Portrait de Rajah Bannerjee de Makaibari Tea Estate.
Le documentaire
« Le seigneur du Darjeeling », tourné par Xavier de Lausanne en
2008 est passé à l’auditorium de Guimet le 18 décembre 2012. Quel plaisir
d’accompagner l’enthousiasme visionnaire de ce planteur de thé dans la 4e
génération, installé dans la propriété familiale de 670 ha dans le district de
Kurseong .
Le début
c’est Rajah Bannerjee
qui raconte :c’est lors d’un court séjour de vacances de retour de
l’Université d’Oxford en Angleterre qu’il a rencontré les esprits de la forêt
vierge qui entoure les théiers. Il pense que c’étaient la chute de cheval et le
contact chaleureux avec les villageois accourus à son aide qui ont provoqué ce
flash visionnaire « Makaibari a
besoin de moi, c’est ici que je dois
investir ma vie ».
les théiers bordés par la forêt vierge |
Cela remonte à août 1970,
quel chemin parcouru depuis !
Etendus sur une ère de 6 pentes, divisées par des ravins
profonds les 270 ha
de cultures de thé sont entourés par de grandes massifs
de forêt vierge avec les 7 villages de cueilleurs nichés ci et là. Plongé ainsi dans un milieu
en partie agricole et en partie sauvage Rajah à tout à découvrir et commence
par dévorer toute la littérature disponible sur la culture du thé en altitude.
En même temps la sensibilité d’une ségrégation permanente
vécue en Angleterre pendant ses années d’études le fait voir les villageois et
les ouvriers agricoles avec une nouvelle ouverture d’esprit.
Le concept
Avec sa fougue
personnelle il décide donc d’innover « tous azimut » pour améliorer les conditions des cultures et la vie des
cueilleurs et de leurs familles.
Fasciné par les théories sur l’agriculture biodynamique
développées par le philosophe autrichien Rudolf Steiner en 1922 Rajah forge son
propre concept d’interdépendance harmonieuse des différents éléments de Makaibari
que sont les villages avec leurs populations et leurs animaux domestiques, les
champs de théiers, les forêts avec leur faune et flore sauvage.
La mise en pratique
L’achat de 1 000 vaches produit du compost pour les
potagers et les théiers, l’énorme effort d’épandage à dos d’homme sur les
cultures en pente et fourni en contrepartie, puisque le lait apporte nourriture
et revenu.
Il achète aussi des arbres pour reboiser la forêt, de plus
chaque famille doit planter au moins 1 fruitier et 1 bambou, afin de générer
bois à brûler et bois d’ouvrage et des fruits.
toujours sur le terrain |
Huit années passent à mettre tous ces projets en œuvre et
peu avant le début d’une cueillette qui s’annonce superbe un orage de grêle
anéantit tout en moins d’une heure.
Deux années passent à réparer les dégâts et Rajah persévère
dans sa voie.
En 1988 il relance son projet de « bio-gaz » à
partir de fumier de vaches ; chaque foyer reçoit une cuisinière à méthane,
une réussite totale avec 2à 3h gagnées par jour, puisqu’il n’y a plus de bois à
ramasser pour faire le feu pour cuisiner le repas.
Les résultats
En 1991 Makaibari est
le premier jardin de thé certifié » bio « et « Demeter », logo crée en 1932
pour les exploitations agricoles gérées en biodynamie . Travaillant ainsi sans produits
phytosanita ires ni engrais chimiques la récolte subit une
baisse considérable, avant de remonter progressivement vers un bon rendement et
de compenser cette perte en volume par un gain en qualités exceptionnelles.
des thés renommés dans le monde entier |
Souvent traité de « fou » dans son dos par
d’autres planteurs du Darjeeling le travail de pionnier visionnaire de Rajah
Bannerjee est depuis pleinement reconnu. En effet en 2012 la vaste majorité des
78 jardins de cette région à IGP sont certifiés « bio ».
En 1994 Makaibari a
été certifié « commerce équitable ».
C’est donc bien une plantation modèle qu’est devenue
Makaibari sous l’égide de son brillant patron, qui continue à parcourir les
jardins sur son cheval, à rendre visite aux écoles pour distribuer des bonbons
et à communiquer sa vision d’un monde harmonieux dans le respect d’un partage équitable aux
très nombreux visiteurs qui viennent du monde entier pour le rencontrer.
Notez aussi qu’il est
depuis plus de vingt ans le seul propriétaire à être resté vivre sur place et à
appliquer ses théories dans le quotidien.
On peut relire cette histoire fascinante dans son ouvrage, »
The Rajah of Darjeeling Organic Tea – Makaibari », édité par Cambridge
University Press India Pvt.Ltd. en 2008.
www.makaibari.com
www.makaibari.com
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