récoltes de thé de qualité, qu’ils plantent dans un panachage de cultures sur leurs terres : il est toutefois important de leur donner  l’assistance nécessaire pour accéder au marché le plus directement possible, pour une rémunération valorisante  et qui ne doit pas être résorbée par les méandres des opérateurs intermédiaires.




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