Pour voir les derniers numéros cliquez sur ce lien ci-dessous

Le Numéro 41 du 31 janvier 2014: Le Sommaire



Art.1) : Les Thés du Rwanda en 2013 



Art.2) : Il importe le premier des thés fins en République Tchèque 
             Portrait de Petr Zelik



Art.3) : Les célèbres Thés Wulong de Taiwan



Art.4) : Les nouveaux thés bio du Rwanda



Art.5) : Le clou de girofle, incontournable dans nos thés de Noël
             Par Dominique Cairol


N°41 Art.1 "Les Thés du Rwanda en 2013."


Depuis juin 2012 - et le rapport du N° 25 de la NPT - les thés du Rwanda se sont trouvés sous les projecteurs, puisque la" 2e Africa Tea Convention and Exhibition"  a été accueillie à Kigali en août 2013. Réunissant plus de 350 délégués, venant de 32 pays, et 29 exposants, le récent développement de l’agriculture de Rwanda, pays hôte, y a été commenté en détail.
Avec son gouvernement stable sous la présidence de Paul Kagame, élu avec une majorité massive en 2003 et ré élu en 2010, le pays poursuit une croissance exemplaire. Les exportations de thé, de café et de minerais sont des éléments clés, ensemble avec le tourisme, qui bénéficie de la sécurité exceptionnelle qui règne au Rwanda pour mettre en valeur les beaux paysages du Parc des Volcans et les gorilles de montagne, espèce rare et remarquable.
les régions du thé

Installées sur une surface d’environ 15 000 ha les plantations de thé appartiennent pour une petite moitié aux « blocs industriels » et pour une grande moitié aux petits fermiers, regroupés en coopératives. 12 usines de thé, toutes privatisées depuis 2004, exploitent leurs propres champs de thé et transforment également les cueillettes des 19 coopératives et de leurs plus de 42 000 membres.
Ces 12 usines opérationnelles sont : Nyabihu, Rubaya et Kitabi,Pfunda, Mata, Gisakura, Gisovu, Sorwathé, Mulindi, Shagasha, Nshili-Kivu et puis Karongi.
Il y a 4 nouvelles usines en cours de construction :Rutsiro,Mushubi, Muganza-Kivu et Gatare.
 Plus de 72% des thés sont cultivés à une altitude supérieure à 1 800m, ce qui explique leur réputation de grande qualité, établie de longue date ! En 2012 le Rwanda a produit 22 600t de thé générant un revenu d’exportation de 65,7 million de $..
Hélas en 2013 la production a souffert de plusieurs mois de sécheresse, d’où un manque à gagner important, que le retour des pluies en septembre passé n’a pas pu effacer. Le gouvernement a donc décidé de distribuer 13 millions des plants de théier aux fermiers  afin de favoriser une bonne croissance des récoltes dans les années à venir. L’objectif annoncé par les instances gouvernementales est de doubler la production pour atteindre 42 000t en 2017 !
Depuis que la Chine permet à nouveau l’accès à  l’immense variété de ses thés un vent nouveau a commencé à souffler incitant les autre pays producteurs d’aller vers des nouveaux thés, de sortir de la production « de volume » et de profiler leurs meilleurs qualités comme des thés d’origine et thés de marque. L’Afrique n’est pas en reste et plusieurs sociétés du Rwanda se sont investies dans cette direction.
des thés verts de marque

La première compétition des thés africains, en juin 2011, a ainsi primé les thés de Gisovu et les thés de Kitabi, la deuxième compétition a primé des thés de Sorwathé et de Kitabi. Pour le moment une seule des usines dispose de l’équipement pour faire des thés en feuilles/thés orthodoxes : c’est Sorwathé, la première usine privée, installée sur les hauts plateaux du district de Rulindi depuis 25 ans. De son coté Rwanda Mountain Tea s’est lancée dans la fabrication de thé vert  et Gisovu a mis sur le marché eu superbe thé noir CTC, sous la marque « Silverback », le nom donné aux gorilles de montagne.
Cela bouge fort et certains thés fins d’origine du Rwanda sont maintenant disponibles en France, en Allemagne, en Belgique.
un thé noir, de marque 

