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No 62 Art.3 Les périodes de récolte, une clé de la qualité

La NPT a déjà évoqué ce sujet à plusieurs reprises. Nous en reparlons ici, d'une part parce que  c’est à nouveau le printemps qui arrive. D'autre part pour vous signaler que  le calendrier agricole chinois traditionnel, qui découpe l’année en 24 tranches selon le mouvement apparent du soleil et les cycles de la lune vient d’être ajouté au Patrimoine Immatériel de l’Humanité par l'UNESCO. 
Cette décision a été prise le 30 novembre 2016, à Addis Abeba, en Ethiopie, lors de la 11e réunion annuelle du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine immatériel culturel. A noter que cette approbation porte à 31 le nombre d’éléments chinois sur cette liste.
Le lexique de ces 24 termes du calendrier luni-solaire chinois peut être consulté sur
Cet agencement de l’année agricole, qui va des semailles aux récoltes et comprend bien sur aussi tous les travaux des champs remonte à des annales très anciennes, dont les documents historiques subsistants du " Lyushi Chunqiu"-" le Livre du printemps et de l’automne de Maître Lyu", qui a été compilé vers l’an 239 avant notre ère. C’est sur cette base que le premier calendrier officiel chinois a été établi en l’an 104 avant notre ère, et les 24 étapes luni solaires sont restées inchangées depuis, ce qui semble bien démontrer leur pertinence.
les provinces théicoles

Tenant compte de l’étendue immense de la Chine, qui va des zones de climat tropicale vers des zones de climat tempéré, les rituels, sacrifices, fêtes et festivités qui ponctuent ces différentes périodes varient selon les régions, les cultures et aussi  les groupes ethniques.
arrivée pour célébrer gu yu dans le yunnan

Aujourd’hui les agriculteurs chinois se fient certainement d’avantage aux prévisions météo, qui sont établies en fonction de données scientifiques ; toutefois les 24 périodes agraires traditionnelles font encore partie du quotidien des campagnes et des villages.
En ce qui concerne le thé, un de grands joyaux de l’agriculture chinoise, certaines périodes sont absolument capitales pour la valorisation des cueillettes et restent des références incontournables, rattachant ainsi le thé de manière étroite à ce calendrier agraire millénaire.
Après le " début du printemps-li chun-" , ce sera "l’eau de pluie- yu shu"- et puis "l’éveil des insectes –jing zhe"- et puis  "l’équinoxe du printemps – chun fen"-
Puis on arrive à la "clarté lumineuse –qing ming", qui tombe vers le début avril, et qui voit arriver  les toutes premières cueillettes de petits bourgeons qui débutent vers début /mi mars.

D’une qualité inégalée cette première récolte du printemps, qui voit l’éveil des théiers après la dormance de l’hiver, est la plus recherchée et la plus appréciée. D’un volume variable, en fonction des températures et des pluies, ces petits lots sont vendus aux enchères et peuvent atteindre des prix vertigineux !!





Les deux  quinzaines suivantes, nommées "pluie des céréales – gu yu "et puis celle qui suit,nommée " l’arrivée de l’été- li xia" permettent encore des récoltes de qualité pour les thés verts d’origine notamment.
Beaucoup de jardins vont arrêter la cueillette après, donc  vers la mi mai ;  on va commencer à tailler les arbustes, et les feuilles collectées après ne seront plus vendues sous l’appellation du terroir.


Cette saisonnalité toute chinoise des récoltes du thé est relayée de manière similaire en Corée du Sud et au Japon, où le thé a été apporté par les moines bouddhiste il y a plus de mille ans déjà.
Dans l'univers des cultures commerciales du thé , implantées par les Britanniques et aussi les Hollandais il y a environ 150 ans, on trouve aussi un référentiel des périodes de récolte, comme pour les thés orthodoxes de l’Inde, du Darjeeling notamment ; là aussi les récoltes du printemps, qui suivent le repos végétale sont les plus recherchées, on les appelle "First Flush"., suivies par les monsoon, summer, et autumn flushes. D’autres critères interviennent dans d’autres régions comme au Sri Lanka, où les périodes de mousson, avec les pluies abondantes, le ciel tourmenté et les vents qui soufflent fort animent les arbustes et donnent vigueur et saveur aux bourgeons.
En Afrique de l’Est, où les cueillettes s’échelonnent sur toute la durée de l’année ce seront aussi les pluies qui vont apporter une nouvelle vigueur aux feuilles, qui seront plus charnues et plus savoureuses après la saison des pluies.
Les frimas de l’hiver peuvent aussi apporter un défi aux théiers de certaines régions, qui produiront  des saveurs exceptionnels en réponse à ce  stress des basses températures. Ces  petites récoltes, comme le Winter Wulongs des montagnes au cœur  de Taiwan et les Nilgiri Frost Teas du Sud de l’Inde sont très prisées et parfois il faut être sur une liste d'attente pour en obtenir quelques kilos.

Le calendrier des cultures est donc bien un élément clé pour la qualité des feuilles et les saveurs des tasses !!




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