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Le Numéro 68 du 16 juillet 2018 : Le Sommaire


No 68 Art.1 : Le Marché global du Thé, vu par la FAO en session plénière IGG Thé


No 68 Art.2 : Le théier et ses feuilles précieuses, enjeux et nouvelles technologies
                      Portrait de Nigel Melican, CEO de Tea Craft


No 68 Art.3 : Les thés Yun Wu du Dabie Shan, à l’Est du Hubei


No 68 Art.4: Les "specialty teas " dans l’actualité


No 68 Art.5 : Les bienfaits du thé, en tasses, pas en gélules


No 68 Art.6 : Les "Thés du Monde " célébrés par l’AVPA


No 68 Art.1: le Marché global du Thé, vu par la FAO en session plénière IGG Tea


C’est lors de la 23e session plénière, qui s’est tenue à Hangzhou, Zhejiang, RP Chine du 17 au 20 mai 2018, que la FAO évalue les perspectives et tendances de l’économie globale de thé, sous la présidence de Jean Luc Mastaki, senior economist de la FAO,
assisté par les deux VP de séance Prabhat Bezboruah, le Président du Tea Board of India et Ramaz Chanturiya, le CEO de l’Association Thé et Café de Russie.


L’IGG se félicite de la participation nouvelle du Népal et de la Zambie, qui élargit la représentation des pays producteurs : Chine, Inde, Sri Lanka, Indonésie, Vietnam, Japon, Kenya, Malawi, Turquie, Argentine, Malaisie ; côté consommateur sont présent des délégués des USA et du Canada, de Russie, d’Allemagne, d’Australie, alors que l’on regrette l’absence des grands marchés d’Afrique du Nord, de l’Asie centrale et du Royaume Uni.

**Offre et demande : Partant des données économiques portant sur 
les dix années passées le groupe constate la croissance continue de la production globale avec des contributions importantes provenant principalement de quelques pays, dont notamment : la Chine : avec + 106% entre 2007 et 2016, le Kenya : +28%, l’Inde : +28,5%, le Vietnam : +21,4%, la Turquie : +13%.
 Cela se traduit par une répartition entre principaux producteurs du volume de thé produit en 2017 comme suit : la Chine domine de très loin avec 43% de la production mondiale du thé en volume, suivie par l’Inde :22%, le Kenya : 8%, le Sri Lanka :5% et la Turquie :5%.
Alors que la Chine, l’Inde et la Turquie ont une consommation de thé intérieure en forte croissance et résorbant la majorité de leur production il faut voir aussi les marchés importateurs, qui achètent les thés des producteurs qui cultivent en premier pour les vendre en tant que source de revenu.
Parmi les marchés importateurs le plus important est l’Union Européenne : 18% des importations totales, suivi par la Fédération de Russie avec 9%, le Pakistan avec 9% et puis les USA avec 8%, l’Egypte avec 5%, les Emirates Arabes Unis (E.A.U.) et le Maroc avec 4% chacun et puis l’Iran avec 3%.

Voilà les pays qui dominent le commerce international du thé, mais ces échanges ne représentent donc qu’environ un tiers du volume global -qui de son côté a été de 5,7 millions de tonnes en 2017- puisque les principaux pays producteurs- Chine, Inde, Turquie- consomment la majeure partie de leurs thés sur leur marché domestique – soit un volume de consommation interne totale de 3,9 millions de tonnes.
La croissance de la production qui a enregistré un taux annuel de +5% en moyenne entre 2007 et 2017 a vu une demande croissante seulement dans une partie des marchés, alors que les importateurs les plus anciens et aussi les plus matures, notamment le Royaume Uni et la Russie subissent un déclin, avec un transfert significatif vers la tasse concurrente : le café.

**Niveau des prix: cela est une question capitale pour un produit agricole, saisonnier et à très fort besoin en main d’œuvre, produit dans de nombreux pays pour être exporté et donc procurer un revenu. La FAO note une évolution plutôt favorable, avec une demande en augmentation pour des thés d’origine, premium et bio, à bonne valeur ajoutée. Par ailleurs les informations sur le prix remontent aussi des grandes centres de vente aux enchères, qui se trouvent en Inde :Kolkata, Guwahati, Siliguri, Kochi, Coimbatore, Coonoor ; au Sri Lanka : Colombo ; en Indonésie : Jakarta ; au Kenya : Mombasa, au Bangladesh : Chittagong ; au Malawi : Limbé ; ce sont là les pays , qui ont vu le thé arriver par les entreprises britanniques et hollandaises, et qui produisent une grande partie du thé " matière première/ CTC/ assemblages pour la grande consommation" .

**Gérer le thé en production durable : ce défi, considéré comme capital et incontournable a été l’axe centrale de tous les débats au sein des groupes de travail (work group : WG) de cette IGG Tea, qui sont le WG MRLs, le WG Tea Trade and Quality, le WG sur les thés bio, le WG changement climatique, le WG sur les Petits Producteurs, le WG sur L’Analyse du Marché du Thé global et la Promotion. Il a été bien entendu que la "gestion durable" concerne à la fois l’aspect agricole, sociale, technologique et scientifique. C’est donc l' ensemble de coûts qui doit être pris en compte et en charge par un prix qui non seulement couvre tous ces éléments, mais permet aussi de dégager une plus valu /valeur ajoutée, qui rend la production attractive/rémunératrice au moins à moyen terme, mais si possible à long terme.
Sans une vraie/solide/conséquente   prise de conscience des enjeux, on conjecture un abandon progressif des cultures !

