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Le Numéro 35 du 22 mai 2013 "Le Sommaire"





Article 1 : « Les Thés de la Tanzanie »



Article 2 : « C’est la relève à l’ITC à Londres »
                     Portrait de Norman Kelly, PhD,



Article 3 : « Cueillette manuelle contre cueillette mécanique »



Article 4 : « Londres et ses Thés »



Article 5 : « Deux nouvelles études affirment les effets bénéfiques du thé »

N°35 Art.1 »Les thés de la Tanzanie »




Quatrième producteur de thé du continent africain, après le géant Kenya, l’Ouganda et
 le Malawi, la  Tanzanie a produit 32 300 t de thé en 2012.
 Ce sont des colons allemands qui ont introduit le thé en 1902, dans les montagnes d’Usambara.

     Reprise ensuite par des colons britanniques, la culture du thé a été étendue
     à une autre zone plus au sud, et lors de l’indépendance de la gouvernance
     britannique, en 1961, les exportations de thé avaient atteint le volume
      très significatif pour l’époque d’environ 7 000t.

 C’est en 1963 que le Tanganyika intègre la petite enclave côtière arabe de Dar es Salam avec les
 deux îles de Zanzibar et de Mafia et alors cette République fédérale prend  le nom de Tanzania.
un peu de géographie

Avec une surface de 947 000km² et une population de près de 45 million d’habitant ce pays possède la plus  haute montagne de l’Afrique : le mont Kilimanjaro, ainsi que  plusieurs grands lacs  et des parcs naturels célèbres pour leurs animaux sauvages,
 dont  le Serengeti .
Aujourd’hui la production de thé a plus que quadruplé et représente un revenue non négligeable pour ce pays aux ressources principalement agricoles


      L      L’économie du thé est gérée par le TBT : « Tea Board of Tanzania », 
      qui énumère les régions théicoles actuelles comme suit :
     ** la plus ancienne, ouverte par les colons allemands dés 1902, à l’est du pays,
      près de la ville de Tanga, où le thé est cultivé dans les districts de
      Lushoto,Muheza et Korogwe , autour de la chaîne
      des Montagnes Usambara


**la deuxième, ouverte par les Britanniques dans les années 1925, s’étire entre les Montagnes
 Livingstone et le Lac Malawi et comporte les districts de Rungwe et Mufindi
**la troisième , au nord ouest du pays et près du Lac Victoria a été ouverte après l’indépendance et
comporte les districts de Bukoba et Mulewa.

 La production provient pour 50% de grandes plantations industrielles qui appartiennent aux grands
 groupes agro alimentaires, les autres 50% sont récoltés par les petites structures agricoles et des
 milliers de fermiers qui vendent leurs feuilles fraîches aux usines de leurs districts.
 La Tanzanie compte actuellement 19 usines qui produisent des thés noirs CTC et 5 unités
 industrielles d’empaquetage de thé. Une moitié de cette production part aux enchères à Mombasa
dans le Kenya voisin, environ 20% sont consommés par la population locale et le reste est vendu
directement aux grands pays importateurs, Pakistan, Royaume Uni, Russie etc.
Avec la demande ferme du marché depuis plus de trois ans et  qui soutient des prix rémunérateurs,
le « TBT »est en train de défricher de nouvelles zones à culture de thé et projette d’augmenter la
production de + 10 000t dans les 5 ans à venir.
la boutique

Découverte au cours d’une récente promenade à Londres d’une jolie boutique de
 « Thés deTanzanie », 
 installée dans Burlington Arcade,
 le chic du chic :" Luponde Tea".




On y apprend que cette plantation a été crée en 1954 ; 
nichée à environ 1 200m d’altitude dans les Montagnes Livingstone 
elle a été rachetée en 2008 sur un coup de cœur par  de jeunes Britanniques qui
ont investi dans la certification « commerce équitable » et « bio »; ensuite ils ont 
lancé une petite production de thés orthodoxes, verts et noirs ,
 en vente dans leur boutique et via le net. 
Sur leurs 730ha de thé plus de la moitié est « bio » et ils exploitent aussi 20ha de plantes à
 tisanes, notamment verveine,menthe et camomille.
Luponde tea  photocredit Luponde
Toute l’équipe locale de production est présentée sur le site ainsi que toute la gamme de leurs thés
et infusions. Une aventure intéressante et très valorisante pour les thés de la Tanzanie.  

N° 35 Art.2"C’est la relève à l’ITC à Londres"



Portrait de Norman Kelly, PhD.

Cela aura fait 20 ans que Michael James Bunston, que tout le monde appelle « Mike », préside aux activités de l’Iternational Tea Committee, ITC, qui siège à Londres depuis 1933. 
Il a exercé cette présidence comme « honorary chairman », donnant son temps et ses compétences  bénévolement et à volonté, depuis qu’il a pris sa retraite de Wilson&Smithett, négociant en thé en 2005.
Homme de thé depuis son entrée chez « Lyon’s Tea » en 1959 comme stagiaire, pour devenir associé de « Wilson&Smithett » en 1975 il a donc passé de longues années dans le métier. 
dernier jour au bureau avec Manuja Peiris

Négociant en thé  extrêmement bien introduit auprès des  pays producteurs africains il a été appointé comme Président de la Bourse de Thé de Londres pendant 15 ans, jusqu’à sa fermeture définitive en  1998. Les longs séjours en Afrique et  notamment au Rwanda et en Ouganda lui avaient conféré cette capacité d’être à la fois écouté et à l’écoute, faisant de lui  l’intermédiaire idéale entre marchés producteurs et consommateurs.