Notons que les cafés fins du Rwanda jouissent déjà d’une bonne notoriété depuis plusieurs années, grâce aux concours réguliers organisés par ACE- Association of Coffee Excellence dans de nombreux pays producteurs de café.
Cette visibilité demande non seulement un suivi dans l’excellence de la  qualité mais aussi un investissement dans le marketing et la communication. Bénéficiant du fait que les plantations de thé  sont beaucoup plus récentes que celles de l’Asie et en majorité en altitude, il est évident que les champs ont moins recours aux pesticides, puisqu’il n’y a que peu de ravageurs. S’y ajoute un autre atout majeur : la certification de « Rainforest Alliance », qui oblige à un retour à la nature et au respect de l’environnement par le recyclage complet des  eaux et tous les autres matériaux après utilisation. On ne jette plus rien, on composte et on recycle, avec une ingéniosité joyeuse ! Tout le monde y retrouve son compte : les oiseaux se réinstallent en bordure des champs, parce que les grenouilles prospèrent à nouveaux dans les ruisseaux propres, les copeaux de bois sont compactés pour faire des habitations  dans les villages, toutes sortes de fleurs pompent les eaux usés.
chaudière au bois à l'usine de thé
Chaque usine possède une surface boisée importante, plantée d’Eucalyptus principalement, un bois qui se renouvelle rapidement et qui aliment les chaudières des usines, pas de fumée de charbon nulle part !
Une deuxième étape vient d’être franchie : certains producteurs sont maintenant certifiés « bio » pour une partie de leurs plantations de thé !
A lire dans l’article 4.





N°41 Art.2 " Il importe le premier des thés fins en République Tchèque" : Portrait de Petr Zelik


 Après un demi-siècle de régime communiste c’est en 1989 que le « Rideau de Fer » se lève en fin. Cela a permis aux nombreux pays de l’Europe de l’Est de redécouvrir l’économie de marché et de bénéficier de  l’ouverture des frontières. Partagés jadis entre l’Empire des Habsbourg, le Royaume de Pologne et l’Empire de Russie  une partie des nations de  l’Europe de l’Est a renégocié la création de nouveaux  Etats individuels, et 8 parmi eux ont rejoint l’Union Européenne en 2004 : la Pologne, l’Hongrie, la République Tchèque, la Slovaquie, la Slovénie et les 3 pays baltes : Lituanie, Lettonie et Estonie. 




Petr Zelik a une vingtaine d’années lorsque la Révolution de Velours de 1989 rétablit l’entreprise privée. Il avait déjà appris à connaître des thés fins au cours d’un stage chez le géant du thé allemand « Teekanne » . C’est avec eux aussi qu’il découvre sur place  le Sri Lanka et ses plantations et manufactures de thé en 1992. Sa passion se cristallise et en 1993 il crée sa société «  Oxalis », dans sa petite ville natale de Slusovice, dans le sud-est de son pays. 
le fondateur de "Oxalis"
A  l’époque personne ne connaissait les thés d’origine en feuilles ; sur les étagères de magasins d’état le thé était noir et en sachets. Petr Zelik est parfaitement conscient qu’il part à l’aventure et devra défricher son terrain pour créer une demande pour des produits encore inconnus des consommateurs tchèques. Mais les frontières sont ouvertes, les ménages s’enrichissent peu à peu, les touristes commencent à arriver et les habitants locaux se montrent avides de nouveautés de qualités.
21 années plus tard Oxalis compte 110 salariés, cinq magasins dans Prague, la capitale aux toits dorés, et une quinzaine de magasins  et corners dans les autres 13 régions  de la République Tchèque.
Pour satisfaire ses clients une petite  sélection de cafés gourmets complète le catalogue depuis 1999 ; extrêmement éclectique  le tonnage d café reste à environ 15% des 450 t de thés importées par Petr Zelik chaque année.
parfois on peut déguster sur place