**Comment soutenir la consommation du thé et la faire progresser de manière continue  : plusieurs options sont en discussion , dont notamment 

*une  grande opération de promotion générique
*l’installation d’un Tea Day National dans tous les marchés consommateurs
*des activités de mise en valeur et de nature pédagogique, pour faire connaître au grand public les bienfaits du thé sur la santé et la multitude des thés d’origine, fins et premium, avec leurs atouts culinaires et gustatifs.
*mieux cerner l'image du thé par rapport aux infusions de plantes, qui sont perçues comme tasses concurrentes à défaut de dénominations précises et distinctives.


Le débats se poursuivront en 2019, sans doute en Russie pour une session intermédiaire, et puis en 2020, sans doute en Inde, pour la 24e session plénière.


No 68 Art.2: Le théier et ses feuilles précieuses, enjeux et nouvelles technologies : Portrait de Nigel Melican, fondateur de Tea Craft et 2018 Tea Person aux USA


 Le passage de la cueillette sur des arbustes sauvages à la plantation et la culture de l’arbuste par l’homme, il y a environ 2.500 ans, fait l’objet de nombreuses légendes, toutes liées à des inspirations divines : le thé est donc considéré depuis toujours comme un cadeau des dieux. Encore aujourd’hui les minorités du "triangle d’or", où la Chine, l’Inde, le Vietnam, le Laos et le Myanmar se partagent les frontières, célèbrent des rituels anciens à l’aide de préparations de thé, leur boisson ancestrale et leur totalement incontournable tasse du quotidien. 
 Sans doute cela est étroitement lié à la caféine et son effet stimulant, aux polyphénols et leur effet anti-oxydant, à la théanine et aux tannins. Plante à exigences précises, notamment en température et pluviométrie, sa zone de culture est limitée et va d’environ 30° au Nord à environ 30° au Sud de l’équateur. La plante a par ailleurs su s’adapter au fil des siècles à de nouveaux environnements, en descendant de contreforts des hautes montagnes vers les plaines et puis vers des régions plus maritimes. Cela a permis son installation dans une vingtaine de provinces chinoises et puis son introduction au Japon et en Corée, où le théier prospère depuis plus de mille ans. C’est seulement dans la 2e partie du 19e siècle que le théier a été acclimaté en Inde, à Ceylan, en Indonésie, au Bangladesh et puis aussi en Afrique de l’Est, en culture commerciale gérée par les puissances coloniales. C’est au début du 20e siècle qu’il a réussi à conquérir les côtes de la Mer Noire et de la Mer Caspienne. 
Depuis une vingtaine d’années le théier est arrivé en Amérique du Sud et depuis une dizaine d’années il fait fureur en Amérique du Nord, bien entendu uniquement dans des régions parfaitement délimitées, et qui bénéficient d’un microclimat chaud et humide. De telles zones existent aussi en Australie et même en Europe : les Açores, l’Ecosse, la Cornouailles, ce qui a séduit certains agriculteurs pionniers à s’y lancer dans la culture du thé.
Au cours de ce long voyage à travers les millénaires et les continents la plante s’est diversifiée par adaptation et croisements naturels jusqu’à sa prise en main par la science des botanistes et des agronomes : en Chine il y a une vingtaine de Chaires de Tea Science, le Tea Research Institute (TRI) de Tocklai, Assam, Inde a fêté son centenaire en 2008 et la Tea Research Foundation du Malawi a été fondée en 1941….
Les principaux nouveaux défis visent la plante avec l’amélioration du rendement, la résistance aux parasites et maladies, la tolérance envers des météos néfastes, telles que sècheresse, trop de pluies, gel. Les autres défis tout aussi importants visent les conditions dans les quelles vivent et travaillent les producteurs/ fermiers et cueilleurs, avec la nécessité de leur garantir un revenu convenable tout en trouvant un équilibre entre le coût d’une main d’œuvre agricole compétente et l’introduction d’une certaine mécanisation.
Rappelons que le numéro un mondial de l’industrie du thé est l’Anglo- néerlandais Unilever, avec les marques Lipton, PG Tips, et puis aussi Eléphant, Pukka, Tazo, T2, et qui représente plus de 11% du CA des ventes mondiales de thés industriels. Pour assurer son développement continu Unilever a toujours su recruter les meilleurs et les plus fortes têtes. Avec des budgets conséquents et accès aux centres de recherche et aux technologies ultra performants ces fortes têtes peuvent acquérir des connaissances d’un niveau  exceptionnel, accumuler des expériences extraordinaires sur le terrain, se forger à la fois une vision globale et une appréciation d’initié, bref se construire un savoir et un savoir faire hors du commun. Cela finit souvent par faire craquer le moule et les catapulte sur une trajectoire nouvelle, la création de leur propre entreprise. C’est ainsi qu’en 1990 Nigel Melican a fondé «Tea Craft », une société de Conseil ès Thé, à Bedford, environ 75km au nord de Londres.
et y propose des interventions avisées de la plantation des arbustes à la transformation des feuilles, couvrant le parcours complet du jardin à la tasse.
 L’objectif principal : résoudre les problèmes et faire mieux qu’avant, avec des technologies nouvelles, voire innovantes, un réel souci pour le respect de l’environnement, une prise en compte de la responsabilité sociale. Nigel Melican se déplace toujours en personne pour voir sur place avec les responsables locaux ; son approche est toujours créative, basée sur sa vaste expérience et une compréhension intuitive de cette espèce aux nombreuses variétés endémiques et cultivars, qui s’épanouissent en fonction des nombreuses configurations de terroirs climatiques et de terrains géo-agricoles. Il a aussi une fine connaissance des demandes des marchés consommateurs et suit de très près les progrès dans le domaine de l’équipement mécanique, pour les champs, la cueillette et la transformation . Ainsi et depuis le lancement de « Tea Craft », il y aura bientôt 30 ans , il a prodigué ses conseils et son expertise pour de nombreux projets de théiculture et de productions spécifiques de thés spéciaux et premium dans 26 pays. Ses propositions éclairées ont par ailleurs été à l’origine d’une importante initiative lançant plusieurs plantations de thé aux USA.