C’est maintenant la relève, puisque lors de la session plénière de l’ITC le 2 may 2013, à Londres, Mike a annoncé son départ pour  ensuite accueillir chaleureusement son successeur, élu à l’unanimité, Norman Kelly.
le nouveau Chairman, ses VP, et son prédecesseur

Originaire d’une famille d’agriculteurs de l’Irlande du Nord , Norman a fait ses études de « chimie agricole » à l’université de Belfast et puis de « nutrition animalière » à l’université de Glasgow, où il a obtenu son doctorat –Ph.D.- en 1977.
Embauché ensuite par Unilever il a longtemps travaillé dans la recherche agroalimentaire en Angleterre. Plus tard il est muté en Tanzanie, où il dirige la filiale locale d’Unilever toute en poursuivant son travail de recherche dans le domaine des plantations et cultures, et notamment du thé. Parmi les objectifs de son équipe l’amélioration des théiers sous tous les aspects.
 Personnellement très engagé dans les questions de l’environnement, en faveur de la bio diversité  et convaincu de la nécessité de prendre soin de « la planète » par une gestion durable,  il devient le chef de file du groupe Unilever chargé du dossier de l’agriculture durable.
En 2004 il quitte la Tanzanie pour s’installer au Kenya, où il devient Directeur de Développement de « Unilever Tea Kenya ». En charge du Centre de Recherches du groupe à Kericho il est aussi responsable de la chaîne de l’approvisionnement et de toute la filière qualité, de l’arbuste à la tasse. 
Il quitte le groupe Unilever fin 2006 pour devenir ensuite Directeur Exécutif du « Ethical Tea Partnership », -ETP-  un organisme sans but lucratif qui cherche à gérer de manière intégrée toutes les certifications éthiques et durables  de la filière thé, de la production à la commercialisation.
www.ethicalteapartnership.org
Il quitte l’ETP comme Président  fin 2011.
Depuis il a été appointé comme représentant permanent à Londres du « Indonesia Tea Board », qui fédère les producteurs de thé de l’Indonésie. Son chairman, Rachmat Badruddin, présent à la session plénière, se félicite vivement de l’élection ce jour même de Norman Kelly à la présidence de l’ITC.
une pause thé bienvenue

Comme président on lui adjoint  2 Vice Présidents, Ian Gibbs,negociant de thé et représentant de la Malawi Tea Association à Londres et Mangat Ram Sharma, le représentant du Tea Board of India à Londres.
La NPT reviendra sur l’ITC et sa nouvelle équipe dans un prochain numéro.


N°35 Art.3« Cueillette manuelle contre cueillette mécanique »



 Une présentation passionnante par Nigel Melican, un « grand monsieur du monde du thé » et qui fait réfléchir. Ingénieur botanique de formation Nigel a travaillé de longues années en Afrique et sur d'autres continents et pour le groupe Unilever. Dans ses archives il a de nombreuses données sur les différentes variétés et cultivars de thé qui produisent notre tasse de tous les jours dans les grandes plantations industrielles. Après avoir quitté Unilever, il y a 20 ans,  il a monté sa propre société de conseil ,expertise et fourniture . « TEACRAFT »  propose de l'assistance dans tous les domaines scientifique et technologiques concernant le thé.
Il évoque les médias qui parlent des grèves de cueilleurs au Kenya, qui craignent la mécanisation et des grèves des cueilleurs au Darjeeling, qui demandent de meilleures payes. Le ramassage quotidien des feuilles est à l’évidence un enjeu capital dans un monde où la production a augmenté de presque 50% depuis 10 ans.
voilà comment cela fonctionne

Une enquête récente auprès des groupes de cueilleurs en Inde, au Sri Lanka et en Afrique montre que
**d’un coté on s’oppose à la mécanisation, de crainte de perte d’emploi,
**de l’autre coté et à l’unanimité les cueilleurs considèrent leur métier comme dur et ingrat et souhaitent que leurs enfants soient assez éduqués pour pouvoir « fuir » les plantations et vivre et travailler en ville.
Il est maintenant admis que le métier de cueilleur est physiquement vraiment très dur ; de ce fait les grandes structures en font une question de CSR : Corporate Social Responsibility à traiter en priorité, mais ces grands groupes ne couvrent qu’environ 2/3 du marché.
engin portatif