Parce que  la pression du quotidien s’accélère il a été décidé depuis peu de proposer certains thés fins en feuilles aussi en sachets pyramides, vivement appréciés par les clients. Le Catalogue 2012/2013 contient pour la première fois des fournisseurs de la Corée et de  Taiwan et depuis peu l’équipe compte un ressortissant Chinois, pour faciliter l’approvisionnement en thés d’origines de la R.P.Chine!
La démarche innovante entreprise en 1993 par ce  patron visionnaire est donc un vrai succès et qui continue à « cartonner ». Pour le moment il n’a toujours pas de concurrents  dans son pays ni dans les pays voisins ; ses plus importants clients se trouvent en Pologne, le plus grand marché consommateur de thé de cette partie de l’Europe, avec une consommation moyenne de 0,800 kg / an, NB : en France ce chiffre est de 0,280kg/an.
Afin de faire progresser ce développement Petr Zelik est en train de préparer un système de « magasins en franchise », il pense que ce sera en Pologne que le premier ouvrira ses portes.
vaste choix

Chaque année il visite des pays producteurs pour sélectionner ses thés qu’il continue à acheter en direct. La panoplie des ustensiles s’élargit aussi chaque année. Un autre secteur grandit également : ce sont les plantes à infusion, pures ou mélangées aux divers thés, qui font l’objet d’une demande florissante. Avec l’Allemagne se sont les pays de l’Europe central et de l’est où la tradition des infusions de plantes est très ancrée depuis toujours et fait donc l’objet d’une consommation au volume considérable.

Ravi des progrès accomplis et plein de projets pour les années à venir Petr Zelik exprime un seul petit regret :  parmi ses très nombreux clients étrangers – il exporte dans 37 pays- il n’y a pas un seul client français ; cela s’explique sans doute par le fait qu’ en France il y a depuis longtemps déjà des importateurs de thés fins de très grande réputation

N°41 Art.3" Les célèbres thés wulong de Taiwan"

Cette île, séparée de la Chine continentale par le détroit de Formose, se trouve juste en face de la province du Fujian, patrie des thés wulong.
NB : Wu Long veut dire « dragon noir », la NPT utilise l’orthographe pinyin, qui est  la translittération officielle des caractères chinois.
Taiwan prolonge donc d’une certaine manière cette terre propice au thé avec un climat qui est encore plus doux. Les plantations s’étendent sur environ 14 000 ha. Il y a du thé des plaines côtières aux flancs des  collines et puis jusquà certaines cimes de la chaîne centrale de montagnes qui courent du nord au sud de l’île.
pour vous orienter un peu

Et quels thés ! Les graines, boutures et plants apportés du Fujian par des agriculteurs migrant vers l’île au fil des 3 siècles passés s’y sont bien acclimatés et ont fort bien prospéré. Sous l’occupation japonaise ( 1895 à 1945) les cultures des thés wulong ont été étendues encore. En 1903 les Japonais ont crée un "Institut de Recherche pour le Thé "afin d’améliorer la matériel botanique existant pour augmenter les rendements et pour raffiner les tasses déjà de qualité supérieure. Ces travaux de croisements sélectifs effectués par des ingénieurs botanistes, agronomes et autres sont très longs. Il faut compter en moyenne 25 ans pour qu’un nouveau cultivar puisse être officiellement enregistré et  arrive enfin au stade de la commercialisation auprès des agriculteurs planteurs de thé.
profil des altitudes