Choisi pour recevoir le Life Time Achievement Award 2018 lors de la World Tea expo à Las Vegas le 12 juin passé il a été acclamé comme magicien du thé ou « tea whisperer », l’expert qui sait instinctivement ce dont la plante a besoin, en sol, humidité, lumière, voisinage, taille, process pour mettre en valeur sa feuille, pour bien prospérer et être le mieux valorisée.
Une belle et longue carrière, qui a apporté des innovations et améliorations à de très nombreux projets, dont la plupart petits, pointus et à taille humaine. Pour honorer cet éventail de compétences l’Université Agricole de Tocklai, Assam, lui a octroyé une chaire d’enseignant scientifique à vie.
PS : en juin 2015 la NPT no 53 vous avait présenté une autre forte tête issue des rangs des whiz kids chez Unilever : Barry Cooper, de Cooper Tea, installé à Boulder Colorado, USA.





No 68 Art.3: Les thés Yun Wu du Dabie Shan à l’Est du Hubei


C’est une certaine catégorie de thés verts fins qui s’appelle  "Yun Wu ", traduit mot à mot par " nuages et brumes ".

 Ce sont des thés grillées au wok, aux tasses fraîches et un peu iodées et aux délicieuses notes un peu beurrées, tous récoltés uniquement au printemps. Comme leur nom l’indique ces thés sont cultivés dans des régions montagneuses ou à collines, avec ce microclimat en moyenne altitude très particulier, qui baigne les théiers dans une ambiance humide et brumeuse pendant une grande partie de la journée.
Ces thés Yun Wu sont ensuite nommés  en fonction de leur terroir d’origine, et probablement le plus connu parmi eux est le Lushan Yun Wu du Jiangxi. Il prospère sur les pentes du Mont Lu/Lu Shan, au Nord-Ouest de la province du Jiang Xi, là où selon la tradition Lu Yu aurait trouvé l’inspiration pour son ouvrage sur le thé le Cha Jing.
Pas très loin de là, dans la province limitrophe du Hubei se trouve la chaîne du Dabie Shan, qui se dresse en délimitant le Hubei de l’Anhui et du Jiangxi. Cette ère montagneuse est célèbre en Chine pour son relief très sauvage et difficile d‘accès, ainsi on nous dit que c’est de cette région du Dabie Shan que sont originaires un nombre considérable de généraux et de haut gradés militaires, qui ont mené le peuple vers le progrès.

Dans cette partie montagneuse à l’est du Hubei, au piedmont  du Dabie Shan est récolté le Ying Shan Yun Wu, un beau thé vert cueilli, comme les autres, exclusivement au printemps.
En mai 2018 la municipalité de Ying Shan a donc décidé d’organiser une Conférence Internationale sur le Thé, pour présenter leurs thés au monde et de promouvoir le Ying Shan Yun Wu à l’international.

Cet évènement s’est déroulé avec la participation de plusieurs délégués étrangers et a tout d’abord permis aux différents opérateurs de la région de se rencontrer, d’échanger sur leurs projets et de former un comité d’exportation, pour promouvoir les thés de Ying Shan à l’extérieur de la Chine. Cela a aussi été une superbe occasion d’exposer leurs thés et leurs plantes à infusion, notamment plusieurs sortes de chrysanthèmes, des petits blancs en boutons et des immenses fleurs dorées.

 Comme d’habitude dans ces conférences il y a les sociétés gérées par le CCP et a participation majoritaire de l’état et les sociétés privées, qui cherchent à se faire une place. La maîtrise de l’Anglais est rare et ce n’est pas aisé de communiquer. On nous dit que les cultures sont loin des agglomérations, dans les collines et donc très préservées, si non bio. Certaines sociétés ont déjà franchi le pas et ont participé à des foires et rencontres B to B.

