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N°66 Art.3 Les thé bio, un choix de valeur

Cela fera bientôt 100 ans, depuis l’avènement des engrais chimique dans les années 1930, que l’on distingue entre l’agriculture conventionnelle, voire intensive et l’agriculture biologique. Après un long débat le législateur Européen a mis au point une réglementation de base, qui s’applique aux productions végétales et animales et qui interdit l’utilisation de produits de synthèse et issus de l’industrie chimique pour les sols et pour le traitement des plantes et des animaux. Le premier règlement sur l'agriculture biologique est entré en vigueur en 1992, et a ensuite été progressivement complété et ajusté. Aujourd’hui les règlements (CE) 834/2007 et 889/2008 et leurs annexes du Conseil de l’UE s'appliquent obligatoirement à tout agriculteur biologique, qui veut être reconnu comme tel par l'Union Européenne. Il est soumis à des contrôles de bonne application chaque année afin d’obtenir et de maintenir sa certification bio.
Darjeelings bio

Donc pour tout ce qui est feuilles, fruits, racines et autres parties des plantes cela se résume à éliminer les engrais et les produits phytosanitaires chimiques, des insecticides aux herbicides. Pour adhérer à l’agriculture bio il convient de signer une charte de conformité afin d’obtenir la certification bio après une période de conversion d’au moins deux années. Une telle conversion entraine évidemment une perte de rendement significative, en plus des frais administratives, les produits bio sont donc toujours plus coûteux .


Toutefois le théier ne prospère pas en Europe et sa culture se fait dans des pays lointains et sous des climats plus chauds et humides. Les premiers bourgeons et les plus jeunes feuilles qui font le délice des amateurs attirent aussi plein d’insectes dévoreurs et autres prédateurs, qui croquent d’abord et pondent leurs œufs ensuite, calamité ! L’industrie chimique a donc vite fait pour proposer des sprays, comme on en applique aussi sur les vignes, le maïs, les tomates etc. en Europe. 
Matcha bio du Japon
Et après sans doute la facilité l’a parfois emporté ainsi que le désir de rendements plus élevés…mais ces produits il faut les payer, donc gare au gaspillage, et leur application doit se faire avec une bonne sécurité, au moins une semaine avant une ronde de cueillette, pour permettre aux pluies, aux brumes et à la rosée de laver les feuilles après les avoir  libérées de leurs pucerons, mouches et autres chenilles.
Ce sont là les règles de base d’une bonne pratique agricole !
 Alors que le thé vient de loin il a finalement été inclus dans la réglementation européenne qui prévoit des teneurs maximales résiduelles (mrl) en produits phytosanitaires et avec des niveaux considérés comme très pénalisants par certains pays producteurs.
L’option de la théiculture bio a donc pris un nouvel essor, d’abord pour satisfaire les marchés importateurs en Europe et en Amérique du Nord mais aussi pour les consommateurs domestiques.
Aujourd’hui la Chine a la plus grande surface en thés bio, suivi par l’Inde et puis la Turquie.
thés bio en volume et surface en 2016

Dans les pays producteurs qui ont des surfaces disponibles il y a donc actuellement une forte tendance pour choisir des implantations dans des endroits « clean », en altitude et loin des zones urbaines. Un tel choix est limité dans les îles comme Taiwan, Japon, Sri Lanka, où il faut donc opter pour la conversion, qui se fait souvent dans le cadre de petites structures coopératives, qui sont motivées par le soutien fort de leurs acheteurs, dont les pionniers du bio, comme " les Jardins de Gaïa" en France ou Rishi Tea aux USA. Face à une demande croissante la plupart des producteurs cherchent à offrir quelques thés bio en se conformant aux exigences des divers organismes certificateurs, de l’Union Européenne, des USA et du Japon notamment. 

Ce que les consommateurs avisés ont intérêt à comprendre, c’est qu’il est vraiment important de connaître les fournisseurs et les jardins qui approvisionnent leurs importateurs préférés. C’est le lien direct et le contact suivi qui semble un bon garant de qualité, non seulement pour une culture bio mais aussi pour une rémunération équitable. Il faut aussi savoir, que des jardins de thé dans des régions très rurales peuvent être tout à fait bio, sans pour autant être certifiés formellement, leur qualité étant le résultat d’une totale transparence et traçabilité.
que du bio à Boseong en Corée du Sud

Parfois des alertes aux teneurs dépassant les limites en pesticides dans certains thés défrayent la chronique et troublent vivement les consommateurs : ne jamais oublier que ces teneurs sont fixées avec des calculs de précautions extrêmes, pour une consommation théorique de plusieurs litres de thé ingérés par jour ; par ailleurs une grande partie des pesticides n’est pas solubles dans l’eau, et ils restent donc dans la feuille, alors que les analyses du contrôle se font sur la feuille sèche. Cela fait des années que les importateurs de thé demandent que l’on contrôle la tasse infusée, sans obtenir gain de cause pour le moment.
C’est donc judicieux de faire son choix en  consommateur averti. 

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