Au cours de cette centaine d’années passées de nombreux cultivars ont été développés, dont une petite dizaine remporte toutes les médailles et produit des tasses de grande réputation recherchées par les amateurs de thé du monde entier.
Voilà une petite introduction des  wulongs les plus célèbres :
**le Wenshan Baozhong : cultivé dans la région  de Wenshan, c’est un wulong très vert, oxydé entre 5% et 15%, aux feuilles longues et torsadées, comme celles de thés des rochers du Wuyi Shan ; généralement manufacturé à partir du cultivar Qing Xin, à la croissance lente et au  feuillage dense et fortement veiné ; recherché pour ses arômes floraux rafraîchissants il a une bonne longueur en bouche et parfois des notes finales crémeuses.
**le Dong Ding : cultivé dans les environs de Lugu c’est le premier wulong de Taiwan qui a été roulé en billes ; avec une oxydation entre 20% et 25% sa tasse florale  est agrémentée de notes fruitées, avec une texture robuste et une bonne longueur en bouche ; cultivar :Qing Xin ;
**le Bai Hao ou Beauté Orientale : 
beauté orientale 
cultivé dans le nord de l’Ile c’est le plus oxydé des wulong taiwanais avec 50% à 60% ; cueilli en principe une seule fois par an, en début d’été c’est un thé très cher ; la tasse à liqueur foncée possède des note suaves uniques au miel et aux pêches mûres. On dit que ces saveurs proviennent de la morsure d’un insecte qui provoque une réaction chimique dans les composants de la feuille. NB : Bai Hao se traduit par pointes blanches, un aspect caractéristique de ce wulong très recherché. Cultivar : Qing Xin principalement, aussi du Jin Xuan.
**le Jin Xuan ou #12, ou "milky wulong " ou " nai xiang " : est cueilli sur le cultivar de même nom, qui signifie « lys d’or » et a été crée dans les années 1980. Remportant un succès immédiat pour ses notes crémeuses et briochées  inhabituelles et exquises ce thé est oxydé entre 15% et 20%. Ce cultivar au rendement élevé est de plus résistant aux maladies ;  implanté dans la plupart des régions il est  le numéro 2 en volume.
milky wulong
**les wulong de haute montagne ou gao shan wulong : nommés  ainsi parce que cultivés à partir de 1000m d’altitude et jusqu’à plus de 2 000m, dans 4 zones montagneuses, qui sont Alishan (Jiayi), Shanlinxi (Nantou), Lishan (Taichung), et Dayuling (Hualian), ces thés sont faiblement oxydés. Les cultivars utilisés, Qing Xin et Jin Xuan s’adaptent au climat des cimes, leurs feuilles s’épaississent et contiennent moins de tannins. 
gao shan d'hiver **

Célèbres pour leur récoltes d’hiver, ces thés donnent des tasses aux notes intenses florales et fruitées et sans aucune astringence. A noter que ces récoltes d’exception sont toute petite, difficile à obtenir quelques kilos, même au prix fort. Ces cueillettes se caractérisent par le fait que l’on prend tout le haut de la branche, bourgeon deux feuilles et la tige, qui génère une partie de la saveur.
NB/Il y en a d’autres, comme le Taiwan Tie Guan Yin et le Taiwan Foshou et  aussi les Si Qi Chun et Cuiyu, que  la NPT  évoquera dans un prochain numéro.
**photo: tea trekker





N°41 Art.4 "Les nouveaux thés bio du Rwanda, à découvrir."

Appréciés pour la qualité de leur tasse les thés du Rwanda continuent à sortir du lot. Cultivés pour plus de 70% en altitude, ces thés passaient déjà pour les meilleurs à la Bourse du Thé de Londres dans les années 1980. 
Beaucoup de progrès depuis, de nouveaux cultivars, de nouvelles usines et une industrie complètement privatisée depuis 2004.
La première structure privée a été l’usine de Sorwathé – Société Rwandaise du Thé- construite sur les hauts plateaux du nord dans la province de Rulindo. Financée par la société américaine Tea Importers ,à la quelle le gouvernement avait fait appel dans le contexte d'une ancienne amitié née autour de ces thés, elle ouvre ses portes en 1977.
la collecte

Notons aussi qu'aujourd’hui le Rwanda exploite 18 cultivars; en fonction de l’exposition de ses terres chaque usine va gérer 4 à 5 des cultivars les plus adaptés. Ces cultivars ont été en grande partie développés par l’Institut de Recherche sur le Thé du Malawi, dont le SFS 204, qui a été mis sur le marché en 1980. Supportant bien la sécheresse  et donnant  une tasse robuste et très cuivrée ce SFS 204 a remporté beaucoup de succès au Rwanda.
Retour à l'usine de Sorwathé, qui  transforme la cueillette en provenance de ses propres 260 ha de cultures et  des 940 ha des villageois voisins. Ces 1 200 ha de thés s’étendent dans une plaine  à plus de 1 800m d’altitude, anciennement un immense marécage qui avait été asséché avec des fonds de l’Union Européenne dans le cadre d’une aide au développement. Situés ainsi de chaque coté d’une colline les deux anciens marécages se nomment Cyohoha et Rukeri, alors que l’agglomération la plus proche se nomme Kinihira. Les cueilleurs habitent en partie dans leurs propres villages aux alentours et en partie dans le village qui s'est progressivement installé en face de l’usine. Les terres de cette haute vallée et des collines autour sont partagées entre
** les plantations de thé,
** les bois cultivés pour fournir du bois à bruler – Sorwathé en possède 500ha de forêts d’eucalyptus pour ses 260 ha de thé – et les villageois au moins autant pour fabriquer le charbon de bois pour leurs cuisines et pour vendre au marché
**les cultures vivrières pour nourrir les familles et leurs bétails.
le compostage bio