Mais il n’y a pas encore beaucoup d’infos sur leurs thés, que l’on pourrait partager avec les professionnels en Europe. Le chemin sera sans doute  long, d’autant que ces thés sont déjà très prisés sur le marché chinois et se vendent  à des prix élevés.



No 68 Art.4: Les "specialty teas" dans l’actualité : cela bouge, découvrez


Le retour de la Chine sur le marché du thé international depuis une vingtaine d'années et la redécouverte de ses nombreux thés d’origine, de terroirs exceptionnels, de cultivars particuliers et des processus manufacturiers spécifiques a complètement sorti le marché du train-train. L’offre habituelle des sachets CTC pour le marché de masse et des thés noirs de jardin en provenance du Darjeeling et du Sri Lanka pour le segment premium a été enrichie de manière fulgurante par des thés superbes et quasiment inconnus en provenance de la Chine, et puis de Taiwan, du Japon et de la Corée.

Ces nombreux et divers thés verts et aussi les thés blancs, jusqu’alors inconnus en France, et ailleurs en Europe, ont attiré de nouveaux consommateurs enthousiastes, suivis par les thés Puer et les thés Wulong, qui commencent à leur tour de séduire un public avisé et demandeur.
Par ailleurs cet engouement a donné très envie aux traditionnels producteurs de thés noirs de se lancer dans ces nouveau-thés, et on peut trouver aujourd’hui des wulongs au Népal et au Darjeeling, du thé blanc au Kenya et en Indonésie et encore… il n’y a pas de limites , sauf  le coût de production, le manque  en  savoir faire et en matériel botanique approprié !
Cela fait donc une dizaine d’années que l’offre continue à s’enrichir, avec des nombreuses propositions pédagogiques et des compétitions et concours, qui tous mettent ces thés premium en valeur et cherchent à maintenir une bonne éthique. Il semble néanmoins que chacun fait un peu ce qu’il veut, sans concertation et sans directives communes.

Depuis un certain temps des professionnels du thé explorent les moyens de structurer ce nouveau marché des thés d’origine et de terroir, qui continue à grandir d’un bon pas, pour leur donner une meilleure visibilité.
 Depuis le début de cette année voilà que deux grands pays consommateurs ont pris la décision de créer des plateformes officielles :
** au Royaume Uni : La "European Tea Society" a été officiellement enregistrée en mars 2018
** aux USA la " American Specialty Tea Alliance"- ASTA- a été officiellement enregistrée en juin 2018, après quelques années de préparatifs et la conviction qu’une structure formelle est nécessaire pour mettre en valeur ce segment de thés haut de gamme.
Les deux recrutent des adhérents, toutefois, pour le moment ni l’une ni l’autre de ces deux nouvelles associations dispose d’une définition agrée pour les " specialty teas".



La NPT a déjà exposé à plusieurs reprises les critères de base que l’on applique en Chine pour un thé d’origine, et qui se résument en 5 points : qui sont les 5 P : la Place/terroir, la Plante/cultivar, la Période de récolte ; le Process de manufacture, le Parfum/caractéristiques organoleptiques,
Par ailleurs il fallait aussi apporter la preuve d’une tradition de longue date, mais c’est peut-être dépassé avec les technologies modernes !

Bref rappel du cheminement de l’autre tasse :  la "Specialty Coffee Association of America" - SCAA, a été créée aux USA dés 1982, suivi par le Coffee Quality Institute - CQI, créé en 1996, qui assure la qualification des professionnels. En 1998 l’Europe a suivi en créant la Specialty Coffee Association of Europe - SCAE, et enfin en début de 2017 les deux organisations ont fusionné en créant une structure globale : la Specialty Coffee Association- SCA.
Le plus grand défi semble bien pour le café aussi la mise au point d’une solide définition, voilà la définition proposée par la section française de la SCA :
"Les cafés de spécialité (ou cafés gourmets) se définissent comme des boissons haut de gamme à base de café auxquelles le consommateur (dans un marché précis et à un temps donné) attribue une qualité unique, un goût et un caractère distincts et supérieurs comparés à une boisson ordinaire à base de café. Cette boisson est préparée en utilisant des grains de café vert cultivés dans des zones précises, et en répondant aux standards les plus exigeants en matière de production, de traitement, de torréfaction, de conservation et de préparation."


Il y a encore du travail pour bien faire comprendre le concept des specialty teas et specialty coffees afin d’éclairer les consommateurs avisés et nouveau -venus et de les convaincre du bienfondé de leur choix !
Il serait intéressant aussi de disposer d’un petit lexique, avec des termes bien adaptés dans les autres langues, notamment en français : « thé de spécialité » sonne un peu  lourd et laborieux !
 en regardant vers l’œnologie il y aurait bien : thés grand crûs, thés de terroir et puis thés premium d’origine…à explorer, à mettre au point.


No 68 Art.5 Les bienfaits du thé, en tasses pas en gélules


Nombreux sont les articles qui soulignent les bienfaits du thé pour la santé, reconnus par la tradition des pays producteurs depuis des millénaires et constatés par les recherches et sciences médicales modernes.


