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No65 Art.2 De retour de la Gwangju Tea Convention 2017 Portrait du Professeur Keun-Hyung Park,

Enseignant au Collège de l’Agriculture et des Sciences de la Vie de l’Université National Chonnam à Gwangju, le Prof.Park est aussi propriétaire d’une plantation de thé dans la célèbre région de  Boseong. 
Prof.Park et Madame au stand de "Chunpa"
Il est par ailleurs le Président de l’Académie du Thé Coréen et Juge en Chef des concours de qualité et compétition de dégustateurs, il enseigne également la tradition du thé Coréen. C’est donc un homme très occupé et il faut prendre RV bien à l’avance pour un entretien. C’est lors du 5e Boseong Tea Forum, qui s’est tenu à Gwangju du 14 au 17 septembre 2017 qu’il a bien voulu nous donner son avis sur les questions d’actualité dans le domaine du thé Coréen.



Comme cela arrive parfois, les débuts d’une structuration de filière passent par des conflits entre terroirs, entre écoles d’enseignement et aussi entre personnes, un processus de clarification,qui ne doit pas durer trop longtemps; son grand souhait est donc de voir l'unification des chapelles et factions, pour réunir tous les efforts d'enseignement et de promotion sous un seul organisme faîtier  . Il nous confirme que la production de thé en Corée est estimée aux alentours de 5.000t en 2016, dont environ 40% proviennent de Jéju, une île volcanique à 200km au sud des côtes, aux terrains riches, plats et exploités mécaniquement. Les environ 60% restant viennent des régions de Boseong et Hadong, des terres vallonnées non loin des côtes sud de la péninsule. Boseong jouit d’un IGP depuis 2005 et les thés fins des premières cueillettes sont vendus à des prix très élevés, donc difficiles à exporter.
les prix pour 40g 
En 2016 il avait participé à la tea expo avec un joli stand, présentant son jardin "Chunpa", d’une surface de 5 ha, et où il produit des thés verts et des thés wulong.  Sur le stand il y avait son épouse et sa belle sœur, les deux en tenue Hanbok, le vêtement traditionnel. Chaque fois qu’il évoques son jardin de  thé son visage s’illumine d’un sourire heureux, car c’est là qu’il met en pratique une partie de son enseignement.
Il indique que les cueillettes de printemps sont faites manuellement, tandis que les feuilles plus tardives sont récoltées avec des « tondeuses » opérées par une ou deux personnes. Cela  se voit bien, car dés que les rangées de théiers ont un aspect manucuré, c’est tondeuse ou autre machines, alors que les rangées « un peu échevelées » traduisent la cueillette manuelle. Les contraintes des coûts de production sont de plus en plus difficiles à gérer, d’où ce recours aux récoltes mécaniques, devenu incontournable, dès la fin du printemps.
avec Yeo Yeon et Min A Choo 

L’autre souci capital vise donc  l’unification des structures de la profession afin de mettre au point une stratégie bien ciblée pour la promotion des thés auprès des jeunes générations, qui sont peu attachées aux traditions culturelles, fortement basées sur le Bouddhisme. Les programmes d’initiation au thé et à la méditation, proposés pour passer le week end dans certains temples, attirent les curieux et les touristes, mais ne semblent pas créer un intérêt réel. L’impact sur la consommation de thé est faible alors que la soif de café des jeunes Coréens continue à grandir, hélas !
Cette évolution préoccupe vivement le Prof.Park, et il cherche des solutions pour rendre le thé plus attrayant, plus actuel, plus moderne, tout en appréciant l’implication des religieux, dont le célèbre Vénérable du Thé Yeo Yeon, dont les interventions bienveillantes et directes lors de tous les événements du thé sont toujours appréciées par les médias et le public.
Il y a en Corée un grand problème de barrière de langue, qui rend des échanges quasiment impossibles ; de plus les jeunes étudiantes bénévoles qui assistent les visiteurs ne connaissent rien au thé, ce qui surprend !donc les étapes se franchissent très lentement.
Cela dit, il est impossible de trouver un thé de qualité dans les relais, cafés et autres kiosques, alors qu’avec les thés verts en poudre largement commercialisés on pourraient préparer des lattes froids délicieux et disponibles pour le grand public dans les endroits touristiques , au moins!! Toutefois à condition d’utiliser un lait végétal, car l’extrait de thé vert avec un lait de vache n’est pas digeste pour les populations asiatiques, selon Camellia Siow, une professionnelle du thé de la Malaisie qui connait bien la Corée.
Une belle avancée toute récente est le lancement du "Korean Breakfast Tea", voir l’article 4 de ce même numéro, qui propose un assemblage élégant de thés noirs bio du pays dans une formulation "occidentale".Mais il reste encore tellement à faire, notamment pour sortir des traditions trop rigides et trop attachées aux personnes d’un âge avancé, toute en préservant les racines du bouddhisme qui valorisent le thé, soupire le Professeur Park.









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