Les perspectives se dessinent donc vers une plus nette distinction entre
** thés fins et cueillette manuelle
**thés tout venant et cueillette mécanique.
Les premiers appareils destinés « à tondre «  la table de cueillette étaient des sortes de « taille haies », opéré par 1 personne; l’utilisation de l’outil permet de quadrupler le volume de feuilles, opéré par 2 personnes , cela devient 10X plus.
En terrain plat il y a des tracteurs cueilleurs, développés au Japon il y a plus de 30 ans déjà, est le volume devient 30X plus, et puis pour les immenses plantations, en Afrique notamment, il y a des engins « sur rail » qui vont tellement vite que le volume devient 50X plus.
A l’usine les tiges seront éliminées, bien sûr !
les tiges sont éliminées

Avec le progrès technique cela semble  la voie incontournable pour l’avenir.
Notons aussi qu’il faut au moins 3 mois au théier pour adapter sa croissance à ce  nouveau mode de prélèvement  mécanique. Les études semblent montrer que les machines stimulent la croissance et la repousse des feuilles.
théiers "manucurés" signifie cueillette mécanique

Cette « croissance verticale », plus de feuilles pour une même surface, est donc la piste principale pour satisfaire une demande qui continue à augmenter.

N°35 Art.4 "Londres et ses thés"



Depuis plus de 150 ans le Royaume Uni est le plus gros importateur de thé de l’Europe.
Depuis 2005 ce volume importé tourne aux alentours de 155 000t, dont environ 15% sont re exportés.
La consommation moyenne par habitant britannique s’élève  à 1,92 kg par an en 2011, alors qu’elle était encore 2,17 kg par an en 2004-2006.
D’où viennent ces thés ?
bons thés noirs ,assemblages 

Les statistiques indiquent que le gros du volume arrive du Kenya avec 71 000 t, puis du Malawi avec 13 500 t, des autres pays d’Afrique avec 11 000 t
et puis  de l’Inde avec 24 000 t, de l’Indonésie, avec 11 300 t
et puis de Chine : avec 6 000 t, pour nommer  les principales origines.
des thés du Darjeeling, mais pas du printemps 2013!

Ce ne sont pas des origines « éclectiques », car au Royaume Uni on préfère encore de loin les tasses robustes préparées avec des sachets de bons assemblages de thés noirs, au lait !
Les thés fins en feuilles se frayent leur chemin, pas à pas, et on en trouve depuis quelques années dans les deux grandes épiceries fines de luxe que sont Harrod’s et Fortnum’s.
Et puis il y a une superbe curiosité, un thé britannique, cueilli dans les serres d’un ancien fief en Cornouailles, arrosé par le golf stream, qui s’appelle Tregothnan. On y cultive le théier depuis 2006, avec un gros projet d’agrandissement des plantations. Les chiffres sont absolument « top secret » d’aucuns parlent de 50kg, d’autres de 200 kg d’autres de 1 000 kg.
un thé britannique,surprise! photo S.Parulis

Avec un très bon marketing, ce thé britannique a attiré l’intérêt des Chinois qui veulent le commercialiser dans une maison de thé de luxe à Shanghai.
Les origines  de grande qualité, comme le Japon, Taiwan, les thés rares de Chine  ne sont pas du tout courantes à Londres.
Même les First Flush 2013 du Darjeeling, très présents à Paris dès la mi avril 2013, ne semblent pas encore être arrivés à Londres.
C’est peut être pour cette  raison que de nombreux touristes britanniques viennent faire leurs emplettes de thé fins en France.

N°35 Art.5« Deux nouvelles études affirment les effets bénéfiques du thé »




Deux récentes publications scientifiques sont à ajouter à la liste déjà longue des « études positives » :
**Une étude australienne , publiée dans le « British Journal of Nutrition » a porté sur 1 063 femmes âgées de plus de 75 ans, pendant 5 ans, en comptabilisant leur ingestion de flavonols, en provenance du thé et d’autres aliments. La conclusion relève une réduction du risque de 62% des incidents  cardio-vasculaires.
L’équipe scientifique présume qu’une importante consommation de thé vert joue un rôle dans la prévention des attaques cérébrales et des maladies cardio-vasculaires. Cet effet est du à la forte teneur du thé en poly phénols, le thé vert en contenant entre 30%et 40%, contre seulement 3% à 10% pour le thé noir.
Les auteurs : K.L.Ivey, J.R.Lewis et al.
les poly phénols, tableau de Conrad Astill.


**Une étude japonaise, publiée dans le journal de l’AHA, l’American Heart Association,  a porté sur l’observation pendant 18 ans de 53 000 femmes et de 47 000 hommes au Japon. Effectuée par le « Centre National du Japon pour les pathologies cérébrales et cardio-vasculaires »cette étude a conclu que la consommation d’une tasse de café ou de deux tasses de thé vert permet une réduction de 14% des accidents vasculaires cérébrales.
 Ce chiffre remonte à 20% avec une consommation de 4 tasses de thé vert par jour.
 Les chercheurs ont considéré que la principale molécule responsable de cet effet préventif est la caféine, qui agit comme un psychostimulant et améliore de manière importante le profil pondéral. 
teneurs en caféine, tableau de Conrad Astill.

En deuxième ils citent les poly phénols, abondants et dans le café et dans le thé vert qui agissent comme capteurs des radicaux libres, à l’encontre du vieillissement des cellules.

Cette étude a été e.a. présentée par le « Figaro » du 10 mai 2013 dans la page "sciences".