De plus en plus souvent les scientifiques classent le thé parmi les boissons fonctionnelles les plus efficaces, à condition de ne pas abuser d’apports caloriques, comme le sucre, la crème ou des alcools ajoutés.

Lors du 5e Symposium International « Thé et Santé » le résumé officiel dit que tous les thés, vert, noir, wulong, ainsi que les autres catégories, sont :
**bon pour le cœur : une recherche menée par la célèbre Mayo Clinic de Harvard, USA confirme que la consommation régulière de thé apporte un effet protecteur contre des maladies cardiovasculaires, telle que l’infarctus et l’angine de poitrine. Cette étude démontre que ce sont les flavonoïdes du thé, qui appartiennent à la grande famille des polyphénols, qui agissent comme agent anti inflammatoire et qui aident à maintenir un niveau de cholestérol stable et préviennent également une augmentation de la tension artérielle.
Ces effets bénéfiques proviennent et de la présence des flavonoïdes et du fait que la consommation recommandée de trois à cinq tasses de thé par jour apporte un volume de liquide qui favorise une bonne hydratation de l’organisme.
Liens utiles:


 **bon contre certains cancers : des études démontrent que la consommation de thé peut prévenir l’apparition de certains cancers du fait de son action anti-oxydant, qui protège les cellules contre les radicaux libres. Ce sont les mêmes composants qui ont les effets anti inflammatoires, les catéchines du thé vert et les théaflavines et théarubigins du thé noir, qui agissent également comme molécules anti oxydant ;

**bon pour prévenir les maladies neurodégénératives et maintenir un bon fonctionnement des facultés cognitives : en vu de la longévité croissante des populations il est très important de veiller à cet aspect du bien être des personnes âgées. Une consommation régulière de thé est fortement recommandée par la science, c’est utile d’en tenir compte dans la mesure du possible.

** bon pour maintenir une bonne densité osseuse : c’est par la teneur des thés en fluor que les chercheurs considèrent que la consommation de thé est fortement recommandée pour les personnes âgées, afin de maintenir leurs structures osseuses solides et d'éviter les fractures très pénibles et difficiles à consolider passé un certain âge.

Toutes ces conclusions concernent le thé dans votre tasse, mais
attention aux compléments alimentaires à base d’extraits de thé vert :  https://www.efsa.europa.eu/fr/efsajournal/pub/5239
en effet certaines autorités sanitaires ont signalé plusieurs incidents graves, suite à la consommation de gélules de thés vert. Des investigations ont montré que ces gélules étaient souvent très fortement dosées, ce qui a provoqué des intoxications du foi.
 L’Autorité Européenne de la Santé (EFSA) s’est saisie du dossier et vient de donner l’avis suivant : la molécule la plus active du thé vert, l’épigallo-catéchine-gallate ou EGCG, est naturellement présente dans le thé vert. Lors d’une préparation de la tasse par infusion des feuilles de thé, on estime l’ingestion journalière de EGCG entre 90 et 360 mg, pouvant aller jusqu’à 860mg dans le cas de personnes qui consomment des quantités très importantes de thé vert. L’avis est donc qu’un niveau maximal de 800mg/jour ne pose pas de risque lorsqu’il s’agit de tasses infusées, de produits industriels de marque, comme canettes ou bouteilles de thés prêts à boire, qui sont soit fait avec des feuilles infusées ou des extraits de thé.
Par contre il est recommandé de ne pas consommer des suppléments dosés à plus de 800mg, et alors pour une seule prise journalière. Afin d’éviter des incidents et accidents de santé, l’EFSA propose une obligation d’étiquetage plus transparent pour ces suppléments, qui font généralement partie de régimes amaigrissants. Le débat sur ce sujet s’ouvrira sous peu à Bruxelles.








No 68 Art.6 Les "Thés du Monde" célébrés lors du premier concours AVPA


Pays de la gastronomie et des produits de terroir, c’est en France que naît le concept des appellations d’origine. Très largement introduit dans le domaine du vin, des fromages, des charcuteries et autres plats régionaux ces produits sont rattachés à des territoires de récolte et à des modes de fabrication locaux.
 L’administration les protège par des labels d’appellation d’origine- AOP et d’indications géographiques-IGP, qui sont les garants d’un maintien de qualité authentique que de nombreux pays voisins nous envient.
remise des médailles "thés du Monde" le 10 07 18 à Paris

Il y a une trentaine d’années que ce concept a été étendu aux cafés fins, par le plus grand marché consommateur de l’époque, les USA : cela devait permettre de valoriser des cafés fins en face du peu fameux « jus de chaussettes » fait de cafés d’assemblages.
Pour le thé une tendance vers les tasses fines, d’origine et de terroir a commencé à se dessiner avec le grand retour de la Chine sur le marché et suite à l’introduction des thés verts, blancs, wulong et Puer originaires de Chine en Europe, en Russie et aux USA. Que de nouveaux thés à découvrir qui bouleversent les habitudes traditionnelles de consommation : sachets de thés noirs, CTC et assemblages.
Il fallait donner les clés pour cet univers des thés fins et de terroirs : au cours des 20 années passées de très nombreux ouvrages ont été publiés chaque année et plusieurs lieux d’enseignement ès thés d’origine et de terroirs ont ouvert leurs portes, pour permettre aux consommateurs de s’initier à ces tasses toutes différentes, surprenantes et aux saveurs spécifiques autant qu’exquises.
Cela convient parfaitement dans un pays qui possède un savoir bien établi sur les vins, leurs régions, vignobles, cépages, notes et nez des grands crûs, et que l’on a donc transposé vers le domaine des thés fins, où l’on forme maintenant à la sommellerie du thé.
les tasses évaluées par le jury

Par ailleurs experts et opérateurs semblent bien d’accord pour affirmer que la France est actuellement le marché consommateur qui offre le plus grand choix de thés fins, d’origine et de terroir. Les étrangers font la queue dans les comptoirs de thé de la capitale où s’approvisionnent via internet chez les importateurs qui passent leur temps à voyager pour découvrir des thés exceptionnels, qu’ils achètent en direct dans des jardins lointains.
Il devenait donc urgent de faire connaître cette grande richesse et de valoriser pleinement les différentes familles de thé, les nombreuses origines et méthodes de fabrication et de récompenser le travail des producteurs.
L’Agence pour la Valorisation des Produits Agricoles, AVPA,
a donc lancé ce premier concours international « Thés du Monde » au printemps 2018, invitant les producteurs dans les pays d’origine et les importateurs qui commercialisent en France de soumettre leurs feuilles les plus exquises et les plus originales.
Contrairement aux grands championnats de thé organisés aux USA le concours de l’AVPA n’a invité que des thés en feuilles authentiques, ni aromatisés, ni en assemblages, une première.
les producteurs primés de Taiwan

Un total de 113 thés avait été soumis, en provenance de 15 pays d’origine, parmi lesquels des nouveaux venus comme la Colombie, Hawaï et les Pays Bas et des pays plutôt fournisseurs de volume que de qualité premium, comme le Vietnam, l’Indonésie, la Turquie et l’Argentine

Parmi les familles de thé ce sont les thés blancs et les wulong faiblement fermentés qui ont beaucoup séduit le jury :
** sur les 9 médailles d’or Taiwan a raflé 4 avec différentes sortes de wulong, le Japon 2 avec des thés verts, la Chine 1 avec un thé blanc, le Darjeeling 1 et le Népal 1 avec des thés noirs.
** sur les 16 médailles d’argent c’est encore Taiwan qui a raflé 9 avec divers wulong, le Vietnam 4 avec 2 thés blancs ,1 thé vert et 1 thé noir, le Japon avec 1 thé noir, le Darjeeling avec 1 thé noir et la Colombie avec 1 thé blanc.
le représentant turque
** sur les 7 médailles de bronze il y en a eu 3 attribuées à Taiwan pour des wulong,1 à l’Argentine pour un thé vert, 1 à la Chine pour un thé noir, 1 au Vietnam pour un thé noir et 1 à un thé du Darjeeling ;
En plus de ces 32 médailles or argent et bronze il y a eu deux diplômes AVPA pour de thés gourmet : 19 DG et pour des thés à l’honneur : 1 DH, 
cela fait un total de 52 tasses primées pour leur qualité, un beau résultat pour ce gros travail de mise en route de ce nouveau concours.
La remise des prix a eu lieu le 10 juillet dans une belle ambiance colorée. A se réjouir de la présence de nombreux producteurs, tous arborant des sourires heureux et fières d’avoir obtenu cette reconnaissance pour leurs thés de grande qualité dans un marché aussi réputé que la France.
Les soumissions pour le concours 2019 débuteront au printemps de l’année prochaine, avec sans doute encore plus de pays d’origine et de participants.
Les félicitations vont bien sur aux gagnants mais aussi à l’AVPA et son équipe, pour le gros travail accompli visant à mettre en valeur les thés fins, d’origine et de terroir en France, en Europe, dans le monde.



Le Numéro 67 en date du 12 Mars 2018: le Sommaire


Article 1 : Le Marché Mondial du Thé en 2016/17


Article 2 : Les petits producteurs de thé du Bangladesh
                 Portrait de Mosharraf Hossain


Article 3 : Le HojiCha, un thé couleur café qui fait un tabac au Japon


Article 4 : Les thés en capsules, prêts à boire ou en poudre


Article 5 : Thés et Infusions, bien faire la distinction pour faire le bon choix


Article 6 : Les Mille et Une modes de la tasse préférée-petit tour du monde


N° 67 Art.1 Le Marché Mondial du Thé en 2016/17



 Comme pour les rapports des années précédentes la NPT se base principalement sur la publication du Bulletin Annuel des Statistiques du International Tea Committee, qui paraît chaque automne. Même s’il est onéreux à acquérir, ce livre vert aux 160 pages est rempli de données utiles, qui remontent au moins 5 années en arrière, si non 10, ce qui permet de constater le développement des marchés dans le passé et d’établir les tendances des années à venir.

Il y a aussi certaines informations en provenance d’Euromonitor International et de Technavio Londres, qui complètent cette synthèse.
**La production globale :
En 2016 la production mondiale de thé a de nouveau progressé pour atteindre le volume de 5,503 millions de tonnes, en augmentation de +4,2 % sur 2015, mais de + 42% depuis 2007,
une croissance considérable et qui va vers des sommets encore jamais atteints.
Cette production globale provient pour 66% de deux pays producteurs seulement, la Chine et l’Inde, qui consomment d’ailleurs eux-mêmes la majeure partie de leurs thés, 56% du tonnage mondiale.

** Les exportations :
On constate une diminution continue des volumes disponibles à l’exportation, qui ont baissés de 41% en 2007 à seulement 32,7% en 2016, ce qui représente un volume total de 1,8 million de tonnes. Cela veut dire que la consommation de thé des marchés producteurs principaux ne cesse d’augmenter en sorte que de moins en moins de thés restent disponibles pour étancher la soif des 140 pays importateurs de thé.

**Thés noirs et thés verts , les grandes familles:
Ce sont les thés noirs, pleinement oxydés, qui restent la famille de thés la plus consommée, avec 57% de la production mondiale, et donc un volume de plus de 3 millions de tonnes. Ces thés proviennent en tant que thés orthodoxes/thés en feuilles pour environ un tiers du Sri Lanka et de Turquie, ainsi que de la Chine qui voit une nette augmentation de la production de cette famille de thé, estimés à environ 200.000t en 2016 ; les deux autres tiers sont des  thés noirs CTC , un procédé industriel traditionnel très apprécié en Asie Centrale et aussi en Afrique du Nord, ils viennent du Kenya et des autres producteurs de l’Afrique de l’Est, de l’Inde, de l’Indonésie et de l’Argentine.
Les thés verts ont progressé de manière importante, avec une part du marché qui est montée à 33% en 2016 et représente un volume global d’environ 1,8 millions de tonnes. Ce sont les pays producteurs ancestrales, la Chine, le Japon, la Corée, le Vietnam qui les produisent et les consomment de manière préférentielle depuis la nuit des temps. Depuis le début des années 2000 les thés verts commencent à conquérir l’occident, pas à pas, et cela mettra du temps. Malgré les campagnes importantes qui vantent leurs bienfaits sur la santé, la qualité disponible en occident n’est pas toujours convaincante, ce qui s’ajoute aux complications d’une infusion à des températures très inférieures à 100°.
plantation à récoltes mécanisées
défi no 1

**Thés wulong, sombres, blancs et jaunes : ces petites familles sont toutes originaires de la Chine, même si certains processus ont été repris par d’autres pays producteurs depuis une dizaine d’années. Ces thés spéciaux représentent environ 10% de la production, avec les thés wulong et les thés sombres en bonne croissance en Chine alors que la production de thés blancs, très coûteuse, reste estimée à moins de 10.000t et celle de thés jaunes, actuellement encore une exclusivité de la Chine, à moins de 1.500t.
**Les plus grands pays producteurs sont la Chine et l’Inde, et puis le Kenya, le Sri Lanka, la Turquie, le Vietnam et l’Indonésie
**Les plus grands marchés importateurs sont le Pakistan, la Russie, les USA, le Royaume Uni, l’Egypte, le Maroc ;
 la France figure au 38e rang, avec 12.176 tonnes d’importations nettes, puisque le tonnage total importé de 16.738 t se voit diminué de 4.562 t de thés réexportés.
**Avec une supply chain souvent très intégrée on voit que les très gros opérateurs sont peu nombreux. Ils possèdent tous leurs propres plantations qui fournissent une partie de leur matière première, notamment les multinationales du Thé, que sont Unilever, Tata Global Beverage et ABF avec la marque Twining.
plantes adaptées
défi no 2

**Les grands défis des années à venir sont le réchauffement climatique et l’augmentation continue du coût de production, notamment de la main d’œuvre. Les solutions en discussion tournent autour
*d’un côté  de la sélection de variétés botaniques qui résistent à la sécheresse
*de l’autre côté sur une mécanisation de la cueillette ou alors sur un transfert vers des petites structures de production autonomes – empowered smallholders.





N°67 Art.2 Les petits producteurs du Bangladesh- Portrait de Mosharraf Hossain


L’histoire de la République populaire du Bangladesh commence en 1971, après une longue guerre de libération pour obtenir son indépendance du Pakistan, auquel cette ancienne province du Bengale Oriental avait été rattachée lors de la partition de l’Inde en 1947.


 Avec ses 163 millions d’habitants le Bangladesh est le 3e pays musulman du monde, et parmi les pays les plus densement peuplés. Occupant un territoire de 144.000 km², il se trouve dans le plus grand delta fluvial du globe, traversé par le Gange, le Brahmapoutre et la rivière Meghna et leurs nombreux affluents, qui coulent tous vers l’immense Baie du Bengale pour s’y jeter. Pendant des siècles cette ouverture maritime avait apporté commerce et richesse à cette région qui faisait alors partie de l’Empire Moghol ; par la suite le Bengale Oriental avait été le joyau de l’Empire Britannique des Indes.
 En 2016 le Bangladesh figure comme numéro 9 sur la liste des producteurs de thé, avec une production de 83.000 tonnes (t), avant le Japon, qui n’a produit que 77.000t. La théiculture du Bangladesh remonte à la colonisation britannique et a été installée dans la partie est où se trouvent les collines autour de Sylhet et en amont du port de Chittagong. Il y aura bientôt 200 ans que ces immenses plantations de thé allaient de l’Assam vers le Tripura, mais depuis la nouvelle configuration politique et donc les nouvelles frontières, c’est l’Inde d’un côté et le Bangladesh de l’autre.
les nouvelles plantations du nord ouest

Dans les pays musulmans la consommation d’alcool n’est pas autorisée, le thé remplit donc une fonction importante comme vecteur de l’hospitalité et il est l’incontournable tasse du quotidien, du matin au soir. Alors que les statistiques officielles montrent une belle augmentation du volume de + 41,6 % en 10 ans, le rendement des plantations anciennes semble ne plus suffire pour satisfaire la soif de thé des Bengalis, et le pays importe depuis quelques années du thé noir de l’Inde et du Kenya.
Disposant de sols fertiles l’agriculture est un secteur économique très important, le jute ayant été un grand pourvoyeur de revenus. Malgré une importante activité de constructions les zones rurales restent pauvres et le gouvernement cherche des solutions pour améliorer les conditions de vie des petits cultivateurs.
le pionnier des nouveaux
territoires du thé,
Mosharraf Hossain

En 2000, et après des études de terrain très ciblées Mosharraf Hossain, un planteur de thé et consultant du Tea Board du Bangladesh propose de lancer la culture de thé dans une zone aride du nord- ouest, à Panchagarh, dans le district de Rangpur. Cette petite région au nom de Tetulia se trouve dans le voisinage du Terai indien, et à environ 60km de Siliguri, la porte du Darjeeling. Le concept de base vise une motivation forte des familles rurales pour se lancer dans le théiculture, sur des terres qui leur appartiennent, avec une formation pointue, des conseils et du matériel botanique fournis gratuitement par la Tetulia Tea Co.Ltd fondée par Mosharraf Hossain.
Pour le lancement du projet il avait obtenu une aide de 520.000 USD du CFC, le Fonds Commun pour Matière Premières Agricoles de l’ONU. Et il a vu juste ! Après quelques années seulement la terre avait repris des couleurs, les parcelles de théiers plantées densement et bien ombragées prospèrent à vue d’œil. Fier des résultats obtenus depuis la création de Tetulia Tea Co. en avril 2000, Mosharraf Hossain précise que la société possède deux usines et travaille avec environ 10.000 fermiers, tous propriétaires de leurs terres et qui sont des partenaires. D’autres industriels se sont depuis installés en montant 7 autres usines, qui rachètent et transforment une partie des récoltes. En 2016 le volume de production a atteint   plus de 4.500t de thé, des thés noirs CTC de bonne qualité conventionnelle et qui obtiennent d’excellents prix à la vente aux enchères à Chittagong.

NB :Attention:ces thés dont la culture a été lancée ex nihilo par Tetulia Tea Co.Ltd.ne doivent pas être confondus avec les thés de la  marque américaine « Teatulia », qui propose des thés bio qui ont été cultivés également dans cette même région.
exclusivité des USA
Ce beau jardin a été lancé sous le nom de Kazi & Kazi fin 2000 par le plus jeune des trois fils de la famille Kazi Ahmed sur des terres appartenant à leur importante société familiale ; la culture y a été conçue dès le départ totalement en  bio. En plus des théiers y prospèrent aussi de nombreuses plantes à infusion, bio aussi, évidemment. Afin d’ accéder au marché USA en y exportant ces thés, la société de commercialisation «  Teatulia » a été créée en 2009 à Denver, Colorado, aux USA ensemble avec une ancienne collègue d’Université, Linda Apple Lipsius ; la marque  propose depuis quelques années une gamme de thés premium, notamment des thés verts, wulong et blancs, qui remportent chaque année des prix aux Championnats de Thés Américains- NATC.
Lors de la 2e Tea Expo, organisée à Dhaka en février 2018 par le Bangladesh Tea Board
  plusieurs trophées ont été remis par le Premier Ministre, Sheikh Hasina, dont pour :
**Tetulia Tea Co Ltd , primée pour ses résultats de pionnier en théiculture et pour l’ amélioration importante des revenues des petits  agriculteurs locaux, à Mosharraf Hossain, le 1er à gauche
** Kazi & Kazi, primé pour ses bons résultats à l’exportation, avec la marque Teatulia, et Kazi Nabil Ahmed est le 3e de gauche.


Pour conclure il est vraiment intéressant de constater que les petits propriétaires sont souvent les mieux motivés pour fournir des récoltes de thé de qualité, qu’ils plantent dans un panachage de cultures sur leurs terres : il est toutefois important de leur donner  l’assistance nécessaire pour accéder au marché le plus directement possible, pour une rémunération valorisante  et qui ne doit pas être résorbée par les méandres des opérateurs intermédiaires.