On mange fort bien ici, il y a fruits et légumes en abondance, dont l’ibinyomoro, traduction : la prune du Rwanda, un fruit indigène délicieux.
Toutes les plantations du Rwanda sont certifiées Rainforest Alliance et Commerce Equitable, mais seule Sorwathé s’est lancée depuis peu dans le thé bio. Comme l’agriculture biologique interdit le recours aux molécules chimiques servant d’engrais et de traitement phytosanitaire, les parcelles de thé bio de Sorwathé ont leur propres installations de compostage bio et de fabrication de purin de tournesol. Cela sent fort mauvais, pire que notre purin d’ortie mais l’efficacité est totale.
Les thés bio sont collectés dans des caissettes jaunes et transportés dans la nouvelle annexe de l’usine, où est installé l’équipement pour la fabrication des thés en feuilles ou orthodoxes. A ce jour Sorwathé est la seule a en  posséder, toutes les autres fabriquent des thés CTC, hachés en particules et destinés principalement aux sachets. 
la pépinière bio
A coté de ces parcelles bio se trouve la pépinière des boutures bio, qui contient actuellement 15 000 plantules ; la pépinière des thés standards se trouve à l’autre bout des 260ha et contient 30 000 plantules.
Avec ce lancement de thés bios Sorwathé a franchi un nouveau pas vers une valeur ajoutée supplémentaire, ce qui est formellement encouragé et apprécié par le gouvernement.
Ces beaux thés bio délicats et riches en bourgeons dorés sont maintenant sur le marché en Allemagne et aussi en France.

A découvrir absolument pour une prochaine dégustation !
le résultat de ces efforts!

N°41 Art.5"Le clou de girofle, incontournable dans nos Thés de Noël" par Dominique Cairol


 Le clou de girofle nous est bien connu du pot-au-feu de nos grands mères. De nos jours il fait aussi partie de la plupart des compositions de thés de Noël, ensemble avec la cannelle, le gingembre, la cardamome. Cette épice culinaire  a une saveur puissante, chaude et piquante. On l'appelle « clou » à cause de son aspect d'un petit clou d'environ 10mm de long orné d'un petit bouton. Cette épice a une très longue histoire. Pour l'Europe elle commence avec Marco Polo qui a incité beaucoup de ses contemporains à explorer la route des épices en apportant de nombreuses indications sur leur provenance, tout  en rectifiant les légendes propagées autrefois par les commerçants arabes. Vasco de Gama fut le premier à découvrir le passage du cap de Bonne-Espérance et ouvrir ainsi en 1498 la route maritime des Indes en remontant les côtes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Arabie. Il revint de son voyage, les cales pleines de cargaisons de noix muscade, clous de girofle, cannelle, gingembre et poivre. Comme dans nos autres présentations, on fera un petit rappel historique et de botanique, puis
on évoquera ses différentes utilisations.


Le clou de girofle est connu depuis des milliers d'année. 
Il a fait l'objet d'un commerce entre l’île de Ternate (situé dans l'archipel des Moluques) et la Chine depuis 2500 ans. Endémique dans le Nord de l’Indonésie le giroflier est cultivé depuis des lustres dans les îles Moluques (Leur nom vient de Jazirat al Muluk, « l'île des rois », que leur donnaient les marchands arabes) de Ternate, Tidore, Bacan. On y plantait un giroflier pour fêter la naissance d'un enfant, croyant que le destin de l'enfant et de l'arbre était lié. Le naturaliste romain, Pline l’Ancien (né en 23 après J.-Ch.), est le premier savant Européen à mentionner le « cariophyllon » qu’il décrit comme ressemblant au poivre. Au IIe siècle, le médecin grec, Claude Galien, recommande de traiter les maladies de l'abdomen avec un remède contenant, entre autres, du girofle. A l’époque c’étaient les commerçants arabes qui importèrent le clou de  girofle en Europe. 
la route des Indes
Suite au voyage de Vasco de Gama, les Portugais s'installèrent dans l'archipel des Moluques (en 1511) et s'en assurèrent le monopole pendant 300 ans, jusqu’en 1816. Par la suite les girofliers furent introduits dans d'autres pays. Déjà les marchands arabes avaient implanté le giroflier en Afrique de l'est vers Zanzibar. Avec le développement de la navigation des plants furent introduits en Inde. Pierre Poivre, intendant de l'Ile de France (île Maurice) rapporta  quelques plants au cours d'une expédition, qu’il acclimata d'abord à l'Ile de France, puis aux Antilles. Aujourd’hui le giroflier est cultivé industriellement en Tanzanie, en Indonésie et au Madagascar

Petit rappel botanique

Le giroflier appartient au genre Syzygium classé dans la famille des Myrtacées. Ce genre de plantes à fleurs comprend un grand nombre d'espèces (1200 environ). Son aire de répartition va de l'Asie du sud est à l'Afrique, via le Pacifique. La plus grande diversité des espèces se rencontre de la Malaisie au Nord est de l'Australie. La plupart des espèces sont intéressantes pour leur feuillage  ornemental. L'espèce la plus importante économiquement est le Syzygium aromaticum, le giroflier producteur du clou de girofle, originaire de l'archipel des Moluques. 

la plante

C’est un arbre de 8 à 30 mètres de haut, très branchu. Les feuilles sont coriaces, persistantes et possèdent de nombreuses glandes aromatiques à leur face inférieure. Quant on les froisse elles dégagent une forte odeur de clou de girofle. Les inflorescences comprennent des cymes ramifiées regroupées en trois à cinq fleurs parfumées au calice blanc, puis rouge. Le fruit est une drupe brun violacé contenant une seule graine. L'ensemble de l'arbre  (écorce, feuille, fleur, fruit)  a des propriétés aromatiques. Les clous de girofles sont des boutons floraux que l'on récolte avant leur éclosion. Après séchage au soleil, ils deviennent de couleur brun clair. Les fleurs qui parviennent à maturité se transforment en fruits, des drupes de couleur rouge.

 Ses utilisations
En médecine
Les propriétés antiseptiques et anesthésiques des boutons floraux que sont les clous de girofle sont connues depuis très longtemps. Le clou de girofle entre également dans la composition du khôl, à l’origine un onguent ophtalmique. Pour éviter d’être infectés par les agents pathogènes de la peste, les médecins du Moyen Âge portaient des colliers de clous de girofle ou en mastiquaient. Depuis le XIIIe siècle, les clous de girofle font partie des substances de base polyvalentes de la pharmacopée européenne, notamment dans le traitement des affections bucco-dentaires.
l'épice

Dans les tasses chaudes :

Le clou de girofle est utilisé dans la plupart des thés épicés.
Dans le thé à la menthe, les clous de girofles (3 pour une théière) sont ajoutés après avoir versé l’eau chaude sur la menthe et le thé vert. Ce mélange est pratiqué en Tunisie.
Dans le thé indien, le Chai, on porte à ébullition un mélange d'épices constitué de 3 clous de girofle, 3 graines de cardamone broyée, 1 bâton de cannelle. On incorpore ensuite le thé et on laisse infuser.
Dans les thés de Noël, généralement à base de thé noir, et qui sont aromatisés avec cannelle,  cardamone,  clou de girofle et  gingembre.
Principes actifs  du clou de girofle

Le clou de girofle contient une quantité importante d’huiles essentielles. Il est très riche en eugénol et contient également de l'acétyl eugénol et de faibles quantités d'autres produits (dont un peu de vanilline). L'eugénol, extrait de l'huile essentielle des clous de girofle ou des feuilles de giroflier, a de nombreuses propriétés médicinales : anti-inflammatoire et antiseptique il est également un anesthésiant local ; il est un composé aromatique de la famille des  phénylpropilènes . L'eugénol est couramment  utilisé par les dentistes dans les affections bucco